Cinéma : le paradoxe marocain

17 mars 2009 - 16h55 - Culture - Ecrit par : L.A

Depuis une dizaine d’années, le septième art occupe une place centrale dans le paysage culturel marocain. La production cinématographique nationale, qui s’élève à une quinzaine de films par an – comme la Belgique ou la Suisse – a gagné en qualité. En 2008, comme les années précédentes, les films marocains se sont classés en tête du box-office. Le pays, qui organise le Festival international de Marrakech, accueille aussi chaque année des dizaines de tournages internationaux.

Mais, dans le même temps, les salles de cinéma ferment les unes après les autres. Entre 1995 et 2007, le nombre d’entrées est passé de 15 millions à 4 millions par an et le royaume ne compte plus que 94 écrans, contre 300 dans les années 1980, selon les statistiques du Centre cinématographique marocain (CCM). Une hécatombe qui s’explique en partie par la concurrence des DVD piratés et de la télévision satellitaire, que reçoivent 10 millions de Marocains. Mais les exploitants ont aussi leur part de responsabilité : incapables de s’adapter aux nouvelles normes technologiques, ils ont laissé leurs salles se délabrer et ont manqué d’originalité dans leur programmation.

Programme ambitieux

Selon Noureddine Saïl, directeur du CCM, « les salles sont la condition sine qua non pour créer un marché national et faire exister le cinéma marocain ». Il a donc lancé un programme ambitieux pour créer jusqu’à deux cents écrans à l’horizon 2012. Il mise, outre sur les salles de quartier, sur les multiplexes, qui proposent une offre diversifiée et sont plus rentables pour les investisseurs. Grâce à des incitations fiscales et à des avantages, notamment dans l’obtention des crédits, le CCM espère que de nombreux investisseurs privés tenteront l’aventure. Dès octobre 2009, le Colisée de Rabat deviendra un multiplexe de cinq salles, et un autre complexe cinématographique devrait ouvrir cette année à Agadir. Noureddine Saïl compte aussi sur les exploitants pour pratiquer des prix plus attractifs, avec un billet autour de 15-20 dirhams (1,37-1,82 euro).

Mais, pour un exploitant, « cette politique est insuffisante et ne peut concerner que les grands centres urbains », alors que les petites villes sont les plus touchées par les fermetures. Beaucoup doutent par ailleurs de la rentabilité des multiplexes. En marge du 10e Festival du film marocain en décembre 2008, le patron du Megarama de Casablanca – premier multiplexe du continent – et de celui de Marrakech, Jean-Pierre Lemoine, a reconnu que les 600.000 entrées annuelles de son cinéma n’étaient pas suffisantes pour assurer sa rentabilité.
Tous droits de reproduction et de représentation

Source : Jeune Afrique - Leïla Slimani

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Cinéma - Noureddine Sail - Tournage - Centre cinématographique marocain (CCM)

Ces articles devraient vous intéresser :

Tournages de films au Maroc : chiffre d’affaires record pour le CCM en 2022

Très sollicité pour les tournages étrangers, le Maroc devrait renouer avec les bénéfices cette année. De nombreuses productions annulées en raison de la crise sanitaire et des mesures restrictives, sont de retour, selon le centre cinématographique...

Jamel Debbouze : « J’ai le même âge que mes enfants »

Quatre ans après son dernier rôle au cinéma, l’acteur marocain Jamel Debbouze est de retour dans une nouvelle comédie intitulée « Le nouveau jouet », un film inspiré du « Jouet », de Pierre Richard. Invité dans l’émission Matin Première de RTBF,...

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Des milliers de Marocains privés d’IPTV

Des milliers de Marocains amateurs de films, de séries et de télévision par Internet (IPTV) ont été récemment touchés par une action des forces de l’ordre européennes. Europol et le Service néerlandais d’informations et d’enquêtes fiscales (FIOD) ont...

Buzz, fric et clashs : La (mauvaise) recette des artistes marocains

De plus en plus d’artistes marocains se tournent vers les réseaux sociaux, notamment Instagram et TikTok, pour interagir avec leur public et générer des revenus. Cette tendance suscite toutefois des critiques, certains pointant du doigt le recours à...

L’acteur marocain Mustapha Zaari en mauvaise passe

L’acteur marocain Mustapha Zaari traverse une passe difficile en ce moment. Diagnostiqué d’un cancer de la prostate, il a été hospitalisé récemment à l’hôpital militaire de Rabat pour recevoir un traitement adéquat.

« Deux hommes ou deux femmes ne peuvent pas décider de passer leur vie ensemble au Maroc »

Dans son film Le bleu du caftan, la cinéaste marocaine Maryam Touzani aborde plusieurs sujets notamment l’homosexualité au Maroc, où les homosexuels vivent souvent cachés, dans la peur d’être découverts, et parfois dans la honte.

Ali Zaoua ressort au cinéma, les recettes reversées aux acteurs du film

Le réalisateur marocain Nabil Ayouch est de retour dans les salles de cinéma avec une version plus actuelle de son film Ali Zaoua, sorti il y a 20 ans. Les recettes de ces projections qui démarrent le 26 octobre serviront à des causes sociales.

Netflix baisse ses prix au Maroc

Netflix a décidé de se rapprocher davantage de son public marocain en proposant aux nouveaux abonnés des forfaits légèrement à la baisse, actifs depuis le 21 février.

Combien gagne Nora Fatehi ?

L’actrice, productrice et danseuse maroco-canadienne, Nora Fatehi figure parmi les grosses pointures du cinéma indien. À combien s’élève la fortune de la plus indienne des Marocaines ?