Le microcrédit attire plus de femmes que d’hommes au Maroc

29 octobre 2008 - 20h59 - Economie - Ecrit par : L.A

Les institutions de microcrédit au Maroc ont enregistré une forte hausse du nombre de demandes de prêts. Selon des chiffres récents, cette augmentation est due aux femmes, qui empruntent pour financer de petits projets dans les secteurs de l’agriculture et de l’artisanat.

Lors d’une réunion de son conseil d’administration le 14 octobre à Casablanca, la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM) a souligné que fin 2007, plus de 600.000 clients sur un total d’un million étaient des femmes.

Les chiffres de la FNAM montrent que plus de vingt milliards de dirhams ont été à ce jour distribués, dont treize ont été investis par des femmes dans des projets productifs, en particulier dans les zones rurales.

Les femmes habitant en milieu rural apparaissent en effet plus intéressées par les microcrédits que les hommes, en particulier celles vivant dans la région s’étendant de Zagora à Rachidia, ainsi que dans les provinces de l’est et du nord du pays.

Aicha Mouziz, une ménagère habitant une banlieue de Meknès, a expliqué qu’elle avait eu recours au microcrédit pour pouvoir avoir suffisamment de moyens pour acheter un petit nombre de chèvres, qu’elle utilise désormais pour produire du lait et du fromage, générant ainsi un revenu supplémentaire et ayant obtenu un certain niveau d’indépendance financière.

Sfia Kalkouche, une paysanne de la province d’El Jadida, a indiqué avoir emprunté 5000 dirhams pour acheter et élever des lapins.

Laila A., une spécialiste de la broderie, a demandé et obtenu un prêt, mais a changé d’avis à la dernière minute, par peur de ne pas être en mesure de le rembourser. Elle envisageait d’acheter une machine à coudre et à broder, pour remplacer les broderies qu’elle fabrique à la main.

L’attrait du microcrédit ne se limite toutefois pas aux entrepreneurs en milieu rural cherchant à augmenter leur revenu. Dans les zones urbaines, ces microcrédits attirent également les jeunes femmes au chômage qui cherchent à mettre sur pied des petits projets générateurs de revenu dans des industries traditionnelles, ou à ouvrir des boutiques.

Bien que les prêts consentis soient d’un montant limité, ce type de financement contribue en partie à la lutte contre la pauvreté et le chômage, a expliqué à Magharebia le professeur d’économie Bshir Almi.

Le secteur du microcrédit au Maroc est "développé et structuré", ajoute-t-il, et connaît un grand succès au plan international. Régi par des règlements très clairs, explique-t-il, ce secteur fait également l’objet d’un strict contrôle de la part des autorités.

Lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca le 21 octobre, le président de la FNAM Tareq Sajlamasi a expliqué que l’objectif est "de viser cinq millions de bénéficiaires par le biais du microcrédit dans les trois ou quatre ans qui viennent". "Le Maroc arrive en tête des pays arabes en termes de microcrédit, et nous souhaitons conserver cette place", a déclaré M. Sajlamasi.

Source : Magharebia - Imane Belhaj

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Banques - Prêt - Femme marocaine

Ces articles devraient vous intéresser :

Le nouveau régime des dotations touristiques porte préjudice aux Marocains voyageant à l’étranger

Alors que l’Office des Changes assure avoir entrepris une réforme pour simplifier le régime des dotations touristiques pour tous les intervenants, y compris les banques, il a été constaté que le nouveau régime porte préjudice à de nombreux Marocains...

Maroc : les nouveaux billets et pièces de monnaie dévoilés

Les nouveaux billets de banque et pièces de monnaie émis par Bank Al-Maghrib (BAM) sont entrés en circulation ce vendredi 24 novembre 2023.

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Succès d’une nouvelle émission obligataire lancée par le Maroc

Le Maroc clôture avec succès un emprunt obligataire sur les marchés financiers internationaux d’un montant global de 2,5 milliards de dollars. L’opération fait suite à un Roadshow auprès de la communauté des investisseurs internationaux.

Les banques marocaines se disent asphyxiées par les taxes

Afin d’élargir l’assiette fiscale, le gouvernement envisage de prendre de nouvelles mesures vis-à-vis des entreprises du secteur financier. Ainsi, à partir de 2026, les banques doivent supporter un taux de 40% sur leurs bénéfices et payer 5%...

La Société générale se sépare de sa filiale marocaine

Les négociations sont très avancées pour le rachat par le groupe Saham Finances, fondé et dirigé par l’ancien ministre de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy (MHE) d’une grande partie de la société générale du Maroc.

L’immobilier marocain en berne, les acheteurs attendent l’aide du gouvernement

Le marché de l’immobilier au Maroc a connu une tendance à la baisse ces derniers mois, en raison de la sévérité des conditions d’octroi de crédit. Selon le dernier tableau de bord des crédits et dépôts bancaires de Bank Al-Maghrib, cette tendance se...

Les agences bancaires marocaines en voie de disparition

Bank al-Maghrib a annoncé la diminution du nombre total des agences bancaires sur le territoire du royaume, passant de 5 914 en 2022 à 5 811 en 2023.