Quand Sciences Po Paris rend hommage au Maroc

21 juin 2007 - 01h11 - France - Ecrit par : L.A

À l’initiative d’un groupe d’étudiants de 4e année, (pour un projet collectif du nom de « Mare Nostrum-Mare Vostrum »), de l’Association des Anciens de Sciences Po Paris présidée par M. Noddings et avec l’appui diligent de l’Ambassade du Maroc à Paris, la conférence débat sur le thème « Le Maroc, un pays en mouvement » a permis à une assistance nombreuse et attentive de suivre des exposés aussi brillants que francs de personnalités diverses et éminentes.

Compétence et enthousiasme

Plusieurs organes de la presse nationale étaient d’ailleurs présents à cette manifestation dont notre confrère Aujourd’hui Le Maroc, l’Agence Maghreb Arabe Presse et la chaîne de TV 2 M, aux côtés donc de La Nouvelle Tribune.

C’est à l’Ambassadeur Fathallah Sijilmassi qu’il revint d’ouvrir cette conférence par un exposé aussi exhaustif que convaincant qui a notamment porté sur l’ensemble des réformes et des avancées réalisées au cours des dernières années.

À l’aide de slides, de statistiques et d’arguments difficilement réfutables, l’Ambassadeur du Royaume à Paris a su capter l’attention d’une assistance composée à la fois d’étudiants et de personnes intéressées par ce « Maroc nouveau » incontestablement sur le devant de la scène médiatique en France. L’exposé de M. Sijilmassi, construit à partir des performances économiques et financières incontestables de ces dernières années, a donc constitué une « rampe de lancement » idéale pour M. Jean-René Fourtou, président du Conseil de Surveillance de Vivendi et co-président du Groupe d’Impulsion économique franco-marocain. Et c’est en témoin privilégié de ces avancées, mais également en acteur que M. Fourtou exposa ses arguments, désireux, selon ses propres mots « de faire partager son enthousiasme pour le Maroc » puisqu’il n’hésita pas à s’engager dans l’acquisition de la majorité du capital de l’opérateur historique « Maroc Telecom » alors que Vivendi connaissait à l’époque un très fort endettement à la suite des erreurs managériales de Jean-Marie Messier !

Tel Cassandre ?

Lui succédant, M. Hubert Védrine, auréolé de son ancienne casquette de ministre des Affaires étrangères et de tout récent « ex-ministrable » de M. Sarkozy, devait développer des arguments fort éloignés de l’économie, tout en précisant, dès le départ, qu’il faisait siennes les analyses et conclusions de MM. Sijilmassi et Fourtou.
Mais, en spécialiste des relations internationales, l’ancien ministre des AE devait marquer la nécessaire césure qu’il convient d’établir entre géostratégie et géo-économie, soulignant par-là même la spécificité et l’antériorité des relations franco-marocaines depuis toujours marquées au sceau de l’excellence. Cette relation, assurément fort originale dans la région, devrait, selon M. Védrine, engager les deux pays à conforter un esprit de paix et de collaboration dans l’espace commun méditerranéen, aujourd’hui lieu et enjeux de multiples défis.
Affirmant de façon un peu abrupte qu’un colloque de l’UNESCO sur le dialogue des culture n’avait jamais pu empêcher l’extrémisme et les tentations terroristes en Occident comme en Orient, l’ancien Secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand devait mettre en exergue la nécessité de placer la géostratégie au centre des préoccupations des dirigeants européens et méditerrannées afin d’écarter toute menace de « clash des civilisations ». Car pour M. Védrine, s’il est indéniable que les religions et les cultures ne véhiculent pas intrinsèquement la tentation de la violence, les minorités agissantes et extrémistes, présentes sur les deux rives du Mare Nostrum, pourraient bien, par leurs provocations et leurs actions terroristes susciter un affrontement inter civilisationnel.

La marque du professionnalisme

C’est quelque peu inquiets donc par des propos relativement pessimistes (qui viennent d’ailleurs d’un homme au contact plutôt froid) que les participants à la conférence débat abordèrent la troisième partie de la rencontre, animée par MM. Menouar Alem, Ambassadeur du Royaume auprès de l’Union européenne à Bruxelles et François Gouyette, ambassadeur en charge de l’Euromed au Quai d’Orsay.
Avec brio et exhaustivité, le diplomate marocain, à l’expérience affirmée dans le champ des relations maroco-communautaires, devait décliner les divers articulations de la coopération entre le Maroc et l’Union européenne, en soulignant les acquis, en prouvant leur exemplarité, sans pour autant taire les lacunes et les insuffisances d’un partenariat encore trop marqué par les préférences de l’UE pour l’ostpolitik. Pour l’Ambassadeur Alem, qui décortiqua avec minutie le processus de Barcelone et les divers mécanismes et instruments de la PEV, tout en relevant les acquis et saluant les efforts accomplis par l’Union européenne pour une approche plus équilibrée dans le partenariat avec les pays de la rive Sud de la Méditerranée d’une part et ceux de l’Europe de l’Est et du Centre, d’autre part, un long chemin reste à parcourir pour la construction d’une relation équitable et équilibrée. Un constat étayé par quelques statistiques imparables comme celle du montant de l’aide financière communautaire au Maroc entre 2001 et 2007, de 660 millions d’euros, quand la Roumanie et la Bulgarie se partageaient dans le même temps 44 milliards d’euros !

C’est avec conviction et pertinence donc que M. Alem plaida pour la construction d’un nouveau lien institutionnel entre le Royaume et l’UE, pour un statut qualitativement amélioré, comme réclamé d’ailleurs par SM le Roi lors d’une visite officielle en France en 2000. Il était difficile, après une telle analyse, à l’Ambassadeur Gouyette de contester les véracités énoncées par son homologue marocain. Mais, en ami du Maghreb, en diplomate convaincu par la dimension euroméditerranéenne de la France, il axa son intervention sur la relation forte et pérenne qui existe entre le Maroc et la France, considérant ce partenariat exemplaire comme l’un des axes majeurs de la future concrétisation de l’idée émise par le Président Sarkozy au soir de son élection, celle d’une union euroméditerranéenne.

Cette conférence, ainsi, conjointement et magistralement « montée par de « jeunes pousses » et des vétérans de Sciences Po Paris, a permis de démontrer que le Maroc, incontestablement « à la mode aujourd’hui en France », (pour reprendre la formule de l’ambassadeur Sijilmassi), était en mutation.

Vivant des réformes solides et positives, engrangeant des avancées incontestables, le Royaume est ainsi apprécié à sa juste valeur par des partenaires de choix, qu’ils soient représentants du secteur productif privé français ou hauts fonctionnaires de l’appareil diplomatique.

La Nouvelle Tribune - Fahd Yata

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