Est-ce la fin du « concubinage » halal ?

30 juillet 2008 - 12h15 - Maroc - Ecrit par : L.A

Personne ne sait combien ils sont au Maroc, mais nombreux sont les citoyens qui n’ont jamais officialisé leur mariage selon la procédure en vigueur. Dans le cadre de la généralisation de la formalité du livret de famille, la Moudawana leur avait accordé un délai de 5 ans pour régulariser leur situation en s’adressant à la section notariale du tribunal de leur circonscription aux fins d’enregistrement. Ce délai vient à expiration le 6 février 2009.

L’existence de mariages non officiels s’explique par plusieurs facteurs : Par le passé, les gens se mariaient en se contentant de réciter la Fatiha, sans avoir recours aux services des adoul. Leur entourage savait qu’ils étaient liés par les liens du mariage et cela ne posait aucun problème à ce niveau, explique en substance Abdelouahed Radi, ministre de la Justice, qui espère arriver à des résultats concluants avant février 2009.

D’autres raisons expliquent ces mariages non déclarés comme la polygamie, les couples dont un membre bénéficie d’une pension de survivant qui lui serait automatiquement retirée en cas de remariage…

L’absence d’un acte de mariage officiel prive les familles en question du livret de famille. Aussi, à présent, la délivrance de bon nombre de pièces administratives est conditionnée par la présentation de ce document. De plus, comme l’explique Abderrahim El Bouhmidi, professeur de droit à l’université Hassan II, « la non-officialisation d’un mariage pose aussi problème sur le plan successoral en raison de l’impossibilité d’établir la filiation des descendants parce que, aux yeux de la loi, ils sont illégitimes ». Autre inconvénient, l’impossibilité pour une femme d’obtenir les différents droits en cas de séparation comme la pension alimentaire, le reliquat du Sadaq (dot), la pension due pour la période de viduité (Idda) et le don de consolation (Moutaa) évalué en fonction de la durée du mariage et de la situation financière de l’époux.

Selon El Bouhmidi, « cette campagne vise en réalité les mariages mixtes puisque beaucoup de Marocains contractent des mariages civils avec les ressortissants de leur pays d’accueil, sans les inscrire auprès des autorités compétentes ».

Le Code de la famille exige le dépôt, dans un délai de trois mois, d’une copie de l’acte de mariage contracté à l’étranger auprès des services consulaires du lieu d’établissement. Avec la promulgation du nouveau Code de la nationalité, les enfants nés hors du Maroc d’un père étranger ne pourront jamais obtenir la nationalité marocaine parce qu’ils ne pourront pas prouver leur filiation.

A part le fait d’être privés du livret de famille, les réfractaires n’encourent aucune sanction. L’on est donc en droit de s’interroger sur l’impact de cet inconvénient pour un couple qui a pu se passer de ce document pendant plusieurs décennies.

Le mariage et la loi

« Le document de l’acte de mariage constitue la preuve valable du mariage. Cependant, si des raisons impérieuses ont empêché l’établissement du document en temps opportun, chacun des époux ou tous deux pourront requérir du tribunal de reconnaître le mariage. Les actes testimoniaux, ou l’échange d’aveux, ne sauraient tenir lieu d’actes de mariage.

L’action en reconnaissance de mariage est recevable pendant une période de cinq années à compter de la date d’entrée en vigueur du Code de la famille ».

(Source : Code de la famille)

Source : L’Economiste - Hassan El Arif

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Administration - Moudawana (Code de la famille) - Lois - Mariage - Halal

Ces articles devraient vous intéresser :

Au Maroc, désormais, le silence de l’administration vaut accord

Suite à la publication par les ministères de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire et de l’urbanisme d’un arrêté conjoint relatif à la simplification des procédures dans le domaine de l’urbanisme, Abdelouafi Laftit a adressé une circulaire aux...

Couples non mariés et hôtels au Maroc : vers la fin des abus ?

Abdellatif Ouahbi, ministre de la Justice, lance un avertissement aux hôtels qui exigent des documents non autorisés notamment un certificat de mariage des couples marocains.

Au Maroc, les élèves fêtent la fin d’année scolaire en déchirant leurs cahiers

Au Maroc, des scènes des élèves déchirant leurs cahiers et livres pour annoncer la fin de l’année scolaire, se sont reproduites.

Réforme du Code de la famille au Maroc : Abdelilah Benkirane menace

Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, relance le débat sur la réforme de la Moudawana et du Code pénal, en promettant des actions fortes si le ministre de la Justice y introduit des amendements qui portent atteinte à la cellule familiale.

Expulsions de France : autrefois protégés, ils sont désormais visés

Depuis la promulgation de la nouvelle loi « asile et immigration » en France, les expulsions sous OQTF visent désormais plusieurs catégories d’étrangers autrefois protégées par la loi.

Booking dicte sa loi aux hôtels marocains

La plateforme de réservation en ligne, Booking.com continue de dicter sa loi aux hôteliers marocains, ainsi qu’aux agences de voyages, provoquant d’énormes pertes économiques.

Taxis au Maroc : Fini les arnaques ?

Au Maroc, de nombreuses licences ont été retirées aux chauffeurs de taxi qui ne sont pas en règle. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, assure que son département s’évertue à soutenir et à accompagner diverses initiatives visant à moderniser les...

Maroc : risque d’augmentation des mariages de mineures après le séisme

Le séisme survenu dans la province d’Al Haouz vendredi 8 septembre pourrait entrainer une multiplication des mariages de mineures, craignent les femmes sinistrées dormant désormais avec leurs filles sous des tentes dans des camps.

Maroc : ces régions oubliées de l’internet

Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.

Maroc : voici les salaires dans la fonction publique

Le rapport sur les ressources humaines annexé au projet de Loi de Finances 2024 indique que le salaire mensuel net moyen dans la fonction publique marocaine a augmenté de 18,08 %, passant de 7 250 dirhams en 2013 à 8 561 dirhams en 2023.