Maroc : les magistrats en colère

15 janvier 2020 - 12h00 - Maroc - Ecrit par : Bladi.net

Les magistrats sont en colère. Ils l’ont manifesté par le rejet, pur et simple, du décret fixant leurs indemnités. À les en croire, le texte ne comble pas leurs attentes, car ne respecte aucun critère d’objectivité.

Le barème des indemnités que le gouvernement entend instaurer dans le cadre d’un projet de décret qui sera adopté jeudi prochain, n’est pas du goût des magistrats. Ceux-ci accusent le gouvernement d’avoir préparé ce décret et fixé ces indemnités sans leur collaboration. Ainsi, pour les magistrats, ces indemnités sont fixées de façon " unilatérale " et sont " injustes ".

Pour manifester sa colère, le club des magistrats a tenu une réunion extraordinaire samedi dernier, rapporte le quotidien Assabah. Après s’être indigné de la démarche du gouvernement, le club des magistrats a affirmé que ces indemnités "ne correspondent en rien à la nature ni à l’ampleur de la mission qui leur assignée et, encore moins, au principe de l’indépendance du pouvoir judiciaire". En clair, il s’agit là d’indemnités " trop maigres ", d’autant qu’il s’agit de montants bruts et donc sujets à des retenues à la source au titre de l’IR, détaille la même source qui s’appuie sur les déclarations du club des magistrats.

Chose " étonnante " d’après les magistrats, c’est que ce texte " porte sur certains aspects de la profession que seuls ceux qui l’exercent sont capables de maîtriser ". Autres agissements intolérables du gouvernement d’après les magistrats, c’est sa décision de rendre impossible le cumul de certaines indemnités. C’est le cas, notamment, des indemnités et primes de supervision et de gestion administrative qui ne peuvent, selon le projet de décret, être cumulées avec l’indemnité de permanence, par exemple, souligne Assabah. À tout ceci s’ajoutent la méthode adoptée pour calculer l’indemnité forfaitaire de transport et de logement, de même que celle fixée en fonction du grade des magistrats.

À tout le moins, selon le club, le gouvernement aurait pu respecter le principe d’équité qui voudrait que " ceux de grade inférieur bénéficient d’indemnités de montants supérieurs, au lieu de privilégier les magistrats de grade supérieur ". En définitive, les magistrats ont rejeté les " montants illogiques " proposés par le gouvernement et qui ne répondent à aucun critère d’objectivité, l’appelant à revoir sa copie en tâchant de les faire collaborer.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Ministère de la Justice et des Libertés

Aller plus loin

Maroc : les magistrats en colère

Le torchon brûle entre le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) et le Club des magistrats du Maroc au sujet des procédures disciplinaires. Ce club dénonce un...

Ces articles devraient vous intéresser :

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Deux fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone en prison

Accusés de détournement de fonds, deux anciens fonctionnaires du consulat du Maroc à Barcelone ont été placés en détention, mercredi, par le procureur général du Roi près du tribunal des crimes financiers de Rabat.

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Maroc : les tribunaux submergés après la levée des mesures restrictives

Depuis que l’amélioration de la situation épidémiologique au Maroc a entraîné l’assouplissement des mesures restrictives, la vie a repris dans les tribunaux avec une hausse considérable du nombre de plaintes, procès et affaires pénales.

Maroc : l’utilisation de WhatsApp interdite dans le secteur de la justice

Le procureur général du Maroc, Al-Hassan Al-Daki, a interdit aux fonctionnaires et huissiers de justice d’installer et d’utiliser les applications de messagerie instantanée, et principalement WhatsApp, sur leurs téléphones professionnels.

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...

Abdellatif Ouahbi accusé par les salafistes d’atteinte à l’islam

La réforme du Code de la famille passe mal chez les salafistes. Prêcheurs et imams de mosquées sont en colère contre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.

Maroc : utilisation frauduleuse de l’autorisation de polygamie

Le premier président de la Cour de cassation et président délégué du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ), Mohamed Abdennabaoui, a mis en garde les présidents des tribunaux contre l’utilisation frauduleuse de l’autorisation de polygamie.

Accusé de viol, Achraf Hakimi se sent « trompé et piégé », selon ses proches

Achraf Hakimi a été mis en examen vendredi pour viol. Le défenseur marocain du Paris Saint-Germain (PSG), qui nie les faits, est soutenu par sa famille et son club. Selon ses proches, il dit se sentir « trompé ».