Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

5 juin 2023 - 13h00 - Maroc - Ecrit par : A.P

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Kenza Mouloudi, étudiante à l’école Centrale de Casablanca, estime avoir fait le bon choix. « Dans la société marocaine, une femme ingénieure est respectée. Mon expertise sera reconnue, c’est socialement valorisant », explique-t-elle au journal Le Figaro. Comme elle, plusieurs jeunes filles marocaines choisissent d’intégrer les écoles d’ingénieurs du royaume. Selon un rapport de l’Unesco publié en 2021, 42 % de l’effectif de ces écoles est constitué de filles, contre seulement 28 % en France, selon les données de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (CDEFI).

Au Maroc, « les meilleurs élèves, filles et garçons, choisissent les classes préparatoires et les écoles d’ingénieurs. La formation est perçue comme le parcours des élites », explique Ghita Lahlou, directrice de l’école Centrale Casablanca où elle a été formée. Pour cette femme d’affaires, les jeunes filles marocaines investissent ces établissements pour « acquérir les outils et la légitimité nécessaires pour s’imposer dans des milieux considérés comme masculins ».

À lire : France : nouvel exploit des Marocains aux concours des écoles d’ingénieurs

Hafssa El Mrchani, étudiante boursière à l’École nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM) de Rabat a reçu le prix de l’élève ingénieure Maghreb 2023, décerné par la CDEFI, au terme d’un concours visant à encourager les jeunes filles à choisir les cursus d’ingénieurs. « Pour y arriver, le soutien de la famille est déterminant. Les mères marocaines sont des battantes, ce sont elles qui encouragent leurs filles à faire des études, à devenir autonomes », estime Hafssa.

« Le niveau dans les matières scientifiques est bon dans les écoles publiques marocaines », analyse Doha Sahraoui, maître de conférences à Université Cadi Ayyad de Marrakech, précisant qu’une fois diplômées, ces femmes devront s’imposer dans des secteurs dits « masculins », comme l’industrie, le génie civil et le bâtiment. Mais c’est sans compter avec « les grossesses et la maternité » qui, selon la chercheuse, « risquent de jouer sur les carrières de ces femmes. Elles risquent de subir potentiellement des pressions familiales ou bien celle de l’employeur ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Education - Femme marocaine - Formation

Aller plus loin

Les banques françaises s’arrachent les ingénieurs financiers marocains

Le magazine Marianne a consacré un article aux ingénieurs marocains pour non seulement saluer leur succès mais aussi pour vanter la qualité des formations en mathématique qu’ils...

Le Maroc veut combler son déficit en ingénieurs et techniciens d’ici 2025

Une convention cadre a été signée, mardi à Rabat, pour renforcer la formation d’ingénieurs, de cadres moyens et de techniciens supérieurs dans différents secteurs industriels.

Fuite des cerveaux : le Maroc perd 600 ingénieurs par an

L’exode massif des compétences marocaines ne touche pas que le secteur sanitaire. L’ingénierie n’y échappe pas, selon une analyse faite par Hamida Benlemlih, directrice générale...

France : nouvel exploit des Marocains aux concours des écoles d’ingénieurs

En France, les étudiants marocains ont une fois de plus montré qu’ils sont des as en mathématiques et en physiques. En témoignent les résultats des concours des meilleures...

Ces articles devraient vous intéresser :

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Ramadan et menstrues : le tabou du jeûne brisé

Chaque Ramadan, la question du jeûne pendant les menstrues revient hanter les femmes musulmanes. La réponse n’est jamais claire, noyée dans un tabou tenace.

L’humoriste Taliss s’excuse après avoir insulté la femme marocaine

L’humoriste Taliss de son vrai nom Abdelali Lamhar s’est excusé pour la blague misogyne qu’il a faite lors d’une cérémonie organisée en hommage aux Lions de l’Atlas qui ont atteint le dernier carré de la coupe du monde Qatar 2022. Il assure n’avoir pas...

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Youssra Zouaghi, Maroco-néerlandaise, raconte l’inceste dans un livre

Victime d’abus sexuels et de négligence émotionnelle pendant son enfance, Youssra Zouaghi, 31 ans, raconte son histoire dans son ouvrage titré « Freed from Silence ». Une manière pour elle d’encourager d’autres victimes à briser le silence.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...