Prévention et sécurité routières : Le grand bluff !

31 mars 2009 - 22h17 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les automobilistes au Maroc n’auraient-ils que des obligations et pas de droits ? La question mérite d’être posée au moment où l’on s’apprête à voter le dernière mouture d’un nouveau code de la route appelé, selon ses auteurs, à régler définitivement les nombreux dysfonctionnements que les conducteurs vivent au quotidien depuis des lustres.

Nonobstant, en effet, l’extraordinaire accroissement du parc automobile national, conséquence indéniable de la hausse du niveau de vie moyen ces dernières années et l’état déplorable de la plupart des voies de circulation urbaine et routière, du fait notamment des dernières et prolongées intempéries, des facteurs « ne varietur » gâchent au quotidien la vie des citoyens qui croient encore que la circulation routière et autoroutière fait l’objet d’une planification et d’une prévision anticipatrices de la part des différentes autorités, départements et institutions concernées.

Le bouchon du siècle !

Quelques exemples illustreront ce triste constat. Ainsi, vendredi 13 (et pour cause !) février, un camion citerne de la société Ziz, transportant plus de trente tonnes de carburant s’est renversé sur l’autoroute dans le sens Casablanca –Rabat entre les échangeurs de Mohammedia et Bouznika, plus précisément à hauteur de Mansouriah. L’accident à eu lieu à 8h 50 le matin. Ce tronçon d’autoroute a été gravement perturbé par un énorme bouchon tout au long de la journée, et il fallait, en moyenne, plus d’une heure et demie aux véhicules pour parcourir la quinzaine de kilomètres séparant ces deux sorties, dans la plus belle des pagailles, avec les véhicules empruntant les voies de dégagements latérales, sinon les bas-côtés, aggravant encore plus la situation. Ce n’est que vers 21h du même jour que la circulation a retrouvé sa fluidité. Comment expliquer cette situation lamentable sinon par l’imprévision, l’incurie, l’irresponsabilité ?

En effet, ce n’est qu’à la hauteur même de l’accident que l’on pouvait voir deux gendarmes, à côté de leurs engins, devisant entre eux, et agitant mollement la main en direction des automobilistes pour leur faire signe d’avancer ! Nulle indication à la hauteur du début du bouchon pour avertir les conducteurs d’un grave et prolongé ralentissement, nul panneau indiquant un rétrécissement de la voie, nulle voiture de la société des autoroutes pour ordonner, avec les responsables de la circulation routière, le trafic !

Pourtant, ADM, qui ne se prive pas de relever les tarifs des péages, aurait dû prendre les mesures nécessaires pour garantir, quelles que soient les causes, la fluidité du trafic. Il aurait été possible, notamment, d’ouvrir la voie inverse à la double circulation, sur deux sens, sur la distance relativement courte affectée par cet accident. On a préféré laisser faire les choses et gravement perturber le quotidien de dizaines de milliers de citoyens qui empruntent chaque jour l’autoroute la plus fréquentée du Royaume !

Œil de lynx …

Ce manque de prévision et de réactivité est rendu encore plus insupportable quand l’automobiliste se rend compte qu’il n’est, en fait, qu’« une vache à traire » pour les pouvoirs publics, à travers la politique tarifaire d’ADM, mais également par la politique de « prévention » matérialisée par la multiplication des contrôles radars par flashage. Impossible de contester les dires du gendarme qui affirme que vous avez dépassé la vitesse autorisée, même si votre véhicule dispose d’un système de réglage de la vitesse. Sa parole vaut de l’or… et vos protestations n’y feront rien ! Le citoyen en vient donc à se demander si ces radars obéissent à la préoccupation de prévention des accidents de la route ou à la nécessité d’emplir les caisses de l’Etat (dans le meilleur des cas..). En effet, entre Fès et Casablanca, par exemple, sur une autoroute qui se distingue par sa qualité et son tracé plutôt rectiligne, ce ne sont pas moins de huit équipes radars qui opèrent et, grâce à la générosité du ciel tout au long de l’automne et de l’hiver, à quelques jours d’un printemps prometteur, en étant le plus souvent « planquées » dans les hautes herbes de la bande centrale pour flasher à tout va.

L’introduction du permis à points au moment où ce dispositif est très largement critiqué en Europe et en passe d’être réformé (en France notamment), l’augmentation sensible du montant des amendes, la mise en place de radars fixes, et les autres innovations du prochain Code de la Route ne serviront sans doute à rien tant que les mentalités ne changeront pas et que les habitudes et les pratiques déloyales seront reprochées à ceux qui ont en charge la sécurité routière dans ses diverses acceptions et dimensions. Le jour où les contrôles seront plus fréquents sur les routes à grand trafic où sévissent taxis clandestins, camions surchargés, autocars et autres transporteurs « borgnes », où les contrôles radar seront destinés à la dissuasion et non à la ponction financière, les promesses, paroles, assurances et garanties de M. Ghellab seront prises au sérieux par nos concitoyens qui perçoivent parfaitement l’immense écart qui existe aujourd’hui entre le discours officiel et la réalité sur le terrain !

Source : La Nouvelle Tribune - Fahd Yata

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Karim Ghellab - Accident - Autoroutes du Maroc (ADM) - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : construction de nouveaux terminaux pour plusieurs aéroports

Le conseil d’administration de l’Office national des aéroports (ONDA) s’est réuni en session ordinaire pour discuter du projet de construction de terminaux dans plusieurs aéroports du Maroc, afin de rationaliser les coûts d’exploitation pour l’ONDA et...

Maroc : les autoroutes en projet

Le programme d’investissement de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) devrait atteindre plus de 8 milliards de dirhams pour les trois prochaines années, révèle le rapport sur les entreprises et établissements publics (EEP), annexé au...

Le Maroc prépare les aéroports de demain

Le Maroc prévoit de se doter d’un nouveau Schéma directeur aéroportuaire national à l’horizon 2045, le dernier élaboré en 2013 étant devenu obsolète.

Maroc : les autoroutes en chantier et les autoroutes à l’étude

Le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a annoncé une série de projets d’infrastructure visant à renforcer le réseau autoroutier national au Maroc. Ces projets devraient contribuer à améliorer la mobilité dans différentes régions du...

Maroc : nouvelles autoroutes en projet

De nouveaux projets d’autoroutes sont en cours de planification et de réalisation au Maroc. Les autoroutes existantes ne sont pas en reste puisqu’elles bénéficient d’amélioration en vue de fluidifier le trafic.

Des erreurs sur les panneaux d’autoroutes marocaines

Le député Kamal Ait Mik, membre du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants (RNI) à la Chambre des conseillers, a relevé des erreurs dans l’écriture des mots amazighs sur les panneaux de signalisation routière.

Autoroutes du Maroc : un nouveau projet passe mal

Anouar Benazzouz, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, a annoncé le lancement d’un projet de reboisement des abords des autoroutes marocaines.

Autoroutes du Maroc : nette progression des recettes au premier semestre

À fin juin 2022, Autoroutes du Maroc (ADM) ont affiché près de 2 milliards de dirhams de chiffre d’affaires, soit une progression de 10 % par rapport à la même période en 2019, selon les indicateurs trimestriels.

Opération Marhaba 2023 : des billets moins chers pour les MRE ?

Considérant le coût élevé des billets de bateau, le groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM) a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour faciliter l’arrivée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans le cadre de...

Autoroutes marocaines : Vers l’augmentation du péage ? Nizar Baraka répond

Face à la polémique grandissante sur les réseaux sociaux, Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, a pris la parole à la Chambre des représentants pour réagir à la présumée hausse des prix des tarifs du péage.