La représentation espagnole d’Amnesty international a dénoncé les expulsions forcées orchestrées par les autorités espagnoles d’enfants et de demandeurs d’asile à Ceuta, jugeant intolérables les abus, les maltraitances et les violences perpétrées par les forces de sécurité et l’armée espagnoles, « qui vont jusqu’à jeter des personnes à la mer, enfants y compris ».
À l’encontre de Rabat, l’organisation humanitaire fait observer que le Maroc est en train de jouer avec la vie des gens en utilisant des personnes dont ses propres citoyens pour régler une cause politique. Se fondant sur une vidéo qu’elle affirme avoir vérifiée sur le terrain, Virginia Álvarez, chercheuse à Amnesty International Espagne, affirme que des fonctionnaires marocains ont participé activement à faire passer la frontière à des personnes migrantes ou demandeuses d’asile. Pire, affirme-t-elle, le ministère marocain des droits de l’Homme a publié un message sur Facebook annonçant l’ouverture des frontières vers Ceuta. Cet acte, précise la chercheuse, est intervenu en représailles à l’hospitalisation en Espagne, le 18 avril, du chef du front Polisario, Brahim Ghali, atteint du Covid-19.
En termes de responsabilité, Amnesty International à travers sa représentation espagnole interpelle l’Union européenne qu’elle accuse de fermer les yeux sur le drame qui se joue à Ceuta. En effet, explique Virginia Álvarez, les dirigeants européens qui avaient rapidement réagi en apportant leur soutien à l’Espagne et en rappelant que les frontières espagnoles font partie des frontières de l’Union européenne, sont en droit de considérer aussi les violations de droits de l’homme commises par l’Espagne dans cette zone de l’Europe.
Sur l’expulsion des migrants à Ceuta, l’ONG internationale fustige les procédures d’expulsion illégales qui ont cours. À en croire, la chercheuse Álvarez, des expulsions forcées ont eu lieu sans aucune garantie nécessaire et plusieurs personnes vulnérables n’ont pas pu être identifiées et n’ont pas pu recevoir une aide juridique ni demander l’asile. « Cette procédure d’expulsion représente une négation de leur droit à un examen équitable et individualisé de leur demande d’asile », peste la chercheuse d’Amnesty International Espagne. Car, relève-t-elle, « toute arrivée, aussi massive soit-elle, ne peut en aucun cas, justifier des expulsions collectives illégales », soulignant que parmi les 5 000 personnes expulsées de façon sommaire, pourraient figurer des personnes admissibles à l’asile ou ayant besoin d’une protection.
L’ONG rappelle que par le passé, il a été constaté des opérations illégales, dont des arrestations et le déplacement vers le sud du Maroc de personnes migrantes ou demandeuses d’asile se trouvant dans des campements et des maisons près de la frontière espagnole.