Au Maroc, l’huile d’olive se fait rare et chère

6 novembre 2023 - 08h00 - Economie - Ecrit par : S.A

Au Maroc, la sécheresse et les vagues de grande chaleur continuent de toucher la production de l’huile d’olive qui connait une baisse considérable cette année. En conséquence, le prix de ce fruit indispensable aux saveurs des mets des Marocains s’envole.

La production de l’huile d’olive reste tributaire de l’eau. « Vous voyez les effets de la sécheresse ? La majorité des agriculteurs ici n’irriguent pas et dépendent de la générosité du ciel », déclare à Maroc Hebdo Lahoussine Mechache, président du Groupement d’intérêt économique Zoyout Ait Attab. La rareté de l’eau impacte négativement la production. « C’est une catastrophe. La récolte va baisser encore une fois et les choses vont empirer », se lamente-t-il près d’une plantation d’olivier nichée dans les contreforts du Haut-Atlas central, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de la ville de Béni Mellal. Selon cet agriculteur, le problème a débuté fin 2021 et s’est accentué surtout en 2022 et 2023. « Même pour l’irrigation c’est devenu difficile. À Tadla ou Béni Mellal, il faut creuser jusqu’à 300 mètres au moins pour espérer trouver de l’eau… C’est un peu moins compliqué à Azilal, mais le problème est toujours là », déplore-t-il.

À lire :Maroc : l’huile d’olive devient un luxe

Lors d’une conférence de presse organisée le 20 octobre 2023 dans la province de Settat, le ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts annonçait que la récolte tournera autour de « 1,07 million de tonnes, soit le même niveau que lors de la précédente campagne », soit une chute considérable de 44 % par rapport à la production record d’un peu plus de 1,9 million de tonnes enregistrée à l’automne 2021, et même par rapport à la moyenne de 1,7 million de tonnes sur la période 2018 – 2021 et la moyenne annuelle de 1,4 million de tonnes sur 2016-2019. 27 % de l’huile d’olive vont être récoltés dans la région de Fès-Meknès, 19 % pour l’Oriental et Tanger-Tétouan-Al Hoceima pour 17 %. Les oliviers sont cultivés sur une superficie totale de 1,2 million d’hectares dont avec 750 000 hectares, contre 450 000 hectares en irrigué pour le bour (zone de culture), soit 65 % de l’arboriculture dans le royaume.

À lire :Crise de l’huile d’olive au Maroc : comment faire baisser les prix ?

Cette baisse considérable de la production entraine par conséquent la flambée des prix de l’huile d’olive. Le litre du produit fini peut augmenter jusqu’à 100 dirhams/litre selon les régions de provenance et la qualité des olives et des méthodes utilisées dans la fabrication de l’huile, précisent des professionnels. Il devrait revenir à environ 90 dirhams/litre au consommateur, soit une hausse de 15 % en moyenne par rapport à la campagne précédente, « qui elle-même avait été marquée par une flambée comparativement aux années d’avant. » L’huile issue des variétés d’olives locales dont la productivité varie entre 16 et 18 % est concernée par cette flambée. Quant aux variétés espagnoles dont le rendement supérieur devrait atteindre 24 %, les prix seraient moins élevés.

À lire :Olive : le Maroc serre la vis sur l’export

Afin de contenir cette inflation et de satisfaire la forte demande locale, le ministère du Commerce et de l’Industrie a pris des mesures préventives pour limiter l’exportation de l’huile d’olive jusqu’au 31 décembre 2024.

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