L’année 2008 s’achève sur une forte inflation de +3,9%

28 janvier 2009 - 17h30 - Economie - Ecrit par : L.A

On savait que 2008 allait être une année de hausse considérable des prix de nombreux produits de base. Les chiffres officiels du Haut commissariat au plan (HCP), arrêtés à fin décembre, viennent de le confirmer : sur l’ensemble de l’exercice, l’indice du coût de la vie (ICV) aura, en effet, progressé de 3,9%.

C’est beaucoup, même si les consommateurs, raisonnant à l’aune de leurs propres dépenses, peuvent estimer le chiffre en dessous de ce qu’ils croient être la réalité ou qu’ils perçoivent comme telle. Ils n’auront pas d’ailleurs tout à fait tort, car ce chiffre n’est qu’une moyenne, qui plus est intégrant les produits à prix volatils et les tarifs publics (l’inflation sous-jacente). En ne tenant compte que de l’inflation sous-jacente, la hausse est en effet plus importante puisqu’elle atteint les 4,5%. Et c’est cet indicateur qui reflète le mieux ce qui est fondamental dans les mouvements de prix, en laissant de côté les fluctuations temporaires qui n’ont pas d’impact à long terme sur le niveau des prix.

Autre motif pour relativiser le niveau de l’ICV, celui-ci s’applique à un panier de la ménagère très largement dépassé, donc ne reflétant pas complètement l’évolution des habitudes de consommation des Marocains. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le HCP a mis au point un nouvel indice, non plus du coût de la vie, mais des prix à la consommation. Cet indice concernera de nouveaux produits et affectera de nouvelles pondérations à chaque produit et groupe de produits. Sa publication devrait intervenir incessamment.

La croissance hors agricole pourrait pâtir de la crise internationale au premier trimestre 2009

Comme chacun a pu le constater, et surtout le ressentir, l’essentiel de l’inflation vient des produits alimentaires. L’indice de ces derniers a, en effet, progressé de 6,8% entre 2007 et 2008, alors que celui des produits non alimentaires n’a augmenté « que » de 1,4%. La situation aurait, toutefois, pu être beaucoup plus préoccupante n’eût été l’intervention des pouvoirs publics, à travers la Caisse de compensation, pour soutenir les prix des produits dont les cours sur le marché mondial avaient atteint au premier semestre 2008 un niveau jamais égalé : pétrole, gaz, blé et sucre, notamment. Sur les onze mois de 2008, ce sont quelque 30 milliards de dirhams qui ont été alloués au soutien des prix.

C’est d’ailleurs grâce à ce soutien massif des principaux produits de base, mais aussi à l’amélioration partielle des salaires, intervenue en juillet dernier dans le cadre du dialogue social, et à l’évolution favorable du marché de l’emploi sur les neuf premiers mois de 2008 (145.000 postes créés contre 112.000 un an auparavant), que la consommation des ménages a connu une hausse considérable : + 7,8% contre 3,8% en 2007. Et ceci, en dépit de la régression des transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE), consécutivement au choc financier et économique qui a affecté leurs pays d’accueil. Il faut rappeler, malgré tout, que, depuis juillet dernier, une nette décélération des prix à l’international est intervenue qui a quelque peu apaisé les tensions inflationnistes qui commençaient à se faire jour.

Comme nous l’avions indiqué ici même, c’est donc cette consommation des ménages qui a tiré la croissance économique à la hausse en 2008 (5,8% selon les estimations du HCP).

Cette tendance devrait se poursuivre au moins sur le premier trimestre de 2009, bénéficiant de l’allègement de la fiscalité sur les salaires (baisse de l’IR) et l’amélioration des revenus agricoles, en liaison avec les perspectives d’une campagne céréalière au-dessus de la moyenne des cinq dernières années (environ 70 millions de quintaux). C’est d’ailleurs la hausse de l’activité du secteur primaire qui devrait soutenir la croissance économique globale sur la moitié de 2009 sinon sur l’ensemble de l’année, sachant que l’activité non agricole commence à montrer des signes d’essoufflement évidents.

D’ores et déjà, le HCP prévoit, en effet, un tassement de la croissance non agricole au premier trimestre de 2009 (3,9%), en comparaison avec le même trimestre de 2008 (6,2%). Ceci aura-t-il des répercussions sur l’emploi et donc la consommation ? Oui, selon les prévisions du HCP qui met en avant les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale et, par ricochet, sur la demande étrangère adressée au Maroc.

Source : La vie éco - S. A.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Croissance économique - Haut Commissariat au Plan (HCP) - Consommation - Caisse de compensation - Inflation

Ces articles devraient vous intéresser :

Zara, Bershka : pourquoi les prix au Maroc sont plus chers qu’en Europe ?

Les prix pratiqués par les grandes enseignes au Maroc font encore polémique. Il n’est pas rare de trouver des vêtements avec des prix supérieurs de 50 ou 70 % dans les grands magasins au Maroc, par rapport à certains pays européens.

Maroc : croissance économique malgré l’inflation persistante

Le taux d’inflation au Maroc va poursuivre sa tendance à la baisse, mais ne retrouvera pas son niveau d’avant 2022, a indiqué le Haut-commissariat au plan (HCP) dans un récent rapport, notant une croissance de +3,3 % au quatrième trimestre de 2023,...

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Les prix de la viande au Maroc résisteront-ils à la sécheresse ?

Les prix de la viande connaîtra-t-il une augmentation au Maroc à cause de la sécheresse qui touche le Maroc depuis quelques années ? Voici la réponse d’un expert du secteur.

Maroc : une croissance économique revue à la hausse

Le Produit Intérieur Brut (PIB) du Maroc devrait enregistrer une croissance de 3,6 % en 2024, en tenant compte d’une évolution de 4,1 % des impôts et taxes sur les produits nets de subventions.

Maroc : la croissance économique s’accélère

Le Maroc a enregistré une croissance économique de 4,1 % au quatrième trimestre 2023, contre 0,7 % au cours de la même période de 2022, révèle le Haut-commissariat au plan (HCP).

Vieillissement démographique au Maroc : les chiffres inquiétants du HCP

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a publié l’édition 2023 des indicateurs sociaux du Maroc. Il en ressort que le vieillissement de la population est une réalité indéniable.

Location au Maroc : une hausse générale des prix

Une montée générale des prix des loyers a été observée au Maroc, que ce soit pour les appartements ou les villas et ce dans la plupart des villes. Voyons ça en détail.

Ces plantes qui empoisonnent les Marocains

L’intoxication par les plantes et les produits de pharmacopée traditionnelle prend des proportions alarmantes au Maroc. Le Centre antipoison du Maroc (CAPM) alerte sur ce problème de santé publique méconnu du grand public.