Accidents de la route : Silence on tue !

23 octobre 2007 - 20h52 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les routes marocaines sont parmi les plus meurtrières du monde. Tout le monde le sait. La presse fait régulièrement des dossiers sur la question. La preuve, nous recommençons aujourd’hui. Pourtant l’hécatombe continue. Sans un sursaut rapide de tous, à tous les niveaux, le Maroc continuera à déplorer les morts, les estropiés à vie, les orphelins…

Est-il supportable que le Maroc soit, très bas, dans la liste des statistiques de prévention routière ? Non, bien évidemment. Le gouvernement sortant n’a pas à rougir de la façon dont il a abordé la question, loin de là.

Pourquoi cette hécatombe ? Les raisons avancées sont toujours les mêmes : l’état des routes, l’état des véhicules, la météo… Très rarement, sont mis en cause les comportements des gens. Tous confondus. Conducteurs du dimanche, chauffeurs professionnels, piétons, pouvoirs publics, etc. Ce qui fait problème, c’est que chacun d’entre nous est tour à tour : conducteur et piéton et qu’il semble que jamais, l’un ne prenne en compte l’autre, à la place où il se trouve.

Tout piéton normalement constitué ne cesse de vitupérer les automobilistes qui conduisent comme s’ils étaient seuls au monde. Le même quidam, devenu à son tour conducteur fantasme sûrement sur le nombre de piétons qu’il aimerait bien écraser sans représailles, sous prétexte qu’ils traversent quand ça leur chante, n’importe où, n’importe comment. Il y a là de toute évidence, un comportement généralisé de je-m’en-foutisme qui pose question. Avec des parents, traînant derrière eux leurs petits enfants au milieu des flots de voitures comme des sacs qui les empêchent de courir ; comment ces mêmes enfants, en grandissant, pourraient se comporter autrement. La prévention routière fait tout ce qu’elle peut pour sensibiliser les enfants dans les écoles, mais encore faudrait-il pourvoir toucher les parents et leur apprendre à eux-aussi, le minimum vital -car c’est bien de cela dont il s’agit-d’un comportement citoyen.

Prenons le bus

Que dire aussi des chauffeurs d’autobus et autres camions ? En cette fin de ramadan, les autobus de la ligne 900, qui relient Mohammedia à Casablanca, ont dû battre tous les records de temps de trajet. Lancés à près de 100 kms/heure, dès Aïn Sbâa, ils parcourent le trajet en même pas 40 minutes… quand ils ne provoquent pas un accident. Et des accidents provoqués par les autobus, il y en a eu beaucoup. Chaque jour que Dieu fait, au moins un jeune Marocain motocycliste laisse sa vie sous les roues d’un bus ou d’un camion. Lesquels camions ont des comportements suicidaires de bus. Quand on dit suicidaires, le mot est inapproprié puisque dans le cas présent il s’agit de meurtres ! Il faut avoir pris un jour le 900 vers 17h30, pour savoir de quoi on parle. Certes la rupture du jeune est attendue par tous, avec impatience surtout quand il fait chaud, mais tout de même… Sans parler des pauvres utilisateurs qui voient passer devant eux les bus-flêches, qui ignorent superbement les arrêts. Cela relève non seulement du danger public, mais du mépris le plus total des gens. D’autant plus condamnable que, généralement, les utilisateurs de bus sont de petites gens qui n’ont pas d’autre moyen de transport que le transport public.

Faut-il également enfoncer le clou et parler des grands taxis, surchargés, conduisant comme des fous. S’arrêtant n’importe où sans prévenir, ouvrant les portières sans veiller à la sécurité de leurs passagers… Que leur métier soit difficile et peu rémunérateur, nul ne le conteste, mais se prétendre au-dessus de la loi, comme ils l’ont fait naguère, demeure inqualifiable. Seulement voilà, le Maroc sans ses grands taxis, personne ne l’imagine. Ils suppléent à des manques qui sont loin d’être comblés en matière de transport. Restons sur la route. Que dire des bus longues distances qui pendant les jours précédant et suivant la fête, ont changé leurs trajets sans prévenir qui que ce soit, ont fait du surbooking, ont rempli leur bus jusqu’à la gueule avec parfois 20 personnes supplémentaires… qui toutes ont payé le prix fort. +25% en moyenne samedi et dimanche derniers sur les lignes de la CTM, pour ne parler que d’elle.

Prenons le train

On pourrait se dire qu’il vaut mieux prendre le train, c’est plus sûr. Voire ! Cette dernière semaine de ramadan, les trains entre Marrakech et Fès, surchargés ont roulé toutes portes ouvertes. La personne anonyme de l’ONCF qui a refusé de nous parler, semblait en phase avec ce contrôleur qui nous a répondu que « la fermeture automatique était défectueuse », rajoutant en souriant que « la clim n’étant pas très au point en seconde », cela « faisait de l’air » ! Dimanche après-midi les trains ont roulé avec une surcharge de 30%, toutes portières ouvertes. Qui cela inquiète-il ? Personne semble-t-il. Sauf cette dame âgée qui a failli tomber, heureusement sa valise était trop grosse pour passer par la portière. Sauf cette femme enceinte qui s’est embranchée dans sa robe et a glissé, heureusement rattrapée par un militaire costaud. Sauf…

A la remarque intelligente d’un monsieur qui suggérait au contrôleur que l’ONCF pourrait prévoir des trains supplémentaires pour cette période, la réponse fuse : « oui mais avec le ramadan ». Comme si le ramadan était un évènement aléatoire et non prévisible. Comme si nul parmi les cadres des transporteurs publics et privés, ne savait que pendant ces quelques jours les gens voyagent. Un vieux dicton dit que gouverner c’est prévoir.

Ce n’est plus un reportage sans prétention, c’est une litanie de morts annoncées, qui coûtent cher à la collectivité, qui privent le pays de bras et de cerveaux, qui amputent les familles de leur amour. Tous concernés, et pourtant tous coupables ?! Sans un sursaut rapide de tous, à tous les niveaux, le Maroc continuera à déplorer les morts, les estropiés à vie, les orphelins…

Accidents en chiffres

En 2006 le nombre de morts a atteint 3 622 personnes, sur les 7 dernières années, les accidents de la circulation ont tué, chaque année, en moyenne, quelque 3 617 personnes et handicapé gravement 12 000 personnes. Le coût de cette hécatombe s’élève cette année 2006 à plus de 11 milliards de dirhams, soit 2,5% du PIB. Ne sont comptabilisées dans aucune statistique, les personnes qui décèdent suite à leur accident. Ni celles et ceux, jeunes souvent, qui privent ainsi la communauté nationale de leurs talents et de leurs savoirs.

Au premier semestre 2007 – comparaison de chiffres avec 2006 - le comité national de prévention routière a comptabilisé : +7,22% d’accidents ; +3,23% de tués ; -1,06% de blessés graves ; +7,06% de blessés légers. En juillet 2007, derniers chiffres publiés, il y a eu 5 867 accidents, 336 tués, 1257 accidentés graves, 7529 accidentés légers.

Une effrayante étude sur le port du casque de moto

Sur 27 881 personnes interrogées en mai 2007, dans les villes de Casablanca, Rabat, Marrakech, Agadir et Beni-Mellal ; 67% d’entre elles portaient un casque. Seulement 47% de ces personnes le portaient correctement ! Les -25 ans sont les plus fous : 46% portent un casque dont 28% seulement le portent correctement. Chez les +45 ans, celles et ceux qui portent un casque (même proportion que les jeunes) semblent plus habiles à se harnacher, puisqu’ils sont 54% à porter correctement leur casque. Dernier enseignement de cette précieuse étude, les dames sont plus téméraires, elles sont seulement 4,4% à porter un casque, contre 68% chez les hommes.

Gazette du Maroc - Danilo Casti

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