Affaire Omar Radi : la réponse d’Amnesty International au Maroc

5 juillet 2020 - 14h30 - Maroc - Ecrit par : S.A

Amnesty International a donné suite à la requête du chef du gouvernement, Saâdeddine El Otmani lui demandant de lui fournir les "preuves matérielles" de ses allégations sur le Maroc. Selon l’organisation, les autorités marocaines auraient, à l’aide du logiciel d’espionnage Pegasus, piraté le téléphone du journaliste et militant Omar Radi condamné en mars dernier pour avoir critiqué le verdict prononcé par un magistrat contre des membres du "Hirak".

Amnesty International déclare avoir "envoyé (vendredi) au gouvernement marocain une lettre confirmant les résultats de ses recherches et fournissant davantage de détails sur sa méthodologie de recherche", peut-on lire dans un communiqué publié sur le site de l’organisation, samedi.

"Les éléments de preuve d’Amnesty International ont été recueillis grâce à notre analyse technique de l’iPhone du journaliste marocain Omar Radi qui a révélé des traces d’attaques par ‘injection de réseau’. Cela était conforme à l’enquête d’octobre 2019 d’Amnesty International, qui a détaillé le ciblage des défenseurs marocains des droits humains Maati Monjib, notamment par des attaques par injection de réseau, et Abdessadak El Bouchattaoui utilisant le logiciel espion Pegasus, une technologie de surveillance produite par la société NSO Group", affirme l’organisation.

"(…) En outre, les preuves techniques que les chercheurs de l’organisation ont extraites du téléphone d’Omar Radi indiquent clairement que Pegasus a été installé avec une forme particulière d’attaque numérique identifiée dans nos rapports comme une ‘injection de réseau’, ce qui a nécessité un effet de levier sur les opérateurs mobiles du pays pour mettre sur écoute Omar, soit une connexion Internet mobile que seul un gouvernement peut autoriser", précise Amesty international.

Suite aux allégations de l’organisation, les autorités marocaines ont dénoncé "une campagne de diffamation internationale injuste" inspirée par "un agenda n’ayant aucun lien avec la défense des droits de l’Homme" et un "acharnement systématique et continu" d’Amnesty contre "les intérêts du Maroc".

Réagissant à ces allégations, Amnesty Intenational dénonce, à son tour, "une tentative de discréditer une solide recherche sur les droits de l’Homme qui a révélé une série d’incidents de surveillance illégaux utilisant des produits du groupe NSO". "Au lieu de s’engager de manière constructive avec les conclusions de notre rapport, les autorités choisissent de poursuivre l’attaque contre le messager", a déclaré Heba Morayef, directrice d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amnesty international (AI) - Saâdeddine El Othmani - Omar Radi

Aller plus loin

Affaire Omar Radi : un témoin à décharge dans de sales draps

Alors qu’il est appelé à témoigner en faveur de son confrère et militant des droits humains Omar Radi, visé par une plainte pour viol, un journaliste se retrouve dans un ennui...

Procès d’Omar Radi : le journaliste retourne au tribunal le 29 octobre

Le procès le journaliste Omar Radi, pour « ébriété publique » avec « injures » avec un de ses collègues Imad Stitou, lui, en liberté, s’est ouvert jeudi devant le tribunal de...

Encore des ennuis judiciaires pour le journaliste Omar Radi

La police a interpellé puis placé en garde à vue le journaliste et militant des droits humains, Omar Radi, dimanche 5 juillet à Casablanca. Motif de son arrestation : "ivresse...

Le Maroc rejette encore le rapport d’Amnesty International

Les autorités marocaines rejettent totalement les informations portées par l’ONG Amnesty international sur le royaume et présentées dans son dernier rapport annuel sur la...

Ces articles devraient vous intéresser :

L’Union Européenne brise le tabou des droits humains au Maroc

Le Parlement Européen tiendra la semaine prochaine une séance plénière pour discuter des droits humains au Maroc, une première en 25 ans. Cette décision a été prise suite au scandale de corruption « MoroccoGate » qui a touché l’institution européenne,...