Pays-Bas : des Musulmans injustement étiquetés terroristes

23 novembre 2023 - 15h00 - Monde - Ecrit par : S.A

Aux Pays-Bas, une organisation musulmane appelle l’État à retirer des centaines de Néerlandais, principalement musulmans, de la liste des listes internationales de terrorisme.

Cet appel a été lancé mardi par la fondation Muslim Rights Watch Nederland (MRWN) et un Néerlandais arrêté et détenu en Espagne après des accusations de terrorisme, lors d’un procès contre l’État néerlandais. L’organisation musulmane avait déposé une plainte pour négligence contre l’État néerlandais qu’elle a accusé de n’avoir pris aucune mesure pour obtenir sa libération. Alors qu’il était en partance vers le Maroc, ce Néerlandais d’origine marocaine a été arrêté par les autorités espagnoles dans un hôtel à Valencia. Il est soupçonné d’appartenir à un groupe djihadiste à Arnhem, où il a grandi. L’homme s’est retrouvé injustement sur une liste de suspects potentiels de terrorisme, une liste que les autorités néerlandaises avaient transmise à Interpol il y a plusieurs années. Cette action faisait suite au départ d’environ 300 Néerlandais pour la Syrie pour rejoindre des groupes djihadistes, lequel avait poussé les Pays-Bas à s’investir dans la lutte contre la radicalisation.

À lire : Le cauchemar espagnol d’un MRE des Pays-Bas

« Mon client ne sait pas quelles données ont été partagées sur lui et par qui. Il exige que les Pays-Bas fassent tout pour le retirer de toutes les listes, afin qu’il puisse voyager tranquillement, comme les autres citoyens de l’UE. Et ce, le plus rapidement possible », a déclaré Samira Sabir, l’avocate de Tariq mardi au tribunal de La Haye. Son client perd confiance en l’État néerlandais : « Je me sens toujours emprisonné. Je veux que la vérité éclate. » Début 2023, le ministre de la Justice, Dilan Yesilgoz, avait fait savoir que les Pays-Bas avaient effectivement transmis des listes sur lesquelles figurent des dizaines de Néerlandais d’origines diverses à l’Union européenne et à Interpol. Soulignant qu’aucun soupçon concret n’a été formulé à leur encontre, elle a déclaré que ces personnes devaient prendre elles-mêmes des mesures pour être retirées de ces listes. « Comment se fait-il que l’Espagne ait toutes sortes d’informations sur des événements qui se sont produits sur le sol néerlandais et que les Pays-Bas disent qu’ils ne peuvent rien faire ? C’est le chaos !", s’exclame Samira Sabir.

À lire : Pays-Bas : les musulmans déposent une plainte auprès de l’ONU contre le Parlement

Outre le retrait de Néerlandais sur la liste des terroristes, la fondation MRWN demande également qu’un interlocuteur ou un guichet unique soit mis en place au sein du gouvernement où d’autres victimes puissent obtenir plus d’informations. Cette mesure permettra, selon l’organisation musulmane, d’éviter que davantage de personnes ne soient soudainement incarcérées à l’étranger. Actuellement, il faut s’adresser à plusieurs organisations, comme la police, pour demander l’accès aux informations. « Et ces demandes sont alors refusées en raison du secret. » La police et le ministère public ont déjà établi que Tariq n’a jamais été signalé aux Pays-Bas, assure l’avocate Marianne Hirsch Ballin, représentant l’État néerlandais, ajoutant que « trois registres différents ont été consultés, y compris la liste de signalement de la police. »

À lire :11 septembre : un Marocain conteste son étiquette terroriste après sa peine de prison

De son côté, l’Espagne aurait indiqué que l’arrestation du MRE n’est pas basée sur des informations en provenance des Pays-Bas, « ce qui limite l’action de l’État néerlandais. » Selon Hirsch Ballin, un interlocuteur fixe pour d’autres victimes n’est pas nécessaire : « Les demandes d’accès sont déjà traitées. » Pas de quoi rassurer l’avocate de Tariq. Elle affirme qu’il reste beaucoup d’incertitudes. « Car les registres mentionnés n’ont aucun lien avec les informations du service de renseignement AIVD, qui restent secrètes. Nous ne savons pas ce qu’ils ont partagé », ajoute Samira Sabir.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Pays-Bas - Terrorisme

Aller plus loin

Ahmed Marcouch, un maire d’origine marocaine, face à la montée de l’extrême droite aux Pays-Bas

Ahmed Marcouch, maire d’origine marocaine de la ville d’Arnhem, dans l’est des Pays-Bas, exprime des craintes après la percée historique du parti néerlandais d’extrême droite...

11 septembre : un Marocain conteste son étiquette terroriste après sa peine de prison

Un tribunal allemand avait condamné un Marocain pour son implication dans les attentats du 11 septembre, avant de l’expulser vers le Maroc en 2018. Aujourd’hui, l’homme plaide...

Pays-Bas : comme en France, les musulmans victimes d’« apartheid bancaire »

Rabin Baldewsingh, membre du Parti travailliste et par ailleurs coordinateur national contre la discrimination aux Pays-Bas, dénonce une « discrimination structurelle » de la...

Le cauchemar espagnol d’un MRE des Pays-Bas

Une organisation musulmane a déposé une plainte pour négligence contre l’État néerlandais qu’elle accuse de n’avoir pris aucune mesure pour obtenir la libération d’un...

Ces articles devraient vous intéresser :

Latifa Ibn Ziaten : « J’ai réussi à sauver beaucoup de jeunes, de familles… »

11 ans après l’assassinat de son fils, le maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten poursuit son combat pour la paix et la promotion du dialogue et du respect mutuel.

Latifa Ibn Ziaten : « Les jeunes ne sont pas nés terroristes, mais on les pousse à l’être »

Depuis 2012, la militante franco-marocaine Latifa Ibn Ziaten, mère du maréchal des logis-chef Imad, une des victimes du terroriste Mohammed Merah, travaille avec les familles et les communautés pour empêcher les jeunes de tomber dans le piège de...

Terrorisme au Maroc : une lutte permanente depuis 2003

L’extrémisme islamiste au Maroc a été marqué par cinq moments forts, dont notamment les attentats de Casablanca en 2003 et 2007, le printemps arabe en 2011, et la création de l’État islamique (EI) en 2014. Pour lutter contre le phénomène, les autorités...

Blanchiment d’argent : Le Maroc serre la vis et ça paye

La lutte contre les activités de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme connaît des progrès significatifs au Maroc. En témoigne le nombre de déclarations de soupçon reçues par l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) en...

Une cellule préparant des attentats au Maroc démantelée

Le Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), se basant sur des informations fournies par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste liée à l’organisation Daech. Cette...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Au Maroc, la lutte contre le blanchiment d’argent rapporte

Le Maroc mène efficacement la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. En tout, près de 11 milliards de dirhams ont été saisis en 2022.

Maroc : l’agent immobilier associé à la lutte contre le blanchiment d’argent

Le Maroc veut impliquer la profession de l’agent immobilier dans la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Mais sa réglementation s’avère avant tout urgente.

Le Maroc, bon élève en matière de lutte antiterroriste

Le Maroc affiche l’un des niveaux de sécurité antiterroriste les plus élevés au monde. Avec un score de 0,757, le royaume est classé 83ᵉ dans la catégorie des pays les plus épargnés des actes terroristes, selon l’édition 2023 de l’Indice mondial du...

Projet d’attentat déjoué au Maroc : Treize individus arrêtés par le BCIJ

Treize personnes ont été arrêtées par le Bureau Central d’Investigations Judiciaires (BCIJ), jeudi dernier. Soupçonnés d’être partisans de l’organisation terroriste « État islamique », les individus ont été arrêtés lors d’opérations menées dans...