Relations hors mariage au Maroc : appel à l’abrogation de l’article 490

24 décembre 2021 - 20h20 - Maroc - Ecrit par : A.T

Les membres du collectif 490 sont montés à nouveau au créneau pour réclamer « l’abrogation pure et simple » de l’article 490 qui participe « significativement au sentiment d’oppression ressenti par les jeunes ».

Dans une lettre ouverte à l’attention du ministre de la Justice, ces citoyens et citoyennes sont revenus à la charge pour réclamer l’abrogation de l’article 490, avec un argumentaire aux aspects juridique, historique et de droits humains.

Concrètement, le collectif 490 a réclamé de nouveau la suppression de l’article 490, punissant « d’emprisonnement d’un mois à un an toutes personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles ».

Rappelant que le Code pénal est resté inchangé depuis 1961 sur le droit fondamental de disposer de son corps, le Collectif a souligné que des « citoyens majeurs et consentants ou des victimes de violences sexuelles ont vu leurs vies brisées du fait de cette loi inique qui favorise l’arbitraire et qui est instrumentalisée pour faire taire ceux qui dérangent par leur opinion, leur mode de vie ou qui, tout simplement, font les frais d’un ex-mari jaloux, d’un voisin intrusif, d’un gardien trop zélé ». En somme, « l’article 490 fait feu de tout bois tant l’imprécision de sa formulation est vaste ».

A lire : Stop 490 : mobilisation au Maroc pour la libération de Hanaa

Aujourd’hui, la mission du gouvernement est de « penser, comprendre et puis agir », estime le Collectif dans sa lettre qui appelle à penser aux femmes victimes de viol, de chantage à la diffusion d’images intimes ou encore d’autres violences sexuelles qui ne pourront jamais porter plainte de crainte de se faire elles-mêmes injustement arrêter sur le fondement de l’article 490.

« Les juges, au lieu de focaliser leur attention sur les faits et le degré de violence qui les a accompagnés, s’évertuent à rechercher l’existence d’une relation préalable entre la victime et son agresseur. Très souvent, cela aboutit à condamner la victime à une peine de prison. De tels cas finissent parfois de façon tragique comme ce fut le cas avec le suicide de la jeune Khadija cette année  », rappelle le Collectif.

À travers cette mesure, le gouvernement démontrera « son engagement à prendre en compte la parole des victimes de violences sexuelles et les revendications des jeunes et à faire cesser l’hypocrisie régnante, fruit du décalage entre l’état actuel de la société marocaine et la justice qui la régit », conclut-on.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Ministère de la Justice et des Libertés

Aller plus loin

Libertés individuelles : les « Hors-la-loi » reviennent à la charge

Les « Hors-la-loi » comptent sur le nouveau parlement pour faire aboutir leurs propositions pour la défense des libertés individuelles. Le Collectif appelle les nouveaux...

Stop 490 : mobilisation au Maroc pour la libération de Hanaa

Le mouvement « Hors la loi » demande aux Marocains de partager sur les réseaux sociaux, le message « Stop 490 », en rouge. Le but est d’obtenir la libération de Hanaa, une jeune...

Des hôteliers marocains appellent à la légalisation des relations hors mariage

L’interdiction des relations sexuelles extraconjugales imposée aux musulmans affecte le marché intérieur hôtelier déjà très affaibli par la crise sanitaire.

L’article 490, "une épée de Damoclès" sur les têtes des Marocaines

Au Maroc, le Collectif 490 poursuit son combat pour l’abrogation de l’article 490 du Code pénal qui punit « d’emprisonnement d’un mois à un an toutes personnes de sexe différent...

Ces articles devraient vous intéresser :

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Concours d’avocat : profond désaccord au sein de la profession

La polémique liée au concours d’accès à la profession d’avocat a fini par diviser le corps des avocats, dont certains défendent le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et son département contre tout « favoritisme » tandis que d’autres appellent à...

Deux fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone en prison

Accusés de détournement de fonds, deux anciens fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone ont été placés en détention, mercredi, par le procureur général du Roi près du tribunal des crimes financiers de Rabat.

Abdellatif Ouahbi accusé par les salafistes d’atteinte à l’islam

La réforme du Code de la famille passe mal chez les salafistes. Prêcheurs et imams de mosquées sont en colère contre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Affaire "Hamza Mon Bébé" : Dounia Batma présente de nouvelles preuves

La chanteuse marocaine Dounia Batma confie avoir présenté de nouveaux documents à la justice susceptibles de changer le verdict en sa faveur.

Maroc : 20 affaires de détournement de fonds publics devant la justice

Le président du ministère public a été saisi par le procureur général du Roi près la Cour des comptes de 20 affaires de détournement de deniers publics au titre de l’année 2021.

Maroc : le registre national des mariés bientôt disponible

Dans quelques jours, le ministère de la Justice marocain va procéder au lancement du registre national des mariés dans le but de mettre fin aux infractions constatées dans le domaine.

Qu’est ce qui explique l’augmentation des divorces au Maroc ?

Les cas de divorce se sont envolés ces deux dernières années au Maroc. Rien qu’en 2021, près de 27 000 divorces ont été enregistrés. Pour le ministre de la Justice, cela s’explique par une prise de conscience des couples sur la nécessité de mettre fin...

Le kickboxeur marocain Mohammed Jaraya arrêté par la police

Le kickboxeur néerlandais d’origine marocaine, Mohammed Jaraya, risque gros. Il vient d’être arrêté par la police et les accusations à son encontre pourraient mettre définitivement fin à une carrière pourtant prometteuse.

Le Maroc s’inquiète de « l’influence croissante des homosexuels »

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice et secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), s’est exprimé une fois de plus sur l’homosexualité. Au Maroc, les pratiques homosexuelles restent punies par la loi.