Quelle intégration pour le Maroc à l’Union européenne ?

4 janvier 2005 - 12h00 - Monde - Ecrit par :

L’Union Européenne depuis le traité constitutif en 1957, a connu un développement extraordinaire.
Partie de six pays, elle s’est successivement élargie pour compter actuellement vingt cinq pays, suite a l’adhésion en Mai 2004 de huit pays de l’Est, de Malte et de Chypre. En Décembre 2004, l’accord a été donné pour entamer à partir d’Octobre 2005 les négociations d’adhésion avec la Turquie.

Vis-à-vis des pays du Sud de la Méditerranée, elle a initié en 1995 le processus de Barcelone, tendant à créer une vaste zone de libre-échange Euro-Méditerranéenne à l’horizon 2010. Cependant, il s’est avéré dix ans après la conférence de Barcelone, que les pays Sud–Méditerranéennes n’ont pas atteint le même niveau d’intégration à l’Europe. C’est pour répondre aux pays les plus dynamiques du Sud de la Méditerranée, et pour apporter une compensation suite à l’élargissement à l’Est, que l’Union Européenne à institué la politique Européenne de voisinage (PEV).

Cette PEV concerne cinq pays de la région MENA : le Maroc, la Tunisie, l’Autorité Palestinienne, la Jordanie, Israël, et deux pays de l’Est : Ukraine et Moldavie.
Le but est d’intégrer le plus possible ces pays à l’Union Européenne, sur le plan législatif, des normes et des standards, sans cependant leur participation aux institutions de l’Union (Commission Européenne, Conseil Européen, Parlement Européen etc.). Pour cela, la Commission Européenne a établi des Plans d’Actions, différenciées par pays, et qui ont été approuvés par le Conseil Européen le 17 Décembre 2004.

Ces Plans dont la durée est de trois à cinq ans, concernent aussi bien les aspects politiques (Défense des droit de l’Homme) économique (cadre macro-économique et sectoriel), que sociales (législation du travail).

Ce « Statut avancé » pour ces sept pays leur permettra à terme de participer au marché intérieur européen, et aux politiques et programmes de l’Union Européenne. Il sera appuyé par une aide financière accrue de l’Union Européenne, pour tenir compte des conséquences de la libéralisation des échanges, aussi bien pour les produits que pour services.
Cette aide contribuera également à la création dans ces pays d’un environnement favorable aux investissements étrangers.

En contre-partie, l’Union Européenne demande à ces pays une gestion efficace des flux migratoires Sud–Nord, et un accord de réadmission des émigrés clandestins.
Le Maroc, lié à l’Union Européenne depuis 1969, ne peut qu’applaudir à cette nouvelle initiative. D’ailleurs S.M. Hassan II dés le début des année 1980, avait demandé l’adhésion du Maroc, et S.M. Mohammed VI en Mars 2000 avait souhaité un statut « plus que l’Association et moins que l’Adhésion ». Notre pays en effet, pour des raisons geographiques, historiques et géopolitiques a tout intérêt à s’intégrer le plus possible à l’ensemble Européen, qui est d’ailleurs parmi les plus dynamiques de la planète.

Pour cela, les Plans d’Actions proposés par la Commission Européenne, et qui ont fait l’objet de concertation avec la partie marocaine, doivent être rapidement mis en œuvre, afin de rapprocher le plus possible notre législation et notre réglementation des standards européens.

Ces Plans doivent concerner le volet politique avec la consolidation de la démocratie, de l’état de droit et des libertés individuelles et collectives. Le volet économique, avec la libération plus poussée de l’économie, et le renforcement des règles du marché. Le volet social, avec l’instauration des garanties sociales, et le respect des règles de l’Organisation Internationale du Travail. Ces Plans d’Actions doivent enfin être accompagnés par une vaste campagne d’explication vis-à-vis de toutes les composantes de la société civile, afin d’obtenir son adhésion. Face à l’effort du Maroc, l’Union Européenne doit accroître son soutien financier et sa coopération dans tous les domaines, afin d’accélérer l’intégration de notre pays à l’Europe.

Le problème douloureux des flux migratoires, et notamment celui des clandestins, ne pourra pas être résolu que par des mesures contraignantes.
Seul le développement économique des pays du Sud de la Méditerrané, notamment par une création massive d’emplois, pourra résoudre cette question.
En conclusion, le Maroc doit rechercher l’intégration la plus poussée à l’Union Européenne. Mais cette intégration ne doit pas l’empêcher de consolider également ses relations à l’Ouest avec les Etats d’Amérique, à l’Est avec les pays Arabes, et avec tous les pays du monde à travers l’OMC.

La mondialisation exige en effet des relations diversifiées et multiformes, à la fois bilatérales, régionales et multilatérales. Le cadre étant tracé, il s’agit de mobiliser toutes les forces vives de notre Nation, pour la mise à niveau de notre pays dans tous les domaines par rapport aux standards européens.
Une fois la mise à niveau terminée, il n’est pas interdit de penser que le Maroc puisse à nouveau renouveler sa demande d’adhésion à l’Union Européenne, à l’instar de la Turquie.

Jawad Kerdoudi est président de l’IMRI
(Institut marocain des Relations internationales).

Jawad Kerdoudi

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Sujets associés : Union européenne - Coopération - Institut du Monde Arabe (IMA)

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