Corruption : La preuve par Youtube

27 juillet 2007 - 02h30 - Maroc - Ecrit par : L.A

A la base, un film d’un peu plus de six minutes qui a largement circulé sur Youtube et Dailymotion.com, les fameux sites de partage de vidéos. Sur cette vidéo postée par un certain « kannass » (le chasseur), on peut voir deux gendarmes en train de se faire corrompre par des camionneurs sur une route au nord du Maroc. Sous le titre « Gendarme Maroc rechwa » ou encore « Why is terrorism spreading ? » (pourquoi le terrorisme gagne-t-il du terrain ?), la vidéo montre clairement les visages des deux gendarmes et l’acte de corruption est largement mis en évidence et à plusieurs reprises.

L’enregistrement a été repris intégralement sur plusieurs sites nationaux et étrangers. Il alimente également les forums de discussion de bladi, casafree et bien d’autres… avec bien sûr le link pour regarder la vidéo. Les internautes marocains sont indignés, outrés. Ils accusent l’Etat, les fonctionnaires et le citoyen. Tout ce beau monde qui se prête volontairement au jeu de la corruption. D’ailleurs un internaute, pour étayer la thèse selon laquelle la corruption est un phénomène de société, raconte cette blague : Un gendarme demande 10 DH au mec ayant brûlé le stop. Ce dernier stupéfait lui répond : « aw mabqitouch jadarmiya ? wellitou jadarmiytine »…

Ils s’aventurent aussi à proposer des solutions. « Créer un comité particulier pour lutter contre ces actes... mais c’est toujours possible qu’il soit aussi corrompu ». Ou encore, « une augmentation des salaires et une sensibilisation religieuse sont les seuls moyens pour éradiquer ce fléau ». Cette vidéo a permis à bon nombre de citoyens de s’exprimer librement sur un phénomène bien connu de tous. Des salaires misérables des agents de l’ordre, du rôle du Monsieur Tout le monde qui, pour être le plus rapidement servi, n’hésite pas à passer à la « tedouira », ou de l’absence de conscience professionnelle chez une majorité de fonctionnaires de l’Etat. D’autres, plus pessimistes, pensent que c’est peine perdue de se battre contre un phénomène « marocain » et que seule l’éducation des générations futures peut créer un Maroc sans corruption…, disons dans 20 ans.

A travers ces différentes contributions on est presque tentés de penser que dans ce pays, la corruption relève du culturel. Ce qui les pousse à l’affirmer est bien simple : la tedouira est une pratique que l’on retrouve partout. Dans les hôpitaux, on graisse la patte des infirmiers pour passer telle radio ou pour faire avancer tel rendez-vous. Dans les artères des villes il est plus que courant qu’on glisse un billet de 20 ou 50 DH pour éviter de payer une amende plus lourde. Comme dans les communes, les administrations et les tribunaux…La corruption gangrène notre économie et porte atteinte à la réputation de ce pays.

Est-elle pour autant ancrée dans les mœurs des Marocains ? Tous nos fonctionnaires acceptent-ils le fameux « mimi » (nouvelle appellation du bakchich) ? Pas si sûr. En plus des commentaires des internautes, les conversations entre Marocains montrent un certain dégoût vis-à-vis de cette pratique. Et nos fonctionnaires ne sont certainement pas tous des corrompus irréductibles.

C’est pour cette raison que la vidéo du citoyen « kannass » est significative. Elle marque le début d’une insurrection sociale, d’un ras-le-bol d’une bonne partie de la population contre ces pratiques.Les citoyens ont décidé de passer à l’attaque. Un acte bienvenu puisque les deux gendarmes filmés par notre chasseur ont été présentés devant le procureur de la cour d’appel de Taza le 16 juillet dernier. Chapeau bas « kannass »…

Le Journal Hebdo

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Administration - Corruption - Défense - Armement

Ces articles devraient vous intéresser :

Aïd El Fitr 2024 : une bonne surprise pour les fonctionnaires marocains ?

La ministre déléguée chargée de la réforme de l’administration et de la transition numérique, Ghita Mezzour, propose au gouvernement de décréter un congé exceptionnel de trois jours au lieu de deux à l’occasion de l’Aïd Al-Fitr 2024.

Le Maroc investit massivement dans sa défense et son industrie militaire

Le budget du ministère marocain de la Défense nationale devrait atteindre 124,7 milliards de dirhams l’année prochaine, selon le Projet de loi de finances (PLF) 2024. Un budget en hausse d’environ 5 milliards de dirhams par rapport à 2023.

Ramadan 2023 au Maroc : voici les horaires des administrations

En raison du mois de Ramadan qui démarre dans quelques jours, les horaires de travail dans les administrations, les établissements publics et les collectivités territoriales seront modifiés.

Maroc : Une vague d’embauches publiques attendue en 2024

L’État marocain prévoit en 2024 la création de 30 034 postes dans les ministères et institutions publiques, révèle le Projet de loi de finances (PLF) 2024.

Coup d’accélérateur pour le TGV Kénitra-Marrakech

L’Office national des chemins de fer (ONCF) a lancé un appel d’offres pour la construction d’une voie ferrée à grande vitesse de 375 kilomètres reliant Kénitra à Marrakech.

Parlement européen : le Maroc aurait offert des séjours à la Mamounia

La députée socialiste Marie Arena et l’ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri, visés dans le scandale au parlement européen, auraient bénéficié en 2015 d’un séjour de luxe à l’hôtel La Mamounia de Marrakech, tous frais payés par les autorités marocaines.

Les Marocains libres de choisir le prénom de leurs enfants, sous certaines conditions

Les officiers marocains de l’état civil sont à présent dans l’obligation d’accepter temporairement les prénoms déclarés, y compris ceux en contradiction avec la loi, contrairement aux pratiques antérieures, selon un décret qui vient d’être publié.

La normalisation des relations avec le Maroc booste les exportations d’armes israéliennes

Depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, les exportations d’armes israéliennes ne cessent d’augmenter. Une hausse de 30 % a été enregistrée l’année dernière grâce, notamment, au Maroc.

Maroc : la liste des députés poursuivis pour corruption s’allonge

Trois députés marocains viennent d’être déférés devant la justice pour corruption. Déjà une vingtaine de parlementaires sont poursuivis en justice pour des faits de corruption et dilapidation des deniers publics.

Plus de 90 000 fonctionnaires marocains payés à ne rien faire

La ministre déléguée auprès du chef du gouvernement chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Ghita Mezzour, n’a pas souhaité ouvrir une enquête sur le scandale des fonctionnaires fantômes, estimés à plus de 90 000 dans...