Le Maroc veut baisser le taux de détention préventive

30 mai 2021 - 06h00 - Maroc - Ecrit par : J.D

La présidence du ministère public est favorable à la réduction du taux de détention préventive au Maroc. Le Procureur général du Roi près la Cour de Cassation, El Hassan Daki, l’a signifié vendredi à Tétouan, lors d’une journée d’étude sur la « détention provisoire au Maroc ».

« La présidence du ministère public n’épargnera aucun effort pour rationaliser la détention préventive en tant qu’orientation stratégique, mettant en avant la nécessité d’adopter de nouvelles alternatives à la détention préventive », a affirmé El Hassan Daki, soulignant que le ministère public pourrait aller si possible, aux amendements législatifs du Code pénal et du Code de procédure pénale.

« Ce qui contribuera certainement à réduire le taux de détention préventive au Maroc », assure-t-il en présence des membres l’Ordre des avocats de Tétouan, de magistrats et des représentants des métiers de la justice et de l’Observatoire marocain des prisons.

Le Procureur général du Roi près la Cour de Cassation a insisté sur la sacralité du droit de la liberté des individus consacrée par la constitution marocaine avant de rappeler que le ministère public tient compte des intérêts fondamentaux du sujet de droit, avant d’émettre des ordonnances de mise en détention préventive.

À l’en croire, le parquet recherche l’équilibre entre le droit de l’individu à la liberté et le droit de la société à la sûreté et à la sécurité, à travers la lutte contre les crimes. « Il s’agit d’un équilibre difficile à atteindre, et que la bonne décision n’est pas facile à prendre », avoue Daki, notant que la seule détermination du ministère public ne peut induire la réduction du taux de détention préventive.

Car, explique le patron de juridiction, plusieurs multiples facteurs déterminent le taux de détention préventive. Ils sont liés notamment au nombre de détenus, à la définition alambiquée par la loi du terme « détenu » et au rythme de règlement des dossiers des détenus. Par exemple, la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire a fait croitre le taux de détention préventive de 45 % en 2020 amenant la justice marocaine à adopter le choix stratégique du procès à distance, qui a permis la libération de plus de 12 000 personnes, poursuit le président du ministère public.

Au Maroc, la population carcérale totale s’élevait à 84 990 personnes en 2020. Seules 15 359 personnes n’ont pas fait l’objet d’une décision de première instance sur l’exécution d’une peine privative de liberté, soit 18 %, qui est le taux réel de détention préventive, selon la définition adoptée par les Nations Unies et dans les lois comparées.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Procès - Prison

Aller plus loin

Safi : trois personnes placées en détention pour homicide volontaire

Le Procureur général du Roi près la cour d’appel de Safi a ordonné, samedi, une enquête judiciaire suite à un homicide relayé sur les réseaux sociaux. Trois personnes sur qui...

Maroc : vers l’instauration des peines alternatives à la place de la détention préventive

Le Maroc s’achemine vers l’instauration des peines alternatives à la place de la détention préventive. La question était au cœur d’un séminaire international tenu à Rabat.

Maroc : les détenus graciés par le roi Mohammed VI placés en quarantaine

Les détenus graciés par le roi Mohammed VI doivent respecter la période de confinement sanitaire à domicile, selon les exigences des autorités sanitaires.

Maroc : bientôt le bracelet électronique comme alternative à la prison ?

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice propose le bracelet électronique comme alternative à la prison, notamment pour l’émission de chèques sans provision, la consommation de...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : le casier judiciaire électronique enfin lancé

Le ministère de la Justice a procédé mardi, au lancement de quatre nouveaux services numériques dont le casier judiciaire électronique.

Des ennuis judiciaires pour deux anciens ministres (15 milliards de DH en jeu)

L’Association marocaine de la protection des deniers publics vient de déposer une plainte devant la justice contre deux anciens ministres de la Jeunesse et des sports et d’autres responsables pour avoir dilapidé environ 15 milliards de dirhams.

Deux fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone en prison

Accusés de détournement de fonds, deux anciens fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone ont été placés en détention, mercredi, par le procureur général du Roi près du tribunal des crimes financiers de Rabat.

Maroc : révocation en vue des députés poursuivis par la justice

Les députés poursuivis par la justice pour détournement ou dilapidation de fonds au Maroc pourraient être déchus de leurs mandats. La Chambre des représentants s’apprête à voter des amendements dans ce sens.

Accusé de viol, Achraf Hakimi se sent « trompé et piégé », selon ses proches

Achraf Hakimi a été mis en examen vendredi pour viol. Le défenseur marocain du Paris Saint-Germain (PSG), qui nie les faits, est soutenu par sa famille et son club. Selon ses proches, il dit se sentir « trompé ».

Maroc : utilisation frauduleuse de l’autorisation de polygamie

Le premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Mohamed Abdennabaoui, a mis en garde les présidents des tribunaux contre l’utilisation frauduleuse de l’autorisation de polygamie.

Maroc : vers l’égalité des sexes dans les contrats de mariage

Le ministre marocain de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a réaffirmé son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes lors de la conclusion de contrats de mariage et autres actes juridiques.

Enfants hors mariage : « la fête d’une nuit est à payer pendant 21 ans »

Comme pour les couples mariés, les enfants nés hors mariage au Maroc seront pris en charge par les parents. Une disposition est prévue dans le nouveau Code pénal pour reconnaitre leur droit, a annoncé le ministre de la Justice Abdellatif Ouhabi.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...