Le tournage de la suite du film « Lord of War » sorti dans les salles de cinéma en 2005, devrait bientôt démarrer au Maroc, avec le retour d’Andrew Niccol à la réalisation et au scénario.
C’est une réalité à la fois triste et obtuse : l’espace cinématographique est en pleine régression. Pour 36 millions d’habitants, nous disposons de moins de 80 salles obscures. Soit une pour 456.000 personnes.
Pis, la situation ne semble point appelée à s’améliorer dans un futur prévisible. A preuve, de 250 cinémas au début des années 80, le nombre de salles obscures est passé à 79 en février dernier. 171 salles sombres ont donc mis la clé sous le paillasson en 27 ans, soit une moyenne de près de six disparitions par an. Conséquence : les cinéphiles deviennent une espèce en voie d’extinction. Ils n’étaient plus que 3.854.942 en 2006 pour une recette guichet s’élevant à 69.153.821 DH.
Une année auparavant, le CCM les avait chiffrés à 4,63 millions. Près d’un million de spectateurs s’est ainsi évaporé en près d’une douzaine de mois. Cela signifie-t-il que les Marocains sont devenus moins amateurs de bonnes pellicules ? En tout état de cause, notre pays qui a une longue tradition cinématographique, semble délaisser l’un des temples incontournables de celle-ci, à savoir les salles de projection. A titre de rappel, il faut se remémorer le fait qu’en 1897, Louis Lumière avait recommandé le tournage d’un premier film au Maroc : "Le chevalier marocain". Le Royaume a ainsi vu son nom figurer en bonne place dans l’histoire de la naissance du septième art. Sur un autre plan, et à titre anecdotique, rappelons qu’Orson Welles avait présenté, le 10 mars 1950, son film « Othello » au Festival de Cannes au nom du Maroc.
Cette reconnaissance envers un pays qu’il a aimé fut récompensée par la Palme d’or du Festival. De 1911 à nos jours, plusieurs films ont été, entièrement ou partiellement, tournés dans le Royaume. En parallèle, le nombre de salles sombres a crû dans des proportions fort notables passant d’environ 80 en 1945 à quelque 150 en 1956 et à 250 au début des années 80.
Il est donc temps de regarder la réalité en face : plus on produit de films au Maroc, moins on a de salles pour les projeter. D’où cette lancinante interrogation qui taraude nombre d’opérateurs et de critiques cinématographiques : « A quoi bon produire annuellement des dizaines de films si les Marocains n’ont point de salles où aller les voir ? ».
Libération - A.S.
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