Les enfants du Maghreb, premières victimes des mouvements de migration

24 octobre 2002 - 14h40 - Maroc - Ecrit par :

Les enfants du Maghreb sont les premiers à subir les effets néfastes de la migration, tant dans leur pays d’origine que dans le pays d’accueil, ont souligné des chercheurs à Marrakech lors d’une conférence internationale sur les droits de l’enfant en Méditerrannée.

"Les mouvements migratoires s’amplifient entre les pays de l’Europe méditerranéenne et les pays du Maghreb avec des conséquences pour l’enfant qui subit les effets de la migration, de son déracinement, de l’instabilité de ses parents", a affirmé Abdallah Berrada, démographe marocain.

Ces mouvements migratoires, qui concernaient essentiellement des milieux défavorisés dans les années 1960-70, prennent aujourd’hui un nouveau tournant, avec un phénomène de fuite des cerveaux qui s’amplifie.

Les migrants qui quittaient autrefois le Maroc ou l’Algérie pour aller travailler en Europe étaient en général des célibataires qui "cherchaient des moyens pour revenir s’installer dans leur pays d’origine", a expliqué M. Berrada.

Ces migrations dites de travail sont devenues aujourd’hui des migrations résidentielles, et "la préoccupation d’investir dans le pays d’origine pour préparer l’avenir des enfants est de plus en plus rare", selon le démographe.

L’enfant dont un parent a migré se retrouve en général en situation de manque affectif et marginalisé, d’autant plus que les deuxièmes et troisièmes générations d’immigrés envoient de moins en moins d’argent au pays.

Mais à l’inverse, si l’enfant peut bénéficier de la politique de regroupement familial dans le pays d’accueil, il va se retrouver, aussi, dans une situation difficile.

"Les enfants sont les premières victimes du regroupement familial car ils souffrent d’une sous-représentation dans l’enseignement, notamment secondaire", selon M. Berrada.

"En France par exemple, les enfants d’origine non-européenne redoublent au moins ou trois fois dans le cycle primaire", a relevé Aïcha Belardi, ambassadrice du Maroc auprès de l’Union européenne et chercheuse.

Cette situation d’échec scolaire est d’autant plus préoccupante que l’école reste souvent l’unique facteur d’intégration pour les enfants d’immigrés qui "souffrent de déracinement culturel et d’une marginalisation sociale du fait d’une montée de la xénophobie, surtout depuis le 11 septembre", a-t-elle ajouté.

Alors que la Méditerrannée est devenue aujourd’hui une "frontière entre une Europe développée et un sud sous-développé", selon Mme Belardi, les chercheurs réunis à Marrakech prônent une nouvelle approche des flux migratoires qui "tienne compte des générations des enfants migrants ou migrants potentiels".

"Il faut repenser la migration qui n’a été conçue jusqu’à présent que comme un mal nécessaire ou un mal à combattre, pour fournir aux enfants la possibilité d’aspirer à de meilleurs lendemains, à travers la stabilité de leurs parents et de leur environnement", a estimé M. Berrada.

Cette nouvelle politique de migration passerait notamment par une coopération euro-méditerranéenne, à tous les échelons de décisions, même dans les entreprises, afin de proposer aux jeunes des projets pour qu’ils reviennent dans leurs pays d’origine.

"La migration, dans les deux sens, peut être un facteur de développement pour le Nord comme pour le Sud, en tenant compte des nouvelles données démographiques. Il faut qu’elle soit concertée et contingentée", ce qui permettrait, aussi, de baisser l’immigration clandestine, a conclu M. Berrada.

AFP

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