Maroc : Les migrants subsahariens subiraient des violences et vivraient dans l’insécurité

17 juin 2014 - 13h20 - Espagne - Ecrit par : Bladi.net

Violence, précarité et insécurité, tel serait le lot des migrants subsahariens au Maroc… tout du moins à l’en croire la branche espagnole de l’ONG « Terre des Hommes », Tierra de Hombres. Cette dernière a dénoncé jeudi dernier l’insécurité et les violences subies par les migrants, qui sont principalement d’origine subsaharienne. L’ONG a également fait part de plusieurs dizaines de recommandations pour changer cet état de fait, et a demandé à l’Espagne et à l’Union Européenne d’assumer leurs responsabilités dans ce qui arrive aux migrants.

L’ONG a également dévoilé le contraste existant entre les avancées réalisées par le gouvernement marocain, notamment pour avoir débuté (c’est le mot) depuis fin 2013 la régularisation des statuts des migrants subsahariens, et les nombreux pas en arrière miroités par de la violence que subiraient ces mêmes migrants.

Le directeur des projets de l’ONG, Manuel Marcia, interviewé par Europapress, affirme que plusieurs cars remplis de migrants subsahariens avec des fractures ouvertes viennent chez l’ONG, demander de l’aide. Selon ce dernier : « C’est inacceptable et injustifiable ».

Macía a même appelé l’Espagne à rendre plus étroite sa collaboration avec la police marocaine afin de former les policiers marocains et leur offrir les moyens nécessaires pour gérer l’immigration « avec un niveau de violence proportionnelle ». Sans bâton…

Notons une autre recommandation de l’ONG : « Ne pas menotter les migrants car les menottes les empêchent de parer les coups ». Difficile de ne pas comprendre ce que cela signifie et ce qu’ont donc enduré certains migrants.

Nouveau contraste

A entendre Monsieur Macia parler, on pourrait en déduire que l’Espagne sait s’y prendre avec les migrants. Ce qui n’est pas le cas. Les agents d’autorités sont –presque à chaque assaut des migrants- vivement critiqués par les politiques du pays au sujet de la dureté dont ils font preuve et de la violence qu’ils occasionnent aux clandestins.

Parfois, cet état de fait bat des records. Ainsi, selon Lepartidegauche.fr : « Le 6 février plus d’une dizaine de migrants sub-sahariens trouvaient la mort par noyade, après avoir été repoussés par la Guardia Civil (équivalent de la gendarmerie), alors qu’ils tentaient d’atteindre à la nage l’enclave espagnole de Sebta au Maroc. Les forces de l’ordre espagnoles au lieu de leur prêter secours ont fait usage de balles en caoutchouc sur des personnes qui savaient à peine nager, contribuant à la panique et aux noyades ».

Pour que la police espagnole soit considérée comme ayant la capacité d’apprendre à la police marocaine à se maîtriser, il faudrait que la police marocaine soit dans la réalité quasiment sadique. Ce qui n’est pas forcément faux… Des cars entiers de subsahariens avec des fractures ouvertes…

Analyse des « bons points »

Le Maroc a récemment ouvert la porte à la régularisation des situations des migrants se trouvant sur son territoire. Mais, si la résolution est bonne, ses effets par contre démontrent une lenteur certaine. Selon Afrik.com : « Sur 12 034 demandes de régularisation déposées depuis le 2 janvier auprès des bureaux des étrangers des préfectures du royaume, seules 204 ont été acceptées selon les chiffres officiels ». Ces chiffres datent du mois dernier.

Autre bonne résolution avec des effets médiocres : la circulaire du gouvernement qui ouvre les portes à « l’intégration des élèves étrangers issus des pays du Sahel et subsahariens dans le système scolaire marocain ». Là encore, c’est beaucoup d’encre dans la presse pour rien. Une infime partie seulement des migrants subsahariens en profite. Et (pour rajouter un peu d’encre dans la presse) : L’Etat étudie, selon Telquel, l’éventualité de créer des classes spécifiques pour les enfants des migrants, avec pour objectif de servir de passerelle avec le système marocain classique. Des sortes de classes préparatoires au système éducatif marocain réputé pour être...

Les autres recommandations

Parmi les autres recommandations, l’Organisation appelle le Maroc à donner la priorité aux intérêts de l’enfant dans le processus de régularisation de la situation des migrants. Cela en assurant l’enregistrement des enfants non enregistrés et permettre ainsi leur accès à la santé ou à des campagnes d’éducation. En outre, l’ONG appelle également à la mise en place en haute priorité de l’accès à la santé aux migrants, et la protection des femmes victimes de violence, ainsi que la lutte contre la discrimination et le racisme et le renforcement de l’accès à la justice avec, par exemple, la présence d’interprètes.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Espagne - Droits et Justice - Ceuta (Sebta) - Melilla - Police marocaine

Aller plus loin

Tanger : les migrants subsahariens expulsés, dénoncent une « injustice »

Les arrestations et les expulsions de migrants subsahariens résidant ou travaillant à Tanger, proche de la frontière de Sebta, se sont intensifiées depuis deux semaines suite au...

Ces articles devraient vous intéresser :

Abdellatif Hammouchi nomme de nouveaux responsables

Le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Abdellatif Hammouchi a procédé, mardi, à une nouvelle série de nominations au niveau de plusieurs services décentralisés de l’institution.

Plaintes de MRE : 96 % de satisfaction selon le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire

En 2022, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) a traité près de 96 % des doléances présentées par les Marocains résidant à l’étranger (MRE), selon un rapport de l’institution. Sur un total de 527 plaintes déposées, 505 ont été traitées par...

Plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort au Maroc

La lutte contre l’abolition de la peine capitale est toujours d’actualité au Maroc. En témoigne la récente participation des réseaux et militants marocains contre la peine de mort, à la 8ᵉ édition du congrès mondial qui s’est tenu à Berlin du 18 au 25...

Corruption au Maroc : des élus et entrepreneurs devant la justice

Au Maroc, plusieurs députés et élus locaux sont poursuivis devant la justice pour les infractions présumées de corruption et d’abus de pouvoir.

Des soldats marocains accusés d’avoir tiré à balles réelles sur des migrants

L’Espagne a ouvert une enquête concernant des allégations de tirs sur des migrants tentant de rejoindre les îles Canaries depuis le Maroc. Une association caritative affirme que des soldats marocains auraient ouvert le feu sur ces migrants,...

Redressement fiscal : Sound Energy fait appel

La compagnie gazière britannique Sound Energy annonce avoir fait appel devant le tribunal administratif, en vue de contester le redressement fiscal mené en 2020 par l’administration générale des Impôts, qui lui a réclamé 2,55 millions de dollars d’impôts.

Les avocats marocains passent à la caisse

Les avocats marocains doivent désormais s’acquitter d’une avance sur l’impôt sur le revenu ou sur les sociétés au titre de l’exercice en cours auprès du secrétaire–greffier à la caisse du tribunal pour le compte receveur de l’administration fiscale....

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Affaire de viol : Achraf Hakimi devant le juge

L’international marocain du Paris Saint-Germain, Achraf Hakimi, a eu affaire à la justice ce vendredi matin, en lien avec une accusation de viol portée contre lui.

Corruption : Rachid M’barki reconnaît les faits

Après avoir juré, sous serment, en mars dernier devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, n’avoir jamais perçu de rémunération occulte en contrepartie de la diffusion d’informations erronées ou très orientées pour...