Espagne : où en est l’enquête sur le retour des mineurs ?

26 août 2022 - 12h20 - Espagne - Ecrit par : A.P

La justice espagnole poursuit l’enquête sur le rapatriement « illégal » des mineurs marocains arrivés en masse à Sebta en mai 2021. Dans ce cadre, la déléguée du gouvernement, Salvadora Mateos, et la vice-présidente de la ville, María Isabel Deu, comparaîtront devant le juge le 7 septembre.

Les mineurs ont été renvoyés en août 2021, trois mois après la crise migratoire de mai de la même année, sur la base d’un accord entre l’Espagne et le Maroc. Ces retours ont été jugés « illégaux » parce que n’ayant pas été effectués conformément à la loi. Les droits des mineurs ainsi que la législation en vigueur en la matière n’ont pas été respectés, ce qui avait poussé le parquet à demander l’ouverture d’une enquête judiciaire.

Dans sa lettre au juge à laquelle El Mundo a eu accès, le procureur a dénoncé ces retours qu’il a qualifiés d’« excès et d’abus » de la part du ministère de l’Intérieur. « Nous concluons que la procédure légalement établie a été volontairement et consciemment omise alors que, dans un État de droit, il n’y a pas de place pour des raccourcis », a-t-il souligné, rappelant que la protection des mineurs est l’une des missions principales de « toute administration moderne, démocratique et responsable ».

À lire : La justice espagnole ouvre une enquête sur le retour de mineurs au Maroc

Le parquet est convaincu que l’accord entre l’Espagne et le Maroc évoqué par la déléguée du gouvernement, Salvadora Mateos, lors de sa comparution en décembre dernier, « ne permettait aucun retour de facto » des mineurs et viole les droits et libertés de ces derniers. A la décharge des deux responsables politiques appelés à comparaitre, leurs défenses mettent en avant le caractère « exceptionnel » de la situation « totalement insoutenable » que vivait la ville du fait de l’arrivée massive des migrants.

« L’application directe de l’Accord de 2007 est le résultat des relations diplomatiques antérieures entre le Royaume d’Espagne et le Maroc et qui ont donc été communiquées dans la lettre adressée par le Secrétaire d’État à la Sécurité du ministère de l’Intérieur aux autorités de Sebta », ont assuré les défenses des deux accusés, révélant l’implication du ministre Grande-Marlaska dans le retour de ces mineurs au Maroc.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Droits et Justice - Ceuta (Sebta) - Enquête - Enfant

Aller plus loin

La déléguée de Sebta limogée à cause du retour « illégal » de mineurs marocains

Le gouvernement espagnol a relevé de ses fonctions la déléguée à Sebta, Salvadora Mateos, qui fait l’objet d’une enquête pour le retour « illégal » de 55 mineurs marocains en...

Sebta : un an de prison pour avoir tiré sur des mineurs marocains

Le tribunal provincial de Cadix a condamné deux résidents de Sebta à un an de prison pour avoir tiré sur un Marocain de 17 ans avec une carabine et diffusé ensuite la vidéo sur...

Le retour des mineurs de Ceuta au Maroc est « nul et non avenu »

Le parquet de l’Audience nationale considère que les rapatriements au Maroc des mineurs arrivés en masse à Ceuta en mai sont « nuls et non avenus », parce que la procédure...

La justice espagnole insiste sur l’illégalité du retour des mineurs marocains

Le procureur continue de soutenir que les rapatriements des mineurs de Sebta au Maroc n’ont pas été effectués conformément à la loi sur les étrangers, accusant la délégation...

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Les avocats marocains passent à la caisse

Les avocats marocains doivent désormais s’acquitter d’une avance sur l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés au titre de l’exercice en cours auprès du secrétaire–greffier à la caisse du tribunal pour le compte receveur de l’administration fiscale....

Concours d’avocat : profond désaccord au sein de la profession

La polémique liée au concours d’accès à la profession d’avocat a fini par diviser le corps des avocats, dont certains défendent le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, et son département contre tout « favoritisme » tandis que d’autres appellent à...

Des Marocains à la rue : la détresse d’une famille en Espagne

Un couple marocain et ses trois filles mineures âgées de 12, 8 et 5 ans sont arrivés clandestinement à Pampelune en provenance du Maroc il y a un mois, cachés dans une remorque chargée de légumes. Sans ressources ni aide, ils sont à la rue depuis...

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

Maroc : les femmes divorcées appellent à la levée de la tutelle du père

Avant l’établissement de tout document administratif pour leurs enfants, y compris la carte d’identité nationale, les femmes divorcées au Maroc doivent avoir l’autorisation du père. Elles appellent à la levée de cette exigence dans la réforme du Code...

Maroc : les crimes financiers ont baissé de 47% en 2021

La lutte contre les crimes financiers et économiques au Maroc porte peu à peu ses fruits. En 2021, les affaires liées à ces délits ont fortement régressé de 47,30%, selon le rapport annuel de la présidence du parquet.

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Une famille marocaine au tribunal de Beauvais pour un mariage blanc

Une famille marocaine est jugée devant le tribunal de Beauvais pour association de malfaiteurs dans le but d’organiser un mariage blanc. Le verdict est attendu le 12 janvier 2023.

Samira Saïd : la retraite ?

La chanteuse marocaine Samira Saïd, dans une récente déclaration, a fait des confidences sur sa vie privée et professionnelle, révélant ne pas avoir peur de vieillir et avoir pensé à prendre sa retraite.