Constructions : Jusqu’à 200 dossiers annuels par architecte

27 mai 2008 - 22h54 - Economie - Ecrit par : L.A

Le torchon brûle entre l’Agence urbaine de Casablanca et les architectes. Une enquête menée par les services de l’Agence révèle que plusieurs cabinets traitent plus de 200 dossiers par an. Rappelons qu’il existe près de 1.600 cabinets d’architecture au Maroc. « Et si certains ont du mal à trouver un contrat, d’autres croulent sous les chantiers », confie une source à l’Agence.

Selon elle, « trop de dossiers empêchent les architectes à se conformer à leur cahier des charges et peuvent aboutir à des catastrophes ». Allusion faite à l’effondrement d’un immeuble, en février dernier à Kénitra, et qui a fait 16 morts et 26 blessés. En clair, fini les privilèges et une répartition équitable des dossiers.

« L’Agence essayera de provoquer une réunion incessamment avec le conseil de l’Ordre des architectes pour discuter de ce problème », apprend-on auprès de la direction de l’Agence. Celle-ci n’hésite pas à brandir la menace du blocage des dossiers à son niveau. « Si ce problème persiste, nous envisagerons le blocage des dossiers déposés par les architectes », avance la même source.

Cette annonce fait grincer des dents dans la profession. Même s’il confirme l’existence de cette problématique, Azelarab Benjelloun, président de l’Ordre régional des architectes de Casablanca, estime que la solution ne relève pas des prérogatives de l’Agence urbaine. « Nous disposons de statistiques au niveau de l’Ordre et ce depuis des années déjà. Ce problème concerne la profession et non l’Agence urbaine. Nous réclamons depuis 1995 un contrôle efficace des chantiers. Il existe une nonchalance par rapport au respect des contrats », souligne Benjelloun.

Selon lui, « les architectes qui traitent des centaines de dossiers par années sont communément appelés signataires. C’est-à-dire qu’ils n’accompagnent pas le chantier jusqu’à l’obtention du permis d’habiter et se contentent de signer le plan ». Benjelloun explique que « si l’Agence urbaine veut aider la profession, elle doit commencer par exiger le cahier de chantier et réclamer les plans d’exécution ».

En effet, les contrôleurs des différentes administrations (commune, agence urbaine notamment) se contentent généralement des plans autorisés. « Alors que ceux-ci sont calculés au centième et ne sont pas toujours précis ».

Le Conseil régional insiste sur « la signature de l’architecte sur le cahier de chantier pour prouver sa présence tous les 15 jours ». Benjelloun ajoute que le respect de la réglementation permettra également au Conseil de l’Ordre d’exercer son pouvoir disciplinaire. « Nous ne pouvons pas exercer un tel pouvoir si nous ne disposons pas de preuve de faute professionnelle. Celle-ci est quasi impossible à prouver en l’absence d’une décision administrative d’arrêt de chantier », tonne le président du conseil régional.

Autant dire que si la pratique perdure, c’est parce que les sanctions, judiciaires comme disciplinaires, sont très rares.

Architectes vs Signataires

Que ce soit dans le public qui représente un peu moins de 7% du marché de l’architecture, ou dans le privé, les « signataires sévissent et multiplient les marchés », confie un architecte de la capitale économique. Selon lui, l’architecte, ou du moins son cabinet, doit participer à chacune des étapes du projet. De l’élaboration des plans jusqu’à l’obtention du permis d’habiter ». Mais la pratique est différente : certains architectes, communément appelés « signataires » visent les plans, empochent leurs honoraires, et passent au projet suivant sans se soucier du déroulement du chantier.

Source : L’Economiste - Naoufal Belghazi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immobilier - Lois - BTP

Ces articles devraient vous intéresser :

Terres soulaliyates : mise en garde du ministère de l’Intérieur

La légalisation des signatures portant sur des transferts de propriété de terres soulaliyates est « illégale » et peut donner lieu à des poursuites judiciaires, a rappelé le ministère de l’Intérieur aux présidents des collectivités territoriales.

Maroc : de bonnes perspectives pour le marché de l’occasion

Le projet de loi de finances (PLF) 2023 annonce une hausse de 33,36 % des recettes de droits de mutation (biens immobiliers, automobiles, etc.). Les perspectives semblent prometteuses pour le marché de l’occasion.

Le Maroc, un chantier à ciel ouvert

Au Maroc, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et celui des matériaux de construction devraient tirer profit de l’organisation la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, la co-organisation de la coupe du monde 2030 ainsi que d’autres...

Aide au logement : succès auprès des MRE

Près d’un quart des potentiels bénéficiaires de l’aide au logement sont des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Les inscriptions ont démarré le 1ᵉʳ janvier.

Airbnb échappe au fisc marocain

Airbnb, la plateforme communautaire permettant de mettre en relation des voyageurs avec des entreprises hôtelières (hôtels, gîtes, chambres d’hôtes), des investisseurs en immobiliers locatifs para-hôteliers, échappe au fisc marocain.

Aides au logement au Maroc : conditions et modalités d’octroi

La ministre de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, Fatim Ezzahra El Mansouri, a présenté vendredi, lors d’une conférence de presse au siège de son département, le processus à suivre par les...

Carrières de sable illégales au Maroc : de hauts responsables pointés du doigt

De hauts responsables figurent parmi les exploitants « clandestins » de carrières de sable qui commercialisent du sable de mauvaise qualité partout au Maroc. D’ailleurs, cette activité échappe à la taxation imposée dans la loi de finances 2023.

L’activité immobilière au Maroc ralentit fortement

La crise semble s’installer. Les ventes de ciment, principal indicateur de l’activité immobilière continue de baisser au Maroc. À fin août dernier, ces ventes ont diminué de 7,2 % en rythme annuel, selon la Direction des études et des prévisions...

Immobilier au Maroc : des contraintes en série

Au Maroc, les professionnels de l’immobilier affichent peu d’optimisme quant à une reprise de leur secteur. Tant les problèmes s’accumulent pour un secteur qui ne s’est pas encore suffisamment remis de la crise sanitaire de Covid-19.

Des influenceurs marocains impliqués dans des achats immobiliers illégaux à l’étranger

L’Office des changes a découvert que des influenceurs et créateurs de contenu sur Internet ont des propriétés non déclarées à l’étranger et violent les textes régissant le change.