Dans une lettre ouverte publiée dans El País, l’écrivain et journaliste français Pierre Assouline relate son histoire. Il aura fallu cinq années de démarches administratives pour que ce natif de Casablanca redevienne Espagnol. Le vote de la loi dite « concession de la nationalité espagnole aux séfarades originaires d’Espagne » en 2015 avait permis à ce Juif séfarade de se battre pour retrouver sa nationalité espagnole. Une action du parlement espagnol, Las Cortes pour réparer une injustice historique. Cette loi donne la possibilité aux descendants des Juifs expulsés d’Espagne de redevenir Espagnols.
La reconquête du territoire espagnol par les rois catholiques avait fait basculer la vie des Juifs d’Espagne. En mars 1492, l’« édit de l’Alhambra » somme les Juifs de quitter dans les quatre mois le territoire espagnol. C’est ainsi qu’entre 100 et 200 000 Juifs étaient partis de la péninsule. Certains s’étaient installés au Portugal et aux Pays-Bas, tandis que d’autres s’étaient réfugiés au Maroc ou dans l’empire Ottoman.
L’édit de l’Alhambra sera appliqué jusqu’au milieu du XIXᵉ siècle qui marquera l’instauration de la liberté religieuse en Espagne. Avec la loi de 2015, le pays s’est débarrassé d’un passé douloureux. Sur près de 150 000 séfarades du monde entier demandant à acquérir à nouveau la nationalité espagnole, seuls 15 300 ont pu l’obtenir. L’administration espagnole étudie actuellement 25 483 dossiers.
Pierre Assouline fait partie de ceux qui ont obtenu leur passeport espagnol, mais il veut encore plus. Le séfarade appelle le roi d’Espagne Philippe VI à abroger définitivement l’édit de l’Alhambra de 1492. « Seul un roi peut défaire ce qu’a fait un autre roi », a-t-il écrit dans sa lettre. « Ce geste aurait une portée simplement symbolique […] mais cela fait des siècles que nous l’attendons », ajoute l’écrivain.