Recul de la représentation féminine au parlement marocain

18 septembre 2007 - 15h20 - Maroc - Ecrit par : L.A

Un nombre moins important de femmes ayant été élu au parlement lors des élections législatives de 2007 que lors des élections de 2002, nombre de personnes se posent la question de la représentativité des femmes dans la politique du pays.

La question de la représentativité des femmes au Parlement revient au devant de la scène au Maroc au lendemain des élections législatives. En 2002, le nombre de femmes élues à la Chambre basse du parlement était de trente-cinq sur les 325 sièges à pourvoir ; le 7 septembre 2007, seules trente-quatre ont été élues. Quatre femmes seulement ont pu passer le cap des listes locales : Yasmina Baddou du parti Istiqlal, Latifa Jbabdi de l’Union Socialiste des Forces Populaires, la candidate indépendante Fatiha Layadi, et Fatna Lkhail, du Mouvement Populaire.

Fatna Lkhail, qui se présentait pour un second mandat, a déclaré à Magharebia que la bataille électorale avait été difficile du fait du machisme qui règne encore au Maroc. Elle a indiqué que de nombreux Marocains, y compris des femmes, continuent de penser que la politique est une affaire d’hommes. "Pendant la campagne électorale, les concurrents n’ont pas hésité à s’attaquer aux candidates en tant que femmes pour dissuader l’électorat de voter pour elles. On entendait haut et fort la voix qui disait : Ne votez pas pour la femme."

Mme Lkhail affirme que le Maroc a besoin d’envisager des solutions réelles pour renforcer la présence des femmes sur la scène politique. Elle suggère de commencer en augmentant le nombre de femmes sur les listes nationales et en fixant des quotas sur les listes locales.

Bassima El Hakkaoui, qui dirigeait la liste nationale du Parti pour la Justice et le Développement, partage cet avis. Elle affirme que pour promouvoir la situation des femmes en politique, il faut envisager des quotas dans chaque parti au niveau local, et présenter plus de femmes dans les circonscriptions où elles ont une chance de passer.

Selon de nombreuses militantes, la question du renforcement de la représentation des femmes au parlement ne dépend pas uniquement de l’intérêt et de l’éducation des femmes, mais aussi des orientations et des choix des formations politiques. Les statistiques relatives aux élections 2007 montrent une fois encore que les partis politiques ne sont pas disposés à soutenir leurs candidates. Les femmes n’ont représenté en effet que trois pour cent du total des candidats têtes de liste et cinq pour cent de l’ensemble des candidatures présentées.

Pour Fatna Lkhail, les femmes sont encore minoritaires dans les instances dirigeantes de leurs partis et n’ont pas, ainsi, le poids qui leur permettait d’imposer leur volonté. Elle souligne que c’est au niveau local que les femmes peuvent régler le problème de leur représentativité : "C’est en faisant un travail de proximité que les femmes pourront démontrer leurs véritables compétences auprès des électeurs ."

La délégation d’observateurs internationaux chargée de surveiller ces élections a souligné dans son rapport préliminaire que "grâce à l’adoption du système de la liste nationale en 2002, le Maroc a effectué un grand progrès en vue de promouvoir la participation des femmes au Parlement. Malheureusement, il apparaît que les élections de 2007 n’ont pas réussi à consolider la participation des femmes dans la vie politique. Il faut prendre en considération le meilleur moyen à adopter pour augmenter le niveau de la représentation des femmes, en qualité de dirigeants de partis politiques et de responsables des élections."

Magharebia - Sarah Touahri

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Partis politiques - Elections - Femme marocaine - Elections 2007

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.

Maroc : vers un congé menstruel pour les femmes ?

Le Maroc s’apprête-t-il à emboîter le pas à d’autres pays en octroyant aux femmes un congé menstruel ? Le sujet intéresse un groupe parlementaire qui a déjà déposé un projet de loi dans ce sens.

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : crise du célibat féminin

Au Maroc, le nombre de femmes célibataires ne cesse d’accroître, avec pour conséquence la chute du taux de natalité. Quelles en sont les causes ?

Maroc : pas de congé menstruel pour les femmes fonctionnaires

La proposition de loi visant à instaurer un congé menstruel, d’une durée ne dépassant pas deux jours par mois, en faveur des femmes fonctionnaires n’a pas reçu l’assentiment du gouvernement.

Rapport inquiétant sur les violences faites aux femmes marocaines

Au Maroc, les femmes continuent de subir toutes sortes de violence dont les cas enregistrés ne cessent d’augmenter au point d’inquiéter.