Maroc : le débat fait rage autour de la vente d’alcool

24 novembre 2023 - 20h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Depuis l’annonce par le gouvernement d’Aziz Akhannouch de l’augmentation de la Taxe intérieure de consommation (TIC) sur les boissons alcoolisées dans le cadre de la mobilisation de recettes supplémentaires pour le budget de l’État, les réactions et les interrogations s’enchaînent.

Lors de la discussion détaillée du projet de loi de finances (PLF) 2024 au sein de la chambre haute, Youssef Aidi, président du groupe USFPiste a souligné que l’augmentation de la TIC sur les boissons alcoolisées produira un impact sur les couches pauvres de la société en premier, ainsi que des répercussions sur divers secteurs, notamment celui de la santé, rapporte H24info. Pour étayer son argumentation, il a rappelé que 3 individus sont décédés à Chefchaouen, 6 à Tétouan et 9 à Ksar Lkbir, « après avoir mélangé des boissons alcoolisées avec du gel désinfectant ». Le Conseiller Mohamed Benfkih a pour sa part demandé à la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, de ne pas soumettre la vente d’alcool à une licence, car le Maroc a « une économie libérale et un État moderne ».

À lire : Maroc : Une taxe salée sur l’alcool pour ... protéger la jeunesse

« Nous devons être francs et clairs lorsque nous légiférons […] La majorité consomme de l’alcool, et les consommateurs ne devraient pas être accablés à chaque fois par des augmentations. Cela les conduirait au marché noir et causerait des problèmes familiaux et conjugaux », prévient-il. Abondant dans le même sens que Benfkih, Lahcen Haddad, conseiller istiqlalien et ancien ministre du Tourisme, estime que la hausse de la TIC sur les boissons alcoolisées taxe intérieure de consommation (TIC) risque d’ouvrir la voie à l’encouragement des industries illicites et à la consommation d’alcool frelaté ou avarié et de qualité inférieure, comme l’eau de vie (Mahia).

À lire :Taxer ou interdire ? Le dilemme marocain sur la consommation d’alcool

Aussi, a-t-il mis en garde contre « les contradictions et l’hypocrisie sociales » quand la question de la vente d’alcools sur le marché national est abordée. L’élu istiqlalien fait ainsi référence à des dispositions réglementaires anciennes, notamment l’article 28 de l’arrêté du directeur général du cabinet royal n° 3-177-66 du 17 juillet 1967 réglementant le commerce des boissons alcooliques ou alcoolisées, qui prohibent encore la consommation et la vente d’alcool aux Marocains de confession musulmane. Cet article dispose qu’il est interdit à tout exploitant d’un établissement soumis à licence de vendre ou d’offrir gratuitement des boissons alcooliques ou alcoolisées à des Marocains musulmans. L’établissement qui tombe sous le coup de cette disposition est puni de 1 à 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 300 à 1 500 dirhams ou de l’une de ces deux peines seulement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Aziz Akhannouch - Alcool - Conseil de gouvernement

Aller plus loin

Hausse des prix de l’alcool au Maroc : les bars en difficulté ?

L’augmentation de la taxe sur la consommation d’alcool, prévue par le Projet de loi de finances (PLF) 2024, pourrait profiter à la contrebande et entrainer une fermeture massive...

Taxer ou interdire ? Le dilemme marocain sur la consommation d’alcool

L’augmentation des taxes sur les boissons alcoolisées ne fait pas l’unanimité au parlement marocain. Alors que certains députés y sont favorables, d’autres rejettent cette...

Maroc : le prix de l’alcool moins cher que prévu

Le gouvernement vient d’opérer un revirement sur la taxation des boissons alcoolisées au Maroc. Cette décision survient en réponse aux demandes pressantes des partis de la...

Maroc : Une taxe salée sur l’alcool pour ... protéger la jeunesse

Au Maroc, l’addiction des jeunes à l’alcool préoccupe le gouvernement. Ce dernier compte augmenter très fortement la taxe sur les boissons alcoolisées.

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : du changement dans le paiement des factures d’eau et d’électricité

Le gouvernement d’Aziz Akhannouch poursuit le chantier de modernisation des services publics. Le paiement des frais d’eau et d’électricité aura des nouveautés à partir du 1ᵉʳ janvier 2024.

Maroc : l’état d’urgence sanitaire prolongé encore d’un mois

Réuni en séance hebdomadaire ce jeudi 29 décembre 2022, le gouvernement a décidé de prolonger jusqu’au 31 janvier 2023, l’état d’urgence sanitaire.

La mise en garde d’Abdelilah Benkirane à Aziz Akhannouch

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti de la justice et du développement (PJD) a poussé un coup de gueule contre le gouvernement d’Aziz Akhannouch. Il l’a par ailleurs mis en garde contre l’éventualité d’un déclenchement des manifestations...

Les Marocains du monde, au cœur d’une importante réunion à Rabat

Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a présidé la dixième réunion de la Commission ministérielle dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE)à Rabat hier, jeudi. Dans le cadre de cette réunion, il a mis en avant l’engagement du...

Le Maroc prolonge encore l’état d’urgence sanitaire

Réuni jeudi lors de sa séance hebdomadaire, le conseil de gouvernement a adopté le projet de décret portant prorogation, à nouveau, de l’état d’urgence sanitaire.

Maroc : plus d’exonérations aux promoteurs immobiliers ?

Le conseil de gouvernement veut sonner la fin des exonérations accordées aux promoteurs immobiliers. Elles seront remplacées par des aides directes, lesquelles seront accordées aux acquéreurs.

Maroc : l’état d’urgence sanitaire prolongé jusqu’au 31 décembre

Le gouvernement vient d’annoncer, une nouvelle fois, la prorogation de l’état d’urgence sanitaire sur l’ensemble du territoire national.

Maroc : appel pressant des exportateurs de légumes

Les associations de producteurs et exportateurs de fruits et légumes appellent le gouvernement d’Aziz Akhannounch à autoriser la reprise des exportations.

Bouteille de gaz au Maroc : le prix flambe à partir d’avril

Le compte à rebours est lancé. À partir du 1ᵉʳ avril 2024, les Marocains devront mettre la main à la poche pour se procurer une bouteille de gaz butane. Exit la subvention de l’État, le prix passera de 40 à 50 dirhams, actant la première étape d’une...

La chanteuse Fatima Tabaamrant menacée par un salafiste

Alors qu’elle fait l’objet d’attaques verbales de la part d’un prédicateur salafiste, l’icône de l’art amazigh, Fatima Tabaamrant, ancienne députée RNI, vient de recevoir le soutien du parti d’Aziz Akhannouch.