Hymen recousu, honneur sauvé

6 juin 2008 - 13h09 - Maroc - Ecrit par : L.A

Pour pouvoir se marier, Hayat, jeune femme musulmane de la région parisienne, a reconstitué sa virginité. Un témoignage qui prend tout son sens, alors qu’un tribunal de Lille vient d’annuler une union pour « mensonge » sur chasteté.

Elle s’appelle Hayat et habite la région parisienne. Elle aura bientôt trente ans. Il y a quelques années de cela, elle s’est fait recoudre l’hymen lors d’un voyage au Maroc. Hayat a eu recours à cet acte chirurgical pour pouvoir se marier. « Il était impossible pour moi d’envisager un avenir d’épouse sans être vierge. » L’opération réalisée, la jeune femme s’est mariée avec un Français d’origine maghrébine. Le couple a aujourd’hui des enfants.

Le témoignage d’Hayat éclaire d’un jour particulier l’information qui fait beaucoup de bruit depuis hier : le tribunal de grande instance de Lille a annulé une union début avril pour « erreur sur les qualités essentielles du conjoint », car l’épouse avait menti sur sa virginité. Hayat, elle, vit avec son secret. Voici comment les choses se sont passées.

Née au Maroc, elle à grandi dans la banlieue de Paris où vit une partie de sa famille. « J’ai eu beaucoup d’amis, je me suis beaucoup amusée », dit-elle. Comprendre : Hayat a eu des rapports sexuels bien que non mariée. Elle n’a pas suivi ce conseil de chasteté qui se transmet de mère en fille et qu’on peut traduire ainsi en français : embrasse, caresse mais prends garde à ta boîte d’or.

Promise à son futur mari, Hayat se rend dans une ville marocaine où réside l’autre partie de sa famille, pour y subir une hyménoplastie. Une opération intime et délicate, mais son exécution reste simple. Elle permet la reconstitution naturelle de l’hymen sans traces visibles. « C’est une amie en France qui m’a indiqué l’adresse d’une femme docteur au Maroc, raconte-t-elle. Sur place j’ai déboursé 5000 dirhams (environ 450 euros au taux officiel), coût de l’intervention. L’opération a été effectuée sous anesthésie locale, elle a duré une demi-heure, elle s’est bien passée. »

Avant de la laisser partir, le docteur lui prodigue ces conseils : « ne pas faire de sport, ne pas courir ou grimper en courant les escaliers, ne pas faire du vélo, éviter de porter du lourd, comme les jerricans ou les sauts d’eau, interdiction absolue d’aller au hammam ou au sauna, au moins pour une semaine. »

Après son opération, elle reste encore quelque temps au Maroc, auprès de ses proches qui ne se doutent de rien. Hayat invente un subterfuge pour pouvoir suivre les recommandations du médecin. Son séjour marocain terminé, elle rentre en France pour célébrer son mariage.

Hayat dit ne rien regretter de son acte. « J’estime ne pas avoir trahi mon mari, et aujourd’hui je l’aime », affirme-t-elle. Si c’était à recommencer, elle ne se ferait pas recoudre l’hymen au Maroc, mais « en banlieue parisienne ». Hayat assimile ce type d’intervention « à de la chirurgie esthétique ». Mais ce qu’elle a vécu, elle ne le souhaiterait pas pour sa fille. Si le cas devait se présenter, elle l’accompagnerait dans sa démarche. « J’aurais bien aimé qu’une sœur ou ma mère me soutienne au cours de cette épreuve. »

Ce que la tradition musulmane exige des jeunes femmes, elle le réclame aussi, en principe, des jeunes hommes : pas d’actes sexuels avant le mariage. Mais la nature et la culture ont fait que ces derniers peuvent se marier sans avoir à produire de preuves de virginité.

Source : BondyBlog - Nicolas Fassouli

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Droits et Justice - Femme marocaine - Mariage

Ces articles devraient vous intéresser :

Aïd al-Fitr au Maroc : les salons de coiffure pris d’assaut

Au Maroc, les salons de coiffure retrouvent une affluence en cette période de fin de ramadan. Les Marocains célèbrent l’Aïd El Fitr ce mercredi 10 avril.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Ramadan 2023 : le Maroc envoie des imams en Europe

Afin d’assurer l’accompagnement et l’encadrement religieux des Marocains résidant à l’étranger (MRE), la Fondation Hassan II a annoncé l’envoi en Europe de 144 universitaires, prédicateurs et récitateurs du Coran durant tout le mois de Ramadan 2023.

L’actrice Malika El Omari en maison de retraite ?

Malika El Omari n’a pas été placée dans une maison de retraite, a affirmé une source proche de l’actrice marocaine, démentant les rumeurs qui ont circulé récemment sur les réseaux sociaux à son sujet.

Ramadan 2023 : le Maroc va envoyer 400 prédicateurs à l’étranger, surtout en Europe

Interpelé sur « l’encadrement religieux des MRE », le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a déclaré que le gouvernement a pris ses dispositions pour que durant le mois de ramadan, cette opération ait finalement lieu après...

Chaâbane débute ce dimanche, le ramadan dans un mois

Le premier jour du mois de Chaâbane de l’année 1445 de l’hégire correspond au dimanche 11 février 2024, a annoncé samedi le ministère des Habous et des Affaires Islamiques dans un communiqué.

Le ramadan débutera jeudi en France

Le ramadan débutera officiellement le jeudi 23 mars en France, annonce le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz.

Maroc : la vérité sur l’interdiction aux femmes de séjourner seules dans un hôtel

Une circulaire du ministère de l’Intérieur aurait interdit aux femmes de séjourner dans un hôtel de leur ville de résidence. Interpellé sur la question par le député de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) Moulay Mehdi El Fathemy, le...

Un lycée français au Maroc accusé d’intolérance religieuse

Le lycée Lyautey est au cœur d’une polémique après que plusieurs médias marocains ont publié qu’une employée de l’établissement aurait été empêchée d’y accomplir la prière. La direction du centre éducatif dément cette rumeur qu’elle juge « inconcevable ».