Le Parlement européen embarrassé par l’extrême droite

17 janvier 2007 - 21h59 - Monde - Ecrit par : L.A

Les socialistes ont, en vain, tenté de bloquer l’initiative du nouveau groupe politique Identité Tradition Souveraineté de Bruno Gollnisch.

La politique du bâton à l’égard de l’extrême droite ne fait pas l’unanimité au sein du Parlement européen. Depuis l’annonce de la création, au sein de l’institution, du groupe politique Identité Tradition Souveraineté, présidé par l’élu du Front national Bruno Gollnisch, les eurodéputés s’interrogent sur la tactique à adopter pour combattre cette formation, érigée par certains au rang d’ennemie de la démocratie. Lundi soir, le président du groupe socialiste, Martin Schultz, a tenté, en vain, de bloquer l’initiative de l’extrême droite. Au motif que ses 20 membres - des régionalistes flamands du Vlaams Belang à la petite fille du Duce, Alessandra Mussolini, en passant par les Roumains hostiles aux minorités tziganes - étaient trop dissemblables pour prétendre constituer un groupe politique homogène. Bruno Gollnisch a aussitôt dénoncé les « discriminations » dont lui-même et ses amis étaient « victimes ».

Leur offensive juridique ayant échoué, les socialistes ont désormais banni de leur vocabulaire le concept de « cordon sanitaire », qu’ils souhaitaient initialement ériger autour du groupe indésirable. Avec le soutien d’élus écologistes, libéraux et communistes, ils tentent désormais d’empêcher leurs adversaires de conquérir les deux postes de vice-présidents de commissions parlementaires auxquels ces derniers peuvent légitimement prétendre. Ces scrutins se dérouleront la semaine prochaine à Bruxelles. « Je ne voterais pas pour des fascistes » a prévenu Martin Schultz. Les libéraux et les Verts devraient se joindre au mouvement, mais refusent de donner des « consignes de vote ». « Le groupe ITS a pour seul objectif de servir de plate-forme à Gollnisch pour l’élection présidentielle française. Il fera long feu », pronostique le président du groupe libéral démocrate, Graham Watson. Les cinq sièges aujourd’hui attribués aux députés d’extrême droite roumains pourraient être remis en cause lors des élections européennes de mai prochain, à Bucarest. C’est du moins le souhait de leurs adversaires.

Ligne dure

Pour sa part, le groupe conservateur (PPE), première formation à Strasbourg, est divisé à l’égard de l’extrême droite. Se déclarant hostile à toute forme d’extrémisme, qu’il soit de droite ou de gauche, ses représentants tchèques et polonais entendent adopter une ligne dure. En revanche, au nom de la défense de la « démocratie », les Français de l’UMP refusent de se joindre à des « manoeuvres politiques indignes » qui auraient pour but d’interdire l’accès des membres d’ITS à leurs responsabilités parlementaires légitimes. « On ne peut pas les traiter en pestiférés », estime Margie Sudre.

Le problème risque encore de se compliquer lorsqu’il s’agira pour les eurodéputés de réunir des soutiens afin d’adopter des résolutions politiques, allant de la crise au Proche-Orient à l’implantation du siège du Parlement. Accepteront-ils, le cas échéant, les voix de l’extrême droite ? De nombreux parlementaires préfèrent éluder cette question.

Le Figaro - Pierre Avril

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Union européenne - Racisme

Ces articles devraient vous intéresser :

Accord de pêche Maroc - UE : inquiétude en Andalousie

Alors que l’accord de pêche entre l’Union européenne et le Maroc, essentiel pour la province andalouse de Cadix, approche de son terme le 17 juillet, l’angoisse grandit au sein des équipages de pêche andalous. Ces derniers, qui dépendent des eaux...

Accusé de racisme, Christophe Galtier a le soutien de Laurent Blanc

À l’instar de Genesio, Kombouaré et Roy, le coach de l’Olympique lyonnais (OL) Laurent Blanc a défendu son collègue et ami Christophe Galtier, entraîneur du PSG accusé de racisme dans une affaire qui remonte à son passage à l’OGC Nice la saison dernière.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Accord de pêche : le Maroc et l’UE font le point

La quatrième Commission mixte de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et le Maroc s’est réunie les 9 et 10 novembre à Rabat.

Tanger Med menace les ports européens

Malte craint l’avantage fiscal du port Tanger Med à cause de l’introduction d’une taxe environnementale dans les pays de l’Union européenne(UE) à partir de 2024. Les grandes compagnies maritimes peuvent se détourner vers le port marocain.

Le Polisario a-t-il détourné les fonds de l’Europe destinés aux Sahraouis ?

La Commission de l’Union européenne a répondu à une question écrite du député européen Brice Hortefeux portant sur les fonds qu’elle a envoyés aux Saharouis.

Immigration : l’aide européenne est « en deçà » des dépenses du Maroc

Le directeur de la migration et de la surveillance des frontières au ministère marocain de l’Intérieur, Khalid Zerouali, a déclaré que les 500 millions d’euros d’aide de l’Union européenne pour lutter contre l’immigration illégale pour la période...

Parlement européen : le Maroc aurait offert des séjours à la Mamounia

La députée socialiste Marie Arena et l’ex-eurodéputé italien Antonio Panzeri, visés dans le scandale au parlement européen, auraient bénéficié en 2015 d’un séjour de luxe à l’hôtel La Mamounia de Marrakech, tous frais payés par les autorités marocaines.

Éric Ciotti met en avant les liens « très puissants » entre le Maroc et la France

Le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, a plaidé pour la réparation des erreurs passées et critiqué le manque de considération envers le Maroc. Dans une déclaration à la presse, M. Ciotti a souligné l’importance des liens « très puissants...

Université Paris-Dauphine : propos racistes envers une étudiante voilée

Une étudiante voilée a été victime de propos racistes de la part d’une intervenante du jury lors d’une soutenance de fin d’année à l’Université Paris-Dauphine.