Le ministère du transport décline son plan 2008-2010

4 mars 2008 - 09h32 - Maroc - Ecrit par : L.A

Tirer les leçons du premier Plan stratégique intégré d’urgence (PSIU) qui s’est étalé sur trois ans (2004-2007) et lancer le PSIU 2 (2008-2010), c’est ce que le ministère du transport et de l’équipement vient de réaliser avec une étude qui a servi de base pour élaborer les nouvelles orientations.

La tendance croissante du nombre d’accidents et de tués (autour de 3800 morts par an) et de blessés graves n’a pas encore été inversée, même si on constate une certaine stabilisation due au renforcement du contrôle et à l’introduction de certaines mesures comme le port obligatoire de la ceinture de sécurité. Il ressort de l’analyse des données sur les accidents de la circulation des dernières années quelques constats intéressants.

Plus d’accidents en 2006 en raison du relâchement des contrôles

En premier lieu, relève-t-on au ministère du transport et de l’équipement, il n’y a pas de corrélation entre le volume du trafic et le nombre d’accidents. Deuxième constat : la corrélation est forte entre le nombre de sorties des équipes de contrôle tous corps confondus et le nombre d’accidents. Pour illustrer cela, le ministère s’est appuyé sur 2006, année marquée par une aggravation des indicateurs de la sécurité routière.

L’explication est donnée sans détours : il y a eu relâchement dans l’action de la sécurité routière. « La renonciation, nous dit-on, des agents de contrôle au retrait du permis de conduire en cas d’infraction suite à la circulaire du 10 février 2006 a alimenté le sentiment d’impunité, encouragé les comportements dangereux, et créé une démobilisation de l’ensemble des acteurs concernés ». Ceci est particulièrement visible en rase campagne (2655 tués en 2006 contre 1099 en agglomération). En effet, si on regarde les statistiques des contrôles en 2005 et en 2006 ainsi que le nombre d’accidents qui ont eu lieu durant ces deux années, la corrélation saute aux yeux. Il y a eu, en 2005, 34.225 sorties des équipes de contrôle en rase campagne et 28.018 en 2006, soit environ 6200 sorties en moins. En parallèle, le nombre d’accidents s’est chiffré à 12.903 en 2005 contre 15.610 en 2006, soit 3707 accidents en plus. En pourcentage, le volume du contrôle qui a baissé d’une année à l’autre de 18 % s’est traduit par une hausse de 21 % du nombre d’accidents. Les services du ministère relèvent en outre que si l’on considère les premiers semestres de 2005 et 2006, où le niveau de contrôle était quasiment le même, le nombre des accidents a suivi la même tendance.

Pour ce qui est des accidents en agglomération, le fait que leur nombre soit resté stable sur les deux années, soit 38.656 et 38.882, avec une baisse du nombre de tués (-16,17%) est expliqué par l’introduction du port de la ceinture de sécurité.

Autre constat de taille : pour la période 2004-2006 (PSIU 1), 67% des tués de la route ont été enregistrés hors agglomération et, parmi le total des tués au niveau national, 41% sont des usagers vulnérables, c’est-à-dire des piétons et usagers de deux-roues. A la lumière de tous ces constats, des mesures nouvelles seront prises par le PSIU 2, tout en poursuivant certaines mesures du PSIU 1.

Ainsi, l’accent sera mis sur le maintien de l’effort de coordination aux niveaux régional et national avec le renforcement des contrôles et des sanctions qui prendra corps avec la mise en place d’un plan réactualisé périodiquement avec la Gendarmerie royale et la DGSN. Sur ce plan, l’activation de l’approbation du nouveau code de la route reste un élément déterminant, même si ce texte aura été l’objet d’amples modifications en raison des problèmes et mouvements de grève qu’il a suscités en 2007.

Cela étant, sept axes sont retenus pour ce PSIU 2. Il s’agit de la coordination et la gestion de la sécurité routière à haut niveau ; la législation, avec l’adoption du nouveau code et du texte de loi sur le transport des matières dangereuses ; le contrôle et les sanctions ; la formation des conducteurs et la réforme du système des examens du permis de conduire ; l’amélioration des infrastructures et des voiries urbaines ; les secours dispensés aux victimes des accidents de la route, et, enfin, l’éducation et la communication.

A titre d’exemple et s’agissant du contrôle, on s’oriente vers une certaine spécialisation des corps de contrôle pour plus d’efficacité. Ainsi, les éléments de la Gendarmerie donneront la priorité au contrôle de la vitesse en rase campagne et à certaines autres infractions comme le port de la ceinture de sécurité aux places arrière du véhicule. Les agents de police quant à eux donneront la priorité au port du casque pour les deux-roues, au respect des feux de signalisation, à la ceinture de sécurité, au transport des enfants de moins de 10 ans aux places avant et à la vitesse en cas de nécessité seulement.

Enfin, les agents du ministère du transport concentreront leurs efforts sur le contrôle technique des véhicules, la surcharge et le contrôle professionnel. A titre d’exemple, des actions ponctuelles seront réalisées avec le ministère de la santé dans les gares routières comme des visites médicales à l’improviste pour les chauffeurs d’autocars. Des actions similaires seront menées pour ce qui est de l’alcootest. Avec tout cet arsenal, imposant certes, il est permis d’espérer que la tendance s’inversera. Il ne faudra pas oublier cependant que, pour être efficace, le contrôle devra rester ferme et impartial.

Source : La vie éco - Mohamed Moujahid

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Karim Ghellab - Accident - Routier - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Voici les projets d’autoroutes en cours au Maroc

Le Maroc met en œuvre des projets d’autoroutes et de route d’envergure. Certains affichent un taux de réalisation de 100 %, tandis que d’autres avancent à grands pas.

Le projet TGV Kénitra-Marrakech avance à grands pas

L’Office national des Chemins de fer (ONCF) s’active pour la réalisation du projet de construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse reliant Kénitra à Marrakech. Il vient de débloquer environ 695 millions de dirhams.

Taxis contre Indrive : quand la rue marocaine devient un ring

La Coordination nationale et le Bureau régional de l’Organisation nationale pour les droits humains et la défense des libertés au Maroc appellent les autorités responsables du secteur des transports à trouver des solutions efficaces pour résoudre le...

BTP : Le Maroc en mode « chantier permanent »

Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) marocain est en plein essor. En 2024, l’investissement public dans ce domaine a connu une augmentation fulgurante de 56 % par rapport à l’année précédente, atteignant un montant de 64 milliards de...

Tanger Med, un port hub pour l’Afrique d’ici 2030

Le Maroc poursuit sa stratégie portuaire à l’horizon 2030 avec Tanger Med comme référence. Le royaume a engagé une politique de développement de ports modernes et compétitifs.

Autoroutes du Maroc : les projets votés pour 2024

Le budget d’Autoroutes du Maroc a été voté lors du conseil d’Administration qui s’est réuni sous la présidence de Monsieur Nizar BARAKA, Ministre de l’Equipement et de l’Eau, en date du 19 décembre 2023. En voici les conclusions :

Maroc : les autoroutes en chantier et les autoroutes à l’étude

Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a annoncé une série de projets d’infrastructure visant à renforcer le réseau autoroutier national au Maroc. Ces projets devraient contribuer à améliorer la mobilité dans différentes régions du...

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Réseau ferroviaire : le Maroc n’a pas les moyens de ses ambitions

Le ministère du Transport et de la Logistique n’est pas en mesure de financer l’extension du réseau de ligne ferroviaire reliant 43 villes marocaines. Vers l’abandon d’un projet devant promouvoir l’équité territoriale en ce qui concerne les chemins de...

Le Maroc et Israël consolident leur coopération dans le secteur des transports et de la Logistique

Une délégation marocaine composée d’acteurs clés du secteur des transports et de la logistique a effectué une visite de travail de trois jours à Tel-Aviv, et ce pour consolider la coopération entre le Maroc et Israël dans le secteur de la logistique.