"Des personnes retenues refusent de se faire tester car elles commencent à comprendre qu’un test négatif peut permettre à l’administration de les expulser", explique au journal Libération David Rohi, responsable rétention de l’association Cimade. Celui-ci est d’un grand soutien pour les étrangers en situation irrégulière.
Un retenu a été testé positif au coronavirus le 1er septembre au CRA de Rouen-Oissel (Seine-Maritime). Il a été isolé avant d’être transféré à Vincennes (Val-de-Marne). Ce jour-là, Karim a refusé de faire le test Covid-19. "Si la préfecture apprend que je suis négatif, elle me prendra un vol pour le Maroc", avait-il redouté. Quelques plus tard, certains retenus ont affiché leur volonté de faire le dépistage. Ce revirement est dû au fait que l’un d’entre eux a été envoyé en prison pour refus de test.
Toutefois, le refus de Karim se justifie. "Par principe, l’inviolabilité du corps doit permettre de refuser toute intrusion non décidée par un juge, indique Patrick Berdugo, avocat et représentant de l’Adde (Avocats pour la défense des droits des étrangers). Mais il y a des conséquences." L’une des conséquences est l’expulsion. Le refus peut être considéré comme une obstruction à la justice. Plusieurs en ont déjà fait les frais. Début septembre, un Tunisien retenu à Rennes a écopé de deux mois de prison pour avoir empêché son éloignement en refusant de faire le test.
Certains retenus contactés ont expliqué qu’ils ont refusé de faire le test pour dénoncer leurs conditions de vie : "On est deux à six personnes par chambre », décrit Karim. « Des personnes continuent à être enfermées alors qu’il n’y a quasiment pas d’expulsions possibles. Et comme c’est très difficile de maintenir une distanciation sociale, c’est prendre le risque d’exposer les retenus et les fonctionnaires à la maladie", fulmine de colère M. Rohi.