Le Maroc formera 45 000 imams

2 juillet 2009 - 22h23 - Maroc - Ecrit par :

Alors que 82 pour cent des imams du Maroc manquent de toute formation de base, un nouveau programme de qualification vise à donner à la société marocaine un meilleur encadrement religieux et à lutter contre l’extrémisme.

Près de 45 000 imams bénéficieront d’une formation dans le cadre d’un nouveau programme lancé par le gouvernement le 26 juin, dans le cadre d’un plan plus vaste de réforme des affaires religieuses dans le royaume.

En 2004, le premier programme de réforme avait conduit à une refonte du ministère des Affaires islamiques, à la révision de la législation en vigueur sur les lieux de culte et à la modernisation de l’enseignement religieux.

Ahmed Toufik, ministre des Affaires islamiques et des Habous, a expliqué que ce programme de 200 millions de dirhams offrira à la société un encadrement religieux plus en phase avec le monde actuel et soucieux de préserver l’identité nationale.

Quelque 1 500 formateurs assureront cette formation dans les zones rurales et urbaines du pays, pour donner aux imams les compétences requises pour dispenser un enseignement religieux correspondant à la réalité de la société marocaine.

Ce programme de formation – basé sur le rite malékite pratiqué par les Musulmans sunnites du Maroc – est obligatoire pour tous les imams. Il comporte un enseignement spirituel, une discussion sur les fonctions de la mosquée et d’autres sujets couverts par le Conseil supérieur des Oulémas.

Depuis 2006, l’Etat a sélectionné 150 imams disposant de diplômes universitaires pour un programme de formation de douze mois. Désormais, tous les nouveaux imams devront être titulaires de diplômes et suivre une formation.

Abdelbari Zemzemi, imam et député au parlement, s’est félicité de cette initiative gouvernementale, affirmant qu’elle aurait dû être prise il y a longtemps. De nombreux imams, a-t-il déclaré, sont "presque analphabètes", parce que leur connaissance se limite à mémoriser le Coran. "L’imam doit servir d’exemple pour les citoyens et doit avoir un minimum de connaissances religieuses afin de répondre aux aspirations des gens", affirme-t-il. "Il doivent être choisis avec soin."

Pour Mehdi Fourak, professeur d’enseignement islamique, les objectifs réels de ce programme de formation des imams peuvent être discutables. "La réalité du niveau scolaire des imams est connue depuis longtemps", affirme-t-il. "Pourquoi a-t-on choisi cette période pour lancer le programme ? Il faut dire que certains prédicateurs échappent au discours de l’Etat, ce qui peut déranger parfois les pouvoirs publics."

Un avis que ne partage pas Lahcen Daoudi, député du Parti pour la Justice et le Développement. Pour lui, cette initiative a certes trop tardé à venir, mais il n’y a pas lieu de tirer des conclusions hâtives.

Pour lui, le plus important est de ne pas tomber dans une sorte de normalisation du profil des prêcheurs. M. Daoudi juge essentiel qu’un imam soit qualifié, afin qu’il puisse "bien assimiler la réalité", notamment l’ouverture que connaît actuellement le Maroc, et d’autres sujets de l’époque moderne.

Les citoyens marocains ont appris avec satisfaction la décision de mise à niveau des imams, dont le message reste très éloigné de la réalité. Hamdi Cherif, un enseignant, explique que bon nombre de prêcheurs se trouvent déconnectés de la réalité et adoptent un discours vieillot, qui ne peut convaincre personne.

Source : Siham Ali - Magharebia

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Religion - Ahmed Toufiq - Formation - Ministère des Habous et des Affaires islamiques

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : l’épineux problème des cimetières

Face à une crise grandissante liée à l’espace des cimetières au Maroc, Ahmed Toufiq, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, a abordé, ce lundi, la problématique devant la Chambre des représentants.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Des prières rogatoires dans les synagogues marocaines

Après les mosquées, c’est au tour des synagogues au Maroc d’accueillir des prières rogatoires en faveur de la pluie.

Des prières rogatoires dans toutes les mosquées marocaines ce mardi

Face à la rareté des pluies, le roi Mohammed VI a une nouvelle fois ordonné l’accomplissement de prières rogatoires dans toutes les mosquées marocaines.

Voici la date de l’Aïd el-Fitr en France

Débuté le 11 mars dernier, le mois du ramadan touche progressivement à sa fin. Le Conseil théologique musulman de France (CTMF) a annoncé samedi la date de l’Aïd al-Fitr marquant la fin de la période de jeûne à l’occasion de l’entame de la dernière...

Aïd al-Fitr au Maroc : les salons de coiffure pris d’assaut

Au Maroc, les salons de coiffure retrouvent une affluence en cette période de fin de ramadan. Les Marocains célèbrent l’Aïd El Fitr ce mercredi 10 avril.

L’Institut musulman Al Cham à Montpellier fermé par la Préfecture

L’Institut Al Cham, établissement religieux musulman situé à Montpellier, a été fermé suite à un contrôle administratif inopiné mené par la préfecture. Les autorités ont constaté que l’établissement accueillait illégalement des enfants mineurs de moins...

Une prière musulmane à l’aéroport de Roissy fait polémique

Augustin de Romanet, PDG d’ADP a réagi à une prière collective réunissant une trentaine de musulmans dimanche 5 novembre dans une salle d’embarquement de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, et qui a soulevé de vives polémiques.

Un lycée français au Maroc accusé d’intolérance religieuse

Le lycée Lyautey est au cœur d’une polémique après que plusieurs médias marocains ont publié qu’une employée de l’établissement aurait été empêchée d’y accomplir la prière. La direction du centre éducatif dément cette rumeur qu’elle juge « inconcevable ».

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.