Les opérateurs GPS à l’épreuve du marché

13 mars 2009 - 19h55 - Economie - Ecrit par : L.A

Arrivés sur le marché depuis quelques années, les opérateurs spécialisés dans la gestion de flotte par GPS sont en train de se faire une place au soleil. par contre, ceux qui les ont Rejoints depuis deux mois sur l’autre créneau du GPS, notamment celui des applications pour les particuliers, ceux-là ne sont pas sûrs de connaître la voie de la réussite.

Attendue au plus tôt dans le courant du second semestre 2009, l’offre de l’assistance totale à la navigation embarquée (GPS) pour les particuliers est arrivée sur le marché plus tôt que prévu, dans la précipitation. Au cours de ces deux derniers mois, les trois opérateurs que compte aujourd’hui le secteur ont débarqué sur le marché avec leurs produits. Derrière cet empressement, la volonté des uns et des autres de se positionner sur le marché avant la concurrence. « Chacun des opérateurs savait ce que tramait l’autre », souligne cet expert en géolocalisation.

Résultat des courses : chacun des opérateurs voulait être présent sur le marché et aucun des produits lancés ne semble encore être au point à 100%, à en croire les experts dans ce domaine et même les opérateurs du secteur qui se dénigrent mutuellement. En effet, confrontés au déficit en matière de cartographie locale, les opérateurs n’ont eu que le choix de développer leurs propres bases de données géographiques (cartes numériques). Globalement, le GPS de navigation terrestre, en mode voiture ou piéton, informe son usager en temps réel sur sa position et calcule un itinéraire optimisé en temps (le plus rapide) ou en distance (le plus court) pour mener son utilisateur d’un point donné à un autre. De plus, la recherche de destination peut se faire par adresse (localité, rue, intersection) et par point d’intérêt (hôtels, banques, stations services, hôpitaux…). « L’implémentation n’est pas encore tout à fait possible pour le moment. Il faudra encore du temps pour que le déploiement du GPS pour particuliers soit opérationnel avec les normes internationales.

Comment en effet mettre en place la base de données nécessaire à ce type d’application, sachant qu’il n’est pas encore normalisé dans nos villes. Il ne faut pas que ceux qui lancent ces gadgets induisent les consommateurs en erreur », prévient Hassan Moussaria, PDG de Geomatic, société présente sur le marché des systèmes d’information depuis plus d’une vingtaine d’années.

Le casse-tête de la cartographie

Quoi qu’il en soit, face à cet énorme déficit en termes de bases de données géographiques, des sociétés marocaines ont investi le créneau. C’est le cas de Navcities, qui a consacré trois ans pour mettre en place une cartographie. « Au début, les gens me prenaient pour un fou parce que nous consacrions autant de temps mes équipes et moi à ce projet de cartographie qui couvre aujourd’hui 42 villes du Maroc », souligne Adil Boumazoue, directeur associé de NewCom qui estime la valeur de sa carte numérique à 3 millions de dirhams. Il faut en effet des équipes pour sillonner les rues des principales villes afin de constituer la base de données. Rappelons que les principaux intervenants à l’échelle mondiale dans le domaine de la cartographie sont Novateq et Tele Atlas. Ils détiennent à eux deux 95% du marché mondial. Le premier a été racheté par Nokia, il y a quelques mois, alors que le second appartient depuis peu à Tom Tom. Jusqu’à récemment, les grands opérateurs internationaux ont préféré donner la priorité aux pays de l’Est après leur adhésion à l’Union européenne et aux pays du Moyen-Orient. Ces marchés sont, selon eux, plus porteurs.

Les ressources locales ayant anticipé leur arrivée en se lançant dans le développement des cartes ont fini par être incontournables aux yeux des mastodontes du secteur qui ont commencé à lorgner le marché marocain depuis l’année dernière. C’est ainsi que dans un premier temps, la plupart des grands opérateurs internationaux qui sont présents actuellement sur le marché ont tenté d’abord de racheter les cartes des opérateurs locaux.

C’est le cas de Novateq, qui a cherché tour à tour à racheter les bases de données géographiques de Geomatic et de NewCom, à en croire respectivement Hassan Moussaria et Olivier Chavoin, directeur associé de NewCom. Estimant qu’ils détiennent une valeur inestimable entre les mains, les opérateurs locaux qui possèdent ces bases de données ont préféré soit utiliser leurs cartes numériques à d’autres fins ou s’associer aux géants internationaux qui détiennent les applications (contenus) et parfois même les boîtiers de positionnement géographique.

C’est le cas de Navcities, qui s’est associée avec NGI Maroc et Weenee International pour créer NewCom Maroc début 2008. Depuis janvier dernier, cette société spécialisée dans le système de navigation routière, a lancé ses produits sur le marché. « Notre cartographie est en langue latine et arabe avec 42 villes dont les cinq classiques que sont Casablanca, Rabat, Tanger, Marrakech et Fès dont se contentent nos concurrents. En plus des axes de rues, nous avons intégré les points d’intérêt comme les cafés, banques, pharmacies, hôtels… Et puis, nous gérons les sens interdits contrairement à nos concurrents », lance Olivier Chavoin. Côté prix, NewCom offre deux boîtiers : l’un avec écran 3,5 pouces au prix de 2575 DH et un autre avec écran de 4,3 pouces au prix de 2900 DH. Quant à la carte, elle est commercialisée à 1500 DH.

Même le géant Garmin, qui revendique 60 % du marché mondial du GPS grâce à une gamme étendue d’appareils pour automobile, moto, bateau, sport, n’a pas échappé à une alliance au niveau local. Il s’est allié à la société marocaine Géoconseil, qui équipera les navigateurs d’une cartographie numérique qu’elle a développée elle-même, dans le Royaume, et à Global satellite Maroc. Dans un premier temps, la navigation est possible dans les cinq grandes villes du pays en attendant l’intégration d’autres. Pour l’heure, deux modèles sont commercialisés sur le marché national. Il s’agit du Nuvi 205 et du Nuvi 265. D’autres modèles viendront compléter la gamme. Les prix s’affichent entre 2700 DH/HT pour l’entrée de gamme et 9000 DH/HT. La cartographie est disponible séparément au prix de 1200 DH/HT.

Toujours est-il que le premier à lancer ses produits sur le marché est le géant mondial Tele Atlas, qui s’est associé avec l’entreprise marocaine de géolocalisation Cadtech, sans le concours de qui le projet n’aurait pas abouti. La solution couvre, pour un début, les villes de Casablanca, Rabat, Fès, Tanger et Marrakech de même que les centres villes de 1500 localités, avec comme priorité les points d’intérêt classiques. Les GPS, avec cartes détaillées des rues, boulevards et arrondissements des différentes villes, sont commercialisés depuis hier par Matel PC Market, à 2580 DH TTC. Les modèles proposés sont pour le moment destinés aux automobilistes et conducteurs privés. Le dernier entrant est Nokia, qui s’est allié à Meditel le 11 février dernier pour lancer ensemble ce qu’ils appellent le service « GPS Nokia cartes ». Ce service de navigation est à présent disponible sur deux types de terminaux Nokia.

Est-ce à dire que le créneau est porteur ? A en croire cet expert en géolocalisation, les prix actuels pratiqués par les opérateurs constituent de prime abord un frein, sans compter le fait que le consommateur marocain a encore cette culture de l’oralité et se passerait par conséquent de ce nouveau système de guidage. Ainsi, dit-il, « sur les 2,3 millions de voitures qui circulent au Maroc, il n’y en aura pas beaucoup qui utiliseront le GPS ». C’est pourquoi les opérateurs ne veulent peut-être pas s’aventurer à annoncer des objectifs chiffrés. Toutefois, l’un des trois opérateurs a confié qu’il serait très heureux s’il arrivait à écouler entre 10.000 et 20.000 unités.

Le tracking sous une bonne étoile !

Mais contrairement à cette offre destinée aux particuliers, lancée il y a seulement deux mois sur le marché, celle de la gestion de flotte par GPS a déjà fait du chemin. Une dizaine d’acteurs proposent aujourd’hui des solutions en matière de geotracking. En effet, la gestion des flottes d’entreprise devient un élément central. Or, qui dit gestion de flotte dit optimisation des itinéraires et donc forcément des moyens technologiques pour pouvoir localiser à distance les véhicules et les affecter en fonction de la clientèle.

Le marché a progressé et les opérateurs parlent de près de 2500 véhicules équipés (1,2 million en France). Pour 2008, le chiffre d’affaires global du créneau devrait tourner autour de 20 millions de DH. Des prévisions appelées à être révisées à la hausse. Raison pour laquelle quelques entreprises se positionnent déjà sur le secteur. L’un des plus grands opérateurs sur ce créneau est Geomatic, le seul à avoir son propre serveur pour « assurer la confidentialité des informations et mettre fin au rapport de dépendance à l’égard des pays industrialisés ». Tous les autres acteurs sont hébergés hors du Maroc, notamment en Europe chez des providers. Notons que le service, c’est-à-dire l’accès au serveur du prestataire, est facturé sous forme d’abonnement.

Geomatic, qui compte comme client Lydec, Onhym et certaines banques entre autres, s’apprête à signer un partenariat avec le groupe Novacom, filiale de Thalès dans le cadre de sa nouvelle offre qui intègre le tracking et la gestion de la flotte. « Permettre par exemple à l’entreprise de transport de produits surgelés de communiquer avec sa flotte en temps réel, c’est bien, mais c’est encore mieux si par exemple, elle arrive à contrôler la température des frigos », affirme le PDG de Geomatic. Outre Geomatic, Géotracker et Efficient Technology ont été rejoints depuis deux mois par NewCom et Garmin qui ont déjà un pied dans le GPS pour particulier. Côté prix, les tarifs sont fixés entre 300 et 500 DH par mois et par véhicule sur la base d’un taux dégressif en fonction du nombre de véhicules. A cela, il convient d’ajouter le prix du boîtier embarqué qui est de l’ordre de 6000 à 8000 DH/véhicule.

Source : Challenge Hebdo - Adama Sylla

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