Les MRE, investisseurs en puissance pour le moment

21 avril 2008 - 20h35 - Economie - Ecrit par : L.A

Les MRE sont « des investisseurs en puissance ». Ils sont 56,4% à avoir le réflexe d’investir dans leur pays d’accueil ou d’origine. Mieux encore, « c’est essentiellement le Maroc qui en profite ». Il est préféré par plus des deux tiers des investisseurs. Le constat est dressé par une étude que vient de publier le Hcp (Haut Commissariat au Plan) sur l’insertion socio-économique des MRE.

Selon cette étude « la proportion des investisseurs qui choisissent le Maroc est appelée à croître ». En effet, en termes d’intentions d’investissement, ce sont les trois quarts des MRE qui envisagent leur pays d’origine comme destination pour leurs capitaux.

Sans surprise, c’est l’immobilier qui attire la majorité des ressortissants marocains. Ils sont 86,9% à y investir. La pierre est largement préférée au commerce (5,2% des investissements), à l’agriculture (4,1%), et nettement plus appréciée que le tourisme et l’industrie qui ne captent à eux deux que 2% des investissements. Cette répartition est toutefois appelée à changer. Interrogés sur leurs investissements futurs, seul le tiers des MRE préfère encore l’immobilier. Ce secteur se classe ex æquo avec le commerce, dénotant également un regain d’engouement pour l’agriculture (8,7%) le tourisme (5,6%) et l’industrie (5,4%).

Le département de Lahlimi rapporte également de mauvaises nouvelles. Il isole un indicateur lourd de sens. « Le taux des enfants tentés par le retour au pays est nettement inférieur par rapport à celui des parents qui expriment la même volonté ». « Si rien n’est immédiatement fait, cet écart aura un impact économique » et ce sont les pays d’accueil qui auront de plus en plus les faveurs des MRE. Les signes avant coureurs sont là. Alors que les MRE ayant migré dans les années 1960 et 1970 investissent deux fois plus au Maroc que dans le pays d’accueil, ce ratio s’établit à 1,5 fois pour la vague des années 1980 et à 1,4 fois pour celle des années 1990. Les ressortissants ayant migré vers les années 2000, investissent presque à part égale au Maroc et dans le pays d’accueil.

Plus encore ils sont 90% à se déclarer prêts à « renoncer à l’investissement au Maroc, en l’absence d’incitations comparables à celles offertes dans les pays d’accueil ».

Mais alors, comment les intéresser ?

Il s’agit d’influer sur les facteurs qui favorisent « l’attachement des MRE à leur pays d’origine et à leur intégration dans la vie sociale, syndicale et politique des pays d’accueil », recommandent les auteurs de l’étude.
En tout cas, ils sont 42,4% à évoquer en priorité la bonne gouvernance. L’accès au crédit vient au second rang (18,5%). Suivent les encouragements fiscaux (12,6%), la transparence et la lutte contre la corruption (8,9%), l’accueil, l’orientation et le renseignement (6,0%), l’infrastructure (5,5%) et enfin l’aide technique et technologique (1,5%)
A noter que les intentions de retour sont plus vives parmi les MRE, chefs de ménage (57,2%), que parmi leurs conjoints (52,8%), ou leurs enfants de sexe masculin (34,7%) ou féminin (35,6%). Ces intentions sont par ailleurs représentatives de la concentration de MRE selon les pays d’accueil. Ainsi, 40,7% des MRE tentés par le retour résident aujourd’hui en France. 24,2% sont établis en Espagne et 16,0% en Italie.

A y voir de plus près la migration de retour tente essentiellement les MRE des groupes socioprofessionnels du bas de l’échelle sociale, peu scolarisés, à la fin de leur vie active ou sur le point de partir à la retraite. Nés au Maroc, ils y disposent d’avoirs immobiliers ou commerciaux.

Autre profil dominant, celui des MRE dont le conjoint ou les enfants vivent au Maroc, tout comme ceux qui ont procédé au regroupement familial et dont les descendants n’arrivent pas à s’insérer efficacement par l’éducation et la formation. En fait, « tout se passe comme si la pérennisation de la migration est tributaire des cursus requis pour la compétitivité et l’intégration économique et sociale dans les pays d’accueil », relèvent les auteurs de l’étude.

Il en résulte que ceux qui sont au début de leur vie migratoire, particulièrement à la fin des études universitaires, systématiquement frappés par le chômage chronique et la xénophobie au pays d’accueil, sont aussi ceux qui sont les plus tentés par la migration de retour.

L’autre fuite, les transferts sous cape

A fin décembre 2007, les transferts MRE ont atteint 57 milliards de DH, soit près de 10% du PIB. Cette valeur est probablement plus élevée dans les faits vu qu’une grande partie des flux ne transite pas par les canaux officiels, estiment les experts. Une étude de l’Observatoire des MRE de la Fondation Hassan II évalue à près de 20 milliards de DH, le montant des transferts effectués par les MRE lors de séjours au Maroc.

Les transferts d’argent des populations émigrées n’ont pas fini d’attiser les convoitises. « Les travailleurs migrants ont envoyé vers les pays en développement, dont ils sont originaires, plus de 300 milliards de dollars à fin 2006 », soit près de 2.300 milliards de DH, selon la Banque interaméricaine de développement.

Source : L’Economiste - R. H.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Transferts des MRE - Compétitivité - Ahmed Lahlimi Alami - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Ramadan 2024 en France : Le Maroc perd la main sur l’encadrement religieux des MRE

À l’approche du mois de Ramadan, des voix s’élèvent pour réclamer une formation religieuse adaptée aux Marocains résidant à l’étranger, notamment en France.

Les Marocains du monde, au cœur d’une importante réunion à Rabat

Le Premier ministre marocain, Aziz Akhannouch, a présidé la dixième réunion de la Commission ministérielle dédiée aux Marocains résidant à l’étranger (MRE)à Rabat hier, jeudi. Dans le cadre de cette réunion, il a mis en avant l’engagement du...

Le Maroc va investir de plus de 13,4 MMDH dans le chemin de fer

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a prévu un investissement de plus de 13,4 milliards de DH durant la période 2023-2025.

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Ramadan 2023 : le Maroc envoie des imams en Europe

Afin d’assurer l’accompagnement et l’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE), la Fondation Hassan II a annoncé l’envoi en Europe de 144 universitaires, prédicateurs et récitateurs du Coran durant tout le mois de Ramadan 2023.

Immobilier au Maroc : les MRE en première ligne

L’apport considérable des Marocains résidant à l’étranger (MRE) devrait contribuer à booster le marché de l’immobilier au Maroc au troisième trimestre 2023.

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.

Le Maroc compte sur ses consulats pour protéger les enfants de MRE

Des actions seront mises en place pour contrer les problèmes liés au retrait de la garde des enfants des ressortissants marocains par les services sociaux de divers pays européens, a promis le ministre marocain des Affaires étrangères, de la...

Les Marocains du monde, des compétences « sous-exploitées » par le Maroc

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent faiblement au développement du Maroc. Pourtant, leurs compétences sont nécessaires pour relever les défis économiques et socioculturels du royaume.

Prix des billets de bateau pour les MRE : un réduction de 25 % ?

Une augmentation de 28 % du nombre des arrivées des Marocains résidant à l’étranger (MRE) a été constatée depuis le lancement de l’Opération Marhaba, selon Mohamed Abdeljalil, le ministre du transport et de la logistique, à la Chambre des Conseillers,...