Siham Assif, la nouvelle étoile du cinéma marocain

2 avril 2004 - 14h27 - Culture - Ecrit par :

Son nom veut dire « rivière » en berbère. Et c’est justement dans cette même langue qu’elle s’est exprimée dans « Les yeux secs », film de Narjis Nejjar, sorti la semaine dernière sur les écrans du Royaume. Elle, c’est Siham Assif.

Incarnant une prostituée, qui mène tout un village habité uniquement de femmes exerçant également le plus vieux métier du monde, elle a particulièrement séduit par son jeu. Tout habillée en noir, la jeune actrice a donné à un personnage, qui baigne dans les souvenirs d’une mère prisonnière, elle même ancienne courtisane de sa tribu, et qui se voulait pourtant dénuée de toute sensibilité humaine, un charme que l’on sent dès le tout début du film. La dame aux yeux et au cœur secs a finalement pleuré vers la fin du film, donnant libre cours à ses émotions, étrennant goulûment un amour qu’elle a d’abord catégoriquement refusé.
Pour cette jeune actrice de 28 ans, la quête d’un grand rôle a continué depuis plusieurs années déjà. Depuis sa plus tendre enfance, elle ne voulait être qu’actrice. Mais c’est pourtant dans un autre domaine que ses débuts se sont effectués, plus précisément, sur un podium de concours de beauté. Siham avait alors 18 ans et a remporté le prix de Miss Tanger, sa ville natale. C’était le déclic. Cette petite consécration lui a révélé sa vraie nature, celle d’une jeune fille très à l’aise devant les flashes des appareils-photo. Depuis, se mettre devant une caméra, « flirter » avec l’objectif est devenu une obsession. Ce talent-là, c’est Abdelkrim Derkaoui qui a été le premier à le découvrir.
Le metteur en scène, se trouvant à Agadir, ville où Siham Assif a élu domicile pour plusieurs mois et où elle travaillait en tant que chanteuse, une autre facette de son talent artistique, n’a pas été indifférent à son regard et l’a tout de suite engagé pour jouer le rôle principal de son film : « La rue Le Caire ». Un film dont la sortie a pourtant été longtemps retardée. Pourtant, cet accouchement par césarienne a abouti à un beau succès. Pour la jeune actrice qui signait là son premier rendez-vous avec les cinéphiles marocains, la consécration a été au rendez-vous. A l’occasion du Festival national du film marocain à Casablanca, elle a décroché une mention spéciale pour son rôle. Première expérience, premier rôle principal et première consécration. Une grande chance que même les plus grands acteurs de par le monde n’ont pas rencontrée en plusieurs années. En 1999, la chance était toujours avec elle.
La jeune Siham est cette fois-ci choisie pour tourner un film avec une grosse pointure du cinéma marocain, Bachir Skiredj en l’occurrence. Le résultat s’est intitulé « Les amours de Haj Mokhtar Soldi », film tourné sous la direction de Mustapha Derkaoui. Le succès, cette fois-ci, était mitigé. Si l’accueil réservé par le public a été plus que chaleureux, la critique a quant à elle déclamé la légèreté du scénario. Une année après, elle reprend le chemin des plateaux de tournage pour « Et après » de Mohamed Ismaïl. Aux côtés de Victoria Avril et Rachid El Ouali, elle rencontre un succès à l’international à présent. Le film, qui a en outre été une belle réussite au Maroc, a remporté le prix spécial du public au festival international de Montréal.
Cette étoile, qui n’a pas quitté la jeune actrice depuis ses débuts, était toujours là, en 2003 année qui a connu l’apogée de sa carrière d’actrice avec un passage très distingué à Cannes. C’est effectivement dans le cadre du très prestigieux festival à la Palme d’Or que « Les yeux secs » ont attiré l’attention de la planète cinéma alors qu’il figurait sur le programme de la quinzaine des réalisateurs. Auparavant, l’actrice a joué dans le dernier film de Noureddine Lakhmari, « Le retour » que le tournage a longtemps été retardé mais qui a finalement commencé en décembre 2002. En éternelle insatisfaite, l’actrice compte également d’autres expériences dans le cinéma étranger, signées Roger Young, Benoît Grafin et Hatim Ali.
Siham est issue d’une famille où l’art est au quotidien. Parents mais surtout frères ont baigné dans une atmosphère à 100 % musique, théâtre et cinéma. Avec ses deux frères, Siham Assif a chanté pour les enfants des rues et une seconde chanson écrite par leur mère. Férue de danse et d’expression corporelle, la jeune actrice n’hésite pas à montrer son corps, à le mettre à profit dans chacun des films où elle a joué. Elle est déterminée à tout faire en œuvre pour réussir une belle carrière d’actrice. Chose qui s’est réalisée surtout après le succès qu’a connu « Les yeux secs ».
Et pourquoi pas, une aussi belle carrière de réalisatrice, un rêve qui la caresse depuis plusieurs années déjà mais qu’elle préfère mettre au placard pour le moment. C’est qu’elle a d’autres priorités à présent. Celui de s’épanouir pleinement en tant qu’actrice par exemple.

Par : Fadoua GHANNAM pour Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Cinéma - Siham Assif

Ces articles devraient vous intéresser :

Buzz, fric et clashs : La (mauvaise) recette des artistes marocains

De plus en plus d’artistes marocains se tournent vers les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, pour interagir avec leur public et générer des revenus. Cette tendance suscite toutefois des critiques, certains pointant du doigt le recours à...

Les premières images de Gladiator 2, en partie tourné au Maroc

Paramount a dévoilé hier soir les premières images de « Gladiator 2 » lors du salon CinemaCon de Las Vegas. Des images, en partie tournées au Maroc, promettent un spectacle encore plus grandiose et sanglant que le premier opus, sorti en 2000.

Tarek Boudali : l’accident sur un tournage qui aurait pu lui coûter la vie

L’acteur franco-marocain Tarek Boudali se confie sur le tournage de son nouveau film intitulé 3 Jours max, au cours duquel il s’est gravement blessé.

Hollywood pose ses caméras au Maroc pour "Lords of War"

Le tournage de la suite du film « Lord of War » sorti dans les salles de cinéma en 2005, devrait bientôt démarrer au Maroc, avec le retour d’Andrew Niccol à la réalisation et au scénario.

Jamel Debbouze très fier de sa maman

L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze a fait une déclaration d’amour à sa maman, qui fait une apparition à ses côtés dans son nouveau film « Le Nouveau Jouet ».

Décès de l’acteur et réalisateur marocain Mohamed Atifi

Le monde du cinéma marocain est en deuil. L’acteur et réalisateur Mohamed Atifi est décédé jeudi soir des suites d’une longue maladie.

Le film « Zanka Contact » contraint de supprimer une chanson d’une pro-Polisario

Suite à l’interdiction de diffusion « au niveau national et international » du film Zanka Contact, les producteurs se sont pliés aux exigences de l’organe régulateur, annonçant la suppression de la musique à polémique.

Maroc : des prix bas pour aller au cinéma

Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc, Mohamed Mehdi Bensaid, a annoncé un ambitieux projet visant à ouvrir 150 nouvelles salles de cinéma à travers le pays. Il est également prévu de faire un gros effort sur les...

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Ali Zaoua ressort au cinéma, les recettes reversées aux acteurs du film

Le réalisateur marocain Nabil Ayouch est de retour dans les salles de cinéma avec une version plus actuelle de son film Ali Zaoua, sorti il y a 20 ans. Les recettes de ces projections qui démarrent le 26 octobre serviront à des causes sociales.