On ne refuse pas l’argent des clandos

15 mars 2006 - 10h07 - Economie - Ecrit par : Bladi.net

Les transferts des MRE se portent bien. Heureusement pour l’équilibre des comptes extérieurs du Maroc ! En effet, si le solde de la balance commerciale est dans le rouge depuis plus de 5 ans, la bonne tenue des envois de fonds des travailleurs émigrés contribue à sauver les meubles.

En 2005, ces flux ont porté sur 40,5 milliards de DH (+8,2%) tandis que le déficit commercial dépassait les 85 milliards (+22,3%). C’est dire l’enjeu stratégique de la manne. D’ailleurs, le phénomène n’est pas propre au Maroc. Il concerne tous les pays partenaires méditerranéens (PPM).
Pour autant, l’emploi de ces capitaux dans les pays d’origine est-il optimal ? Et ces entrées de devises contribuent-elles au financement du développement ?
La dernière étude réalisée par la banque européenne d’investissement (BEI) et financée par le fonds fiduciaire Femip analyse les potentialités de cette ressource. A noter que plus de 7 milliards d’euros sont officiellement transférés chaque année vers 8 des 10 PPM.
L’étude diffusée aujourd’hui met la lumière sur les causes du coût élevé des transactions : opacité des tarifs, faible accès aux services bancaires... « Pour améliorer l’efficience des transferts de fonds, il est nécessaire d’éliminer ces obstacles et de mettre en place des mécanismes pour maximiser l’impact des transferts », recommandent les experts de la banque.

Pour réduire le coût des transactions en faveur des utilisateurs, il n’y a rien de mieux que de promouvoir la concurrence entre les opérateurs du transfert. Ce qui est du ressort des pouvoirs publics. D’ailleurs, la BEI a bien l’intention de traiter cette question avec l’UE et les PPM, à travers le comité des experts Femip.

L’interconnexion des systèmes de paiement des PPM et des pays de l’UE contribuerait à réduire des frais de transaction et l’amélioration des prestations requiert une.
« Grâce aux ressources disponibles au titre de l’assistance technique Femip, la BEI peut contribuer au renforcement de la capacité des systèmes de paiement et à leur rapprochement ». Pour créer l’émulation et améliorer la transparence, la banque préconise la création d’un site internet spécialisé dans les produits de transferts de fonds et accessible aux 2 rives de la Méditerranée.
Par ailleurs, les populations concernées ne sont pas suffisamment bancarisées, que ce soit dans les pays d’accueil ou d’origine. De plus, ce segment de clientèle ne bénéficie pas de produits adaptés. Parmi les mesures préconisées par la BEI, la facilitation aux immigrés de l’accès aux comptes bancaires. Ainsi, les cartes d’identité délivrées par les ambassades des pays d’origine pourraient être reconnues. C’est le cas des émigrés mexicains des Etats-Unis et des Turcs en Allemagne.

Les banques de l’UE devraient de leur côté concevoir des services spécifiques comme des comptes adaptés aux envois de fonds, des produits hypothécaires, des fonds d’investissement dédiés. Le recours aux nouvelles technologies permet d’effectuer des transferts via le téléphone ou internet. Enfin, des accords de transfert sont à conclure entre les banques de l’UE et des PPM ainsi que des liens aux réseaux postaux. Ces derniers occupent souvent une position dominante sur le marché des PPM.
Reste à maximiser l’impact des transferts de fonds pour financer le développement. La banque européenne propose tout un arsenal de mesures en faveur des banques des PPM.
Tout d’abord, les institutions qui captent des volumes importants de ces transferts peuvent être aidées à se refinancer au moindre coût sur les marchés des capitaux internationaux. C’est possible grâce à des émissions obligataires garanties par les fonds transférés. « La BEI pourrait aider les banques des PPM à structurer des titres garantis par des transferts ou les aider à exploiter ce marché en leur accordant des garanties contre les risques associés aux transferts de fonds ». Des pistes à étudier avec les banques de la région méditerranéenne.
Ensuite, les banques des PPM pourraient mettre en commun des ressources issues des transferts et leur expertise pour financer des projets de moyenne et petite tailles dans les pays d’origine, comme les infrastructures locales ou la microfinance.... « Des associations bancaires de ce type travaillent avec des ONG locales dans des pays comme l’Inde, le Salvador ou le Mexique. Elles permettent de valoriser l’épargne locale issue des envois de fonds ».

Quel rôle pour la diaspora ?

La diaspora présente dans les pays d’accueil et d’origine peut aider à regrouper les fonds en coopérant avec les banques et les organismes multilatéraux. Objectifs : financer des projets et élaborer des services financiers adaptés aux transferts de fonds.
Cette coopération suppose un programme d’information des communautés. Avec le soutien de l’UE, il est possible de promouvoir le transfert de connaissances et de savoir-faire des émigrés et de soutenir leurs organisations pour stimuler les initiatives d’échanges commerciaux avec les pays d’origine. Il faudra également étudier la possibilité de lever les restrictions aux mouvements de capitaux pour ne pas nuire aux transferts des fonds des travailleurs émigrés.

Mouna Kably - L’Economiste

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