L’Unicef enquête sur les mineurs en quête d’émigration

25 juin 2008 - 21h40 - Maroc - Ecrit par : L.A

Ils sont 150 jeunes et moins jeunes à vivre une situation d’errance au port de Tanger. Un chiffre promis au double à terme, si des actions d’accompagnement ne sont pas diligentées. Il résulte d’une enquête menée par l’Unicef en coordination avec l’Institut national d’action sociale, INAS. L’étude, qui devait être présentée hier mercredi 25 juin à Tanger, s’assigne pour objectif d’apporter un éclairage sur ces enfants qui cultivent le projet de traverser un jour le détroit. Leur présence au port ne peut laisser indifférent, tant leur condition de précarité est dramatique. Ils squattent les môles et autres aires de stockage et stationnement dans l’ultime dessein d’émigrer dans une remorque ou sous les essieux d’un bus.

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon de 65 acteurs, dont 28 enfants, une dizaine de familles, des associations et des experts locaux. Elle a permis d’être au fait de « l’extrême gravité de la situation de cette population à prédominance enfantine. Car, si la moyenne d’âge varie de 13 à 16 ans, les enquêteurs ont rencontré des enfants de 10 ans. Plus grave encore, cette population se féminise de plus en plus. L’élément féminin y représente, en effet, près de 15% alors qu’il était pratiquement absent du lot. « Même si elles s’habillent comme les garçons, les filles sont plus exposées aux agressions physiques, voire sexuelles », relèvent les enquêteurs.

L’enquête permet aussi de casser certains clichés. Contre toute attente, 8% des enfants interviewés n’ont jamais fréquenté l’école. Et « la majorité ayant abandonné l’école au cours de la sixième année fondamentale », précise l’enquête. Abandon, souvent précédé par l’absentéisme. Un mineur originaire de Tanger affirme même poursuivre ses études « tout en guettant sa chance au sein du port ». Mais dans l’ensemble, ces mineurs comptent à leur actif d’autres expériences avant d’avoir penser à squatter le port. Plus de 75% sont passés par le marché du travail, une expérience qui n’a pas toujours été heureuse : travail au noir, mal payé, sans aucune couverture.

L’enquête a aussi permis d’établir l’étalement en durée des projets de migration de ces mineurs. 27% des interviewés sont dans cette situation depuis plus d’une année et 8% plus de 4 ans. La précarité de la situation est proportionnelle à la durée d’attente, constatent les enquêteurs. Certains, contraints par l’extrême dureté de la vie, seraient disposés à abandonner leur fou projet et revenir chez eux. Mais, selon l’enquête, un travail de médiation est nécessaire.

De plus, une aide, via une insertion professionnelle de qualité pour accompagner le retour de ces jeunes dans leur bercail, est incontournable.

Survivre

Dure, dure la vie de ces enfants du port. A maintes reprises, ils ont exhibé les stigmates laissés par les agressions tant physiques que sexuelles qu’ils ont subies. Sans oublier la saleté et la malnutrition qu’ils endurent. Conséquence pour certains d’entre eux : le refuge dans la consommation d’alcool et des drogues. A signaler que la majorité est issue de famille nombreuse sans ressources ou à revenu très modeste. D’autres sont le fruit de ménages brisés ou ayant perdu leurs parents suite à des accidents.

Source : L’Economiste - Ali Abjiou

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Pauvreté - Enquête - Unicef - Enfant

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : un « passeport » pour les nouveaux mariés

Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) appelle à la mise en place d’un « passeport » ou « guide » pour le mariage, dans lequel seront mentionnées les données personnelles des futurs mariés, ainsi que toutes les informations sur leurs...

Maroc : du nouveau pour la kafala (adoption)

Présenté par le Groupe socialiste-opposition Ittihadie, le projet de loi N°5.171.22 modifiant l’article 19 de la loi N°15.01 relative à la kafala (adoption) des enfants abandonnés a été adopté à l’unanimité lundi par la Chambre des représentants.

Hiba Abouk et Achraf Hakimi se retrouvent à Madrid

Un an et demi après leur divorce, Hiba Abouk et Achraf Hakimi ont été vus mardi à Madrid, en compagnie de leurs enfants, Amin et Naim.

Maroc : mères célibataires, condamnées avant même d’accoucher

Au Maroc, les mères célibataires continuent d’être victimes de préjugés et de discriminations. Pour preuve, la loi marocaine n’autorise pas ces femmes à demander des tests ADN pour établir la paternité de leur enfant.

Tourisme au Maroc : une saison estivale en demi-teinte

À l’heure où les Marocains résidant à l’étranger (MRE) retournent dans leurs pays d’accueil, les familles marocaines rejoignent leurs villes de résidence, pour préparer la rentrée scolaire de leurs enfants, les professionnels du tourisme font le bilan...

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.

Un réseau familial marocain démantelé dans le Lot-et-Garonne

Les gendarmes de la Brigade de recherches de Bouliac ont démantelé un réseau d’exploitation d’ouvriers agricoles. Six personnes ont été mises en examen jeudi 12 décembre, dont un couple de Marocains placé en détention provisoire.

L’actrice Hiba Abouk parle de son ex Achraf Hakimi

Malgré leur séparation il y a plus de deux ans, Hiba Abouk entretient de bonnes relations avec Achraf Hakimi. L’actrice espagnole d’origine tunisienne apprécie l’attention constante que le défenseur marocain du PSG porte à leurs deux enfants, Amin et...

Maroc : une aide versée aux familles

Comme annoncé, l’aide prévue pour les familles marocaines dans le besoin sera versée par le gouvernement. Celle-ci devrait intervenir sous peu. Quel montant ? quand est-ce qu’elle sera versée ?

Quand la rentrée scolaire pousse les Marocains à l’endettement

L’approche de la rentrée scolaire et la fin des vacances d’été riment souvent avec le recours aux prêts bancaires devant permettre aux parents marocains de subvenir aux besoins de leurs enfants. Et, les banques se livrent une concurrence très forte.