Maroc : la détention des mineurs délinquants empêche t-elle la récidive ?

11 juin 2019 - 20h20 - Maroc - Ecrit par : K.B

Dans le cadre de la justice des mineurs, les associations et les juges sont unanimes quant à la nécessité d’éduquer et non de punir. Ainsi, une réforme des dispositions légales en matière de détention des mineurs est obligatoire, permettant un accompagnement adapté à chaque situation.

Si l’arsenal juridique marocain est en conformité avec les mesures de la Convention relative aux droits de l’enfant, la mise en application renvoie, elle, vers un manque de structures et de compétences à même d’assurer le suivi et l’accompagnement des mineurs en situation conflictuelle avec la loi.

L’article 32 de la Constitution 2011 stipule en effet que "l’État assure une égale protection juridique et une égale considération sociale et morale à tous les enfants, abstraction faite de leur situation familiale". Le Code de la famille est clair quand il formule qu’il "appartient à l’État de prendre les mesures nécessaires en vue d’assurer la protection des enfants, de garantir et préserver leurs droits conformément à la loi".

Au Maroc, 20.000 enfants mineurs sont en conflit avec la loi, et plus de 2.000 sont incarcérés dans des centres de redressement et d’éducation. Les chefs d’inculpation retenus, selon la juge des mineurs, Aziza Bestani, sont le vol, la violence sur autrui et en milieu scolaire, la consommation de drogue, la vente de drogue, la cybercriminalité et l’immigration clandestine.

Un milieu précaire et vulnérable, une famille destructurée, ainsi qu’un niveau scolaire bas sont parmi les facteurs favorisant l’éclosion de la délinquance. Selon la juge, une approche constructive et surtout positive permettrait de réduire les séquelles et d’activer la réinsertion sociale des enfants mineurs. Cette réhabilitation devrait s’opérer en milieu familial où l’enfant est plus confiant, plutôt que dans des centres spécialisés.

Dans le cadre de la réforme de la justice, il est recommandé de mettre en place des chambres spécialisées de la justice des mineurs, renforcer le rôle des assistantes sociales, et créer de nouveaux centres de protection de l’enfance. Cette réforme, lancée en 2014, devrait permettre d’assurer un accompagnement adapté à la situation des enfants, de généraliser l’expérience sur tout le territoire national et enfin éviter la cohabitation avec les prisonniers adultes.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Enfant - Prison

Ces articles devraient vous intéresser :

Majda Sakho réagit aux insultes racistes visant ses enfants

La Marocaine Majda Sakho, l’épouse de l’international français Mamadou Sakho règle ses comptes avec les personnes ayant proféré des injures racistes envers ses trois enfants.

Une famille marocaine au tribunal de Beauvais pour un mariage blanc

Une famille marocaine est jugée devant le tribunal de Beauvais pour association de malfaiteurs dans le but d’organiser un mariage blanc. Le verdict est attendu le 12 janvier 2023.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

Maroc : le casier judiciaire électronique enfin lancé

Le ministère de la Justice a procédé mardi, au lancement de quatre nouveaux services numériques dont le casier judiciaire électronique.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : révocation en vue des députés poursuivis par la justice

Les députés poursuivis par la justice pour détournement ou dilapidation de fonds au Maroc pourraient être déchus de leurs mandats. La Chambre des représentants s’apprête à voter des amendements dans ce sens.

Maroc : des biens et des comptes bancaires de parlementaires saisis

Au Maroc, les parquets des tribunaux de première instance ont commencé à transmettre aux nouvelles chambres chargées des crimes de blanchiment d’argent les dossiers des présidents de commune et des parlementaires condamnés pour dilapidation et...

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Les avocats marocains passent à la caisse

Les avocats marocains doivent désormais s’acquitter d’une avance sur l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés au titre de l’exercice en cours auprès du secrétaire–greffier à la caisse du tribunal pour le compte receveur de l’administration fiscale....