Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.
Longtemps anesthésiés, les opérateurs marocains semblent se réveiller et croire en un potentiel économique qui ne demande qu’à se développer dans leur mère patrie. Plusieurs secteurs présentent d’ailleurs des atouts qui ont convaincu l’étranger. À commencer par le tourisme, secteur en plein essor. Les constructions ou projets d’hôtels poussent comme des champignons. Il faut dire que les autorités ont fait du tourisme leur cheval de bataille, espérant attirer 10 millions d’amoureux du soleil et de l’hospitalité marocaine à l’aube de 2010.
Ce qui est en revanche moins connu, c’est la volonté marocaine de s’inscrire comme incontournables acteurs de secteurs où on ne les attend pas forcément. L’aéronautique en fait partie, avec des centaines de petites mains affairées à la construction des harnais électriques qui équipent les Airbus et bien d’autres avions volant à travers le monde. Le textile a lui aussi réussi à négocier son virage suite à la concurrence asiatique en se recentrant sur la qualité et une réactivité (réassort) que ne peut concurrencer l’Asie.
Dans le domaine des centres d’appel, tout comme en Europe de l’Est, l’attrait du Maroc s’est aussi rapidement fait sentir auprès des acteurs européens.
"Aujourd’hui, le Maroc se détache peu à peu de cette image de pays rural où l’agriculture est l’un des seuls pouvoyeurs de main-d’oeuvre", se réjouit Moulay Hafid Elalamy, président du patronat marocain. "Les investissements se chiffrent désormais en milliards de dirhams et on peut aborder les banques en demandant des millions d’euros de crédit sans se voir claquer la porte au nez. Naturellement, c’est dans le domaine du tourisme que ces investissements sont les plus visibles, avec notamment la construction de 105 hôtels à Marrakech."
La formation, gros point noir
Mais ce qui effraie encore les investisseurs étrangers, c’est le manque de formation du personnel marocain. De nombreuses entreprises ont d’ailleurs développé elles-mêmes des programmes de formation. "C’est un des gros points noirs , concède Moulay Hafid Elalamy. Mais dans de nombreux domaines, notre savoir-faire commence à porter ses fruits. En matière de centres d’appel notamment, nous sommes reconnus pour offrir un niveau de qualité équivalent, si pas supérieur, à ce qui se fait en Europe, pour un coût moindre de l’ordre de 50 à 60 %. De même, en ce qui concerne le textile, la qualité est notre meilleur atout. Ce n’est pas pour rien que Zara a multiplié ses usines au Maroc. Le cycle de vie des produits a également changé, et le Maroc présente une réactivité nettement plus importante que l’Asie à ce niveau. Les délais de commande n’excèdent pas une à deux semaines. La Chine ne peut rivaliser avec nous dans ce domaine."
Ce que les observateurs étrangers espèrent également, c’est que les richesses qui seront ainsi dégagées ne se cantonneront pas aux milieux des investisseurs aisés, alors qu’une grande partie de la population vit toujours dans la pauvreté et l’analphabétisme.
"La difficulté du Maroc, pointe Moulay Hamid Elalamy, c’est que la densité de population est très faible. C’est pourquoi nous essayons de regrouper les habitants en petits centres pour que tous aient accès à l’école. Et il ne faut pas oublier non plus qu’en augmentant notre pouvoir d’attraction auprès des investisseurs, nous créerons de l’emploi et de la richesse. Les sociétés qui réaliseront de gros bénéfices paieront donc aussi beaucoup d’impôts. C’est cet argent réinvesti qui permettra à tout le peuple marocain d’élever son niveau de vie."
La Dernière Heure - V. S.
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