En changeant sa position sur le Sahara, l’Espagne a réussi à réchauffer ses relations avec le Maroc, mais s’est mise à dos l’Algérie qui lui fournit du gaz naturel. Outre les raisons officielles évoquées, il y a une autre qui explique la nouvelle posture de Madrid.
L’Espagne a souffert de la crise avec le Maroc qui a duré près d’un an. Une crise née au lendemain de l’admission d’urgence du leader du Polisario Brahim Ghali atteint du Covid-19 dans l’hôpital San Pedro de Logroño le 18 avril dernier sous une fausse identité, rappelle L’Express. Pour punir Madrid, Rabat avait laissé quelque 10 000 Marocains candidats à l’émigration entrer, le 17 mai, dans l’enclave espagnole de Ceuta. Une situation que ce pays européen avait eu du mal à gérer. La péninsule ibérique ne souhaite pas revivre cette situation. C’est pourquoi, elle considère désormais « l’initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend » au sujet du Sahara. Une décision qui met à mal ses relations avec l’Algérie, son premier fournisseur de gaz naturel. Alger voit d’ailleurs d’un mauvais oeil la nouvelle position de son partenaire sur le Sahara.
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À l’heure où l’Europe soutenue par les États-Unis travaille à stopper les importations des hydrocarbures russes, afin d’assécher le financement du régime Poutine — à l’origine de la guerre en Ukraine-, la décision espagnole suscite colère, incompréhension, et désolation. « Dans un contexte international déjà compliqué, ce pays indique clairement qu’il donne la priorité à la lutte contre l’immigration clandestine en provenance du Maroc plutôt qu’à l’approvisionnement en gaz en provenance d’Algérie », déplore Josep-Maria Arauzo-Carod, professeur d’économie à l’université de Tarragone.