Immigration : abandonner l’obsession

6 décembre 2002 - 14h04 - Maroc - Ecrit par :

Le Maroc a appelé mercredi devant l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), à abandonner les politiques migratoires dominées par "l’obsession sécuritaire", pour privilégier "une vision volontariste s’appuyant sur une stratégie de co-développement".

Intervenant devant la 84-ème session du Conseil de l’OIM qui se tient actuellement à Genève, l’ambassadeur du Maroc auprès des Nations-Unies dans cette ville, M. Omar Hilale, s’est félicité de ce que "la promotion et la protection des droits des travailleurs migrants suscitent désormais au sein de toutes les composantes de la communauté internationale un intérêt à la mesure des enjeux économique, politique, social et culturel de la problématique de la migration".

La 1-ère Conférence Ministérielle sur la migration en Méditerranée Occidentale, tenue à Tunis en octobre 2002, a rappelé le diplomate marocain, "procède de ce partenariat de dialogue politique et de coopération économique que le Maroc a toujours appelé de ses voeux. Le débat fructueux l’ayant caractérisé a montré une plus grande prise de conscience quant à la nécessité de transformer la migration dans sa globalité en un vecteur de rapprochement, de développement et de prospérité".

Et l’ambassadeur de se réjouir de ce que le Maroc s’apprête à organiser, en juillet 2003, la 2-ème édition de cette Conférence, "afin d’approfondir la réflexion sur les questions migratoires, consolider les acquis et identifier les défis et les stratégies conjointes par le biais de mécanismes de coopération appropriés".

Cette rencontre aura en outre, a-t-il ajouté, "le mérite d’institutionnaliser le dialogue entre les pays du pourtour méditerranéen occidental sur les diverses questions migratoires communes et leur offrira l’opportunité d’exposer leurs priorités migratoires régionales et d’envisager des approches diversifiées aux problèmes liés à la question de la migration dans cette région".

Il s’est, par ailleurs, félicité de la récente décision de l’Union européenne d’octroyer 1,3 million de dollars pour la mise en oeuvre, dans le cadre des mécanismes de l’OIM, du projet pilote relatif à l’intégration et au développement socio-économique dans la région de Tétouan".

Le Royaume du Maroc, a souligné l’ambassadeur, qui a une communauté de plus de deux millions et demi résidant à l’étranger, accorde une importance particulière à la mise en oeuvre d’initiatives concrètes au profit des communautés installées à l’étranger.

A cet égard, l’amélioration de leurs conditions de vie, l’obtention de la parité quant au traitement, leur libre circulation, leur regroupement familial, la préservation de leur identité culturelle sur la base des principes de non discrimination et le respect de leur droits de l’Homme, sont autant des priorités sur lesquelles veille attentivement le Maroc.

La création d’un département ministériel en charge de la gestion des affaires de la Communauté marocaine résidant à l’étranger au sein du nouveau gouvernement marocain témoigne, si besoin est, de la volonté constante des autorités marocaines d’oeuvrer pour surmonter les défis migratoires les plus difficiles qui se posent tant sur le plan bilatéral que multilatéral.

Abordant la problématique de l’immigration clandestine, M. Hilale a relevé comment ce phénomène a pris, ces derniers temps, "des proportions alarmantes, par l’entremise de réseaux de trafic illicite, facilitant l’immigration clandestine de personnes provenant de régions pauvres en quête de meilleures conditions économiques".

"Ce problème qui transcende les frontières, appelle une mobilisation internationale et la conjugaison des efforts de tous les pays dans le cadre d’un partenariat équilibré solidaire et inventif. Pays à la croisée des continents et de transit vers l’Europe, le Royaume du Maroc éprouve des difficultés énormes à contenir le phénomène de l’immigration clandestine de personnes cherchant à améliorer leurs conditions de vie", a-t-il affirmé.

"C’est pourquoi une réflexion plus profonde, courageuse et féconde, est plus que jamais impérative entre les pays d’origine, de transit et de destination, afin d’explorer les réponses appropriées à ce problème désormais global", a-t-il dit.

L’ambassadeur marocain a enfin lancé un appel en faveur de la ratification de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, en vue de "permettre son entrée en vigueur dans les meilleurs délais". "Ce nouvel instrument qui appréhende dans leur globalité les évolutions les plus récentes des tendances migratoires, tant les pays d’origine que ceux d’accueil, aura le mérite de mettre en oeuvre les mécanismes idoines pour le renforcement et la défense des droits des migrants", a conclu le diplomate marocain.

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