Pas de coupure de courant cet été

3 juillet 2007 - 00h02 - Maroc - Ecrit par : L.A

La consommation d’électricité explose en été, une pointe de 4 000 MW prévue en juillet En plus des moyens habituels, l’office table sur l’interconnexion avec l’Espagne.

Délestage, pas délestage..., les rumeurs les plus folles, ou les plus fantaisistes, n’ont cessé de courir ces derniers temps sur la capacité du système électrique marocain à faire face à une demande sans cesse en augmentation (8% en moyenne annuelle depuis 2003). Au centre de dispatching de Roches Noires, le point nodal du système électrique, Hassan Abaach, directeur opérateur système, est serein. Le sourire en coin, il balaye d’un revers de main ces supputations, assurant que si l’on met de côté les situations exceptionnelles et imprévisibles (incident technique majeur, séisme, etc.) dont nul n’est à l’abri, ici comme partout dans le monde, le risque structurel n’existe pas au Maroc en matière d’électricité. Y compris pour satisfaire « la pointe » de l’été ? « Oui. Nous prévoyons une charge de pointe approchant les 4 000 MW au mois de juillet 2007, aux alentours de 21 heures, et je peux vous dire que les moyens existent pour la satisfaire convenablement », précise M. Abaach.

Quels sont donc ces moyens ? Il y a d’abord, pour commencer, tous les moyens de base (thermique, hydraulique et éolien) qui permettent de satisfaire la demande « normale », c’est-à-dire la consommation de tous les jours, hors période de tension ou de pointe. Il y a ensuite les moyens de secours, c’est-à-dire l’utilisation des turbines à gaz (500 MW) lorsqu’il faut faire face à des aléas imprévisibles ou à un surcroît de demande, comme c’est souvent le cas en certaines périodes d’été et d’hiver. Précisons ici que la disponibilité de ces moyens a été améliorée par l’adoption, depuis juillet 2006, d’un programme de maintenance pour fiabiliser le parc existant (qui était vieillissant) et d’optimisation de la gestion des retenues hydrauliques.

Il y a enfin le recours à l’interconnexion pour acheter chez les voisins, principalement chez les Espagnols.

Les moyens de secours existent, mais coûtent cher

En fait, explique Hassan Abaach, lorsqu’on importe de l’électricité, souvent, c’est pour des raisons économiques. En d’autres termes, l’ONE, pour obtenir un prix du kWh moins cher, préfère parfois intervenir sur le marché espagnol (souvent le marché spot) plutôt que de faire fonctionner certaines de ses installations. En particulier les turbines à gaz, qui ne sont mises en route qu’à la toute dernière minute, en cas de besoin, car leur production coûte extrêmement cher. D’ailleurs, la sollicitation de ces turbines, ces derniers temps, plus souvent que d’habitude, pèse lourdement sur les finances de l’ONE.

La question est de savoir cependant si cet été l’offre d’électricité de l’Espagne permettra de satisfaire à la fois ses propres besoins, en hausse pendant cette période, et une partie, éventuellement, des besoins du Maroc. Affirmatif, répondent les responsables de l’ONE, car l’Espagne a non seulement investi pour renforcer ses parcs de production, mais en plus, elle bénéficie cette année d’un bon niveau de remplissage de ses barrages. C’est pour cette raison d’ailleurs que les Espagnols ont assuré à leurs collègues marocains qu’il n’y aura pas, cet été, de limitation de la capacité de l’interconnexion.

A tout cela, il faut ajouter une autre possibilité, qui entre, elle, dans le cadre de la rationalisation de la consommation. Il s’agit cette fois des grands comptes (comme les cimenteries par exemple) que l’ONE a approchés pour leur demander de faire coïncider les arrêts de leurs machines pour maintenance avec les périodes de forte consommation (été et hiver). Certaines entreprises ont déjà, semble-t-il, adhéré à l’idée.

Ceci pose le problème de l’attractivité de l’actuel système de la triple tarification (heures pleines, heures de pointe et heures creuses) : pourquoi les entreprises rechignent-elles à faire tourner leurs machines pendant les heures creuses où le kWh coûte moins cher ? « Pour encourager les industriels à s’effacer pendant les heures de pointe ou même une partie des heures pleines, il faudrait une tarification vraiment incitative, car le changement des horaires de production demande des investissements qui doivent être compensés justement par la tarification », confie un industriel. Il semble que l’ONE y réfléchit. Bien plus, l’opérateur historique voudrait même impliquer les ménages dans sa stratégie de rationalisation de la consommation, non plus seulement par l’utilisation des lampes basse consommation (LBC), mais aussi par la mise en place d’une tarification bi-horaire. Comme en France, par exemple, où les ménages ne mettent en marche leur appareil de ventilation ou de chauffage, selon les saisons, qu’au-delà des heures de pointe ; sauf à accepter de payer un prix fort pour sa consommation durant les heures de pointe.

La vie éco - Salah Agueniou

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Energie - Office National de l’Electricité

Ces articles devraient vous intéresser :

Total annonce un projet à 10,69 milliards de dollars au Maroc

Le PDG de Total Energies, Patrick Pouyanné, a fait part lors de l’Assemblée générale mixte des actionnaires du jeudi 26 mai 2023, d’un projet ambitieux d’énergie renouvelable au Maroc.

Maroc : du changement dans le paiement des factures d’eau et d’électricité

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch poursuit le chantier de modernisation des services publics. Le paiement des frais d’eau et d’électricité aura des nouveautés à partir du 1ᵉʳ janvier 2024.

Maroc : l’hydrogène vert pour atteindre l’autosuffisance alimentaire

La production de l’hydrogène vert dans la région de Dakhla et son utilisation pour le dessalement de l’eau de mer, permettront au Maroc d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs marocains.

Transition énergétique : le Maroc sur la bonne voie

Dans un contexte difficile marqué par la crise énergétique et la flambée des prix, le Maroc est passé à la vitesse supérieure sur son chantier de la transition énergétique. Grâce à sa politique axée sur l’investissement privé dans le secteur, le...

Un important gisement de cuivre découvert au Maroc

Un important gisement de cuivre vient d’être découvert par la société minière marocaine Red Rock Mining, spécialisée dans la recherche et l’exploitation de gisements de cuivre et soutenue par des investissements étrangers.

Le Maroc, « future centrale » énergétique de l’Europe ?

À l’heure où la résilience face aux défis climatiques doit se renforcer, le Maroc nourrit des ambitions pour les énergies renouvelables, lesquelles font de lui un partenaire de choix de l’Europe. Il ambitionne notamment de produire 52 % de son énergie...

Centrale de Ouarzazate : les dégâts déjà réparés suite au séisme

Le ministère marocain de l’Énergie a assuré que les infrastructures énergétiques n’ont subi aucun dommage lors du séisme d’Al Haouz, à l’exception de la centrale solaire de Ouarzazate où des dégâts « mineurs » ont été constatés et déjà réparés.

Une importante découverte de gaz au Maroc

SDX Energy a annoncé la découverte d’un important gisement de gaz dans le bassin du Gharb, dont l’exploitation contribuera au développement économique de la région.

SDX Energy fait une nouvelle découverte de gaz au Maroc

SDX Energy, l’explorateur gazier britannique qui exploite des gisements de gaz naturel dans le bassin du Gharb au Maroc, annonce avoir fait deux découvertes provenant des puits SAK-1 et KSR-20, récemment achevés. Ces découvertes ouvrent la voie à...

La capacité de réponse d’urgence nucléaire du Maroc « est solide »

En fin de mission d’examen de la préparation aux situations d’urgence (EPREV) au Maroc, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a livré ses conclusions.