Chirac veut ancrer le Maroc à l’Europe

10 octobre 2003 - 23h56 - Monde - Ecrit par :

Au lendemain du magnifique dîner d’Etat et de « l’accueil extraordinaire » que Mohammed VI avait organisé en son honneur, Jacques Chirac a souhaité encourager les Marocains à poursuivre dans la voie des réformes, économiques mais aussi sociétales, comme celles liées au statut de la femme.

Arrivé à Tanger dans la matinée, le chef de l’Etat a tout d’abord visité le chantier du port de Tanger Méditerranée avant d’assister à la présentation de ce projet ambitieux (son coût est estimé à 1,07 milliard d’euros) qui devrait voir le jour sur le détroit de Gibraltar, à 35 kilomètres à l’est de Tanger et à 15 kilomètres de l’Europe. Port en eau profonde, zones franches industrielles, infrastructures de transport, zone duty free mais aussi zone touristique, Jacques Chirac a écouté sagement la présentation faite, en présence notamment de Martin Bouygues – dont le groupe du même nom a été déclaré adjudicataire du contrat de construction de la tranche 1 de ce gigantesque projet –, mais aussi de grands patrons comme Gérard Pelisson (groupe Accor) ou Denis Ranque (Thalès).

Après avoir participé à un déjeuner de travail en présence des chefs d’entreprise de la délégation, le président français s’est ensuite rendu au palais Marshan. Là, devant un parterre de quelque 250 jeunes étudiants, il a souhaité adresser au peuple marocain et avant tout à sa jeunesse « un message de confiance » dans « les réformes historiques » engagées par Mohammed VI mais aussi un message de soutien « dans le choix résolu du Maroc d’emprunter la voie de la modernité » en se tournant vers l’Europe.

Alors que le Maroc est aujourd’hui le premier bénéficiaire des fonds européens MEDA et qu’il souhaite bénéficier d’un « statut avancé » (statut intermédiaire entre l’association et l’adhésion pure et simple à l’Union européenne), le président français, dans une allusion claire aux menaces intégristes qui guettent le Maroc, a plaidé avec force en faveur du dialogue entre les cultures « pour que triomphe la vision d’harmonie et de progrès qui est au cœur des grandes religions, pour ne pas donner prise aux discours des faussaires de l’exégèse, pour que le versant occidental de la Méditerranée demeure à l’abri des conflits qui l’affectent à l’orient ».

Soulignant combien le Maroc, « terre de tolérance », avait su forger son identité en s’ouvrant au monde, le président français s’est exclamé : « Quel éclatant démenti le Maroc apporte chaque jour à ceux qui tiennent pour inexorable le choc des civilisations ! » Prônant également le dialogue « pour faire revenir la paix » au Proche-Orient, le chef de l’Etat a surtout souhaité insister sur la nécessité que « la dimension euro-méditerranéenne soit au cœur même de la construction européenne ».

Après avoir rappelé que la Maroc et la France ont été « ensemble » à l’origine du processus de Barcelone, lancé en 1995, sous présidence espagnole de l’Union européenne, Jacques Chirac a souhaité avant tout rassurer ceux qui pourraient s’inquiéter de voir l’Union européenne s’élargir vers l’Est au risque de « manquer son rendez-vous méditerranéen ». « L’intégration de nouveaux membres n’exclut pas bien, au contraire, de construire avec nos partenaires du Sud », a lancé le chef de l’Etat en rappelant que la France soutenait « de toutes ses forces » la conclusion d’un « statut avancé pour le Maroc dans sa relation avec l’Europe ».

« La logique de l’assistance est révolue. Désormais, c’est celle du partenariat qui prévaut. Elle se fonde sur une responsabilité partagée, une ambition et une vision communes », a encore indiqué le président français en citant notamment la nécessité de « lutter ensemble et efficacement contre les trafics de drogue et d’êtres humains ».

Le Figaro

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