PJD : la construction d’un siège luxueux dans un quartier huppé fait polémique

4 janvier 2021 - 20h20 - Maroc - Ecrit par : G.A

Les travaux de construction du siège du parti de la justice et du développement (PJD) ont été lancés le 1ᵉʳ janvier par son secrétaire général, Saad Eddine El Otmani. L’initiative est critiquée de part et d’autre, surtout qu’elle intervient à un moment critique marqué par une récession économique engendrée par la crise du Covid-19.

La construction du siège coûtera au parti 38,5 millions de dirhams. Or selon les rapports déposés auprès de la Cour des comptes de Driss Jettou, les ressources du parti ne dépassent pas les 37,49 millions de dirhams. Le parti explique ce dépassement par les devoirs d’engagement et de contribution, qui s’élèvent à 21,21 millions de dirhams, et la contribution de l’État, qui s’élève à 15,81 millions de dirhams. Parmi les dépenses figure également l’acquisition d’immobilisations pour un montant de 10 millions de dirhams en 2019, rapporte Hespress.

Le caractère luxueux du siège et le fait qu’il sera implanté dans un quartier huppé créent quelques malaises au sein même du parti. L’un des membres actifs du PJD, Mohamed Amine Dahawi, n’a pas manqué de dire le fond de sa pensée sur sa page Facebook. Pour lui, au lieu d’un bâtiment luxueux dans un quartier huppé, le parti devrait « construire une institution partisane forte, avec la nécessité de préserver l’indépendance de ses décisions et de renforcer les institutions, prendre une nouvelle direction capable de relever les enjeux… de corriger tous les défauts, de renforcer, et de maintenir la continuité du projet pour lequel nous nous sommes rassemblés ».

De son côté, Mustpaha Grine, président de l’Observatoire marocain pour la justice sociale, a noté que la malédiction du quartier de Hay Riyad a frappé le parti de la lampe. L’homme a noté qu’en lançant les travaux de construction de son siège dans ce quartier, le parti passe à côté de tout ce qui a été sa bataille depuis sa création. « Le PJD a forgé un chapitre charnière dans l’histoire politique et partisane du Maroc, et s’est construit sur la base de sa proximité avec les gens et de sa présence dans les bidonvilles et douars auprès des pauvres et des marginalisés, pour passer rapidement des douars aux dawawines et abandonner tout cela en un temps record qui ne dépasse pas quelques années de gouvernance », rapporte Hespress.

Il ajoute que « le Parti de la justice et du développement a pris le sens inverse de celui de ses débuts, et ne sait ni pourquoi il a été créé ni où il se dirige, s’acharnant sur les postes et les nominations et accumulant un équilibre sans précédent d’échecs et de déceptions du citoyen marocain  ». Mustapha Grine a souligné qu’il est surpris de constater que le parti a « lancé les travaux de son siège au plus fort de la crise du Coronavirus et de la souffrance des Marocains  »

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Parti de la Justice et du Développement (PJD) - BTP - Saâdeddine El Othmani - Plainte

Aller plus loin

Subventions publiques des partis politiques : le PJD veut se tailler la part du Lion

Le Parti de la Justice et du Développement (PJD) bataille actuellement pour tenter de s’arroger une bonne part des subventions publiques dédiée aux partis politiques.

Maroc : de graves accusations portées à l’encontre des dirigeants du PJD

Un membre influent du Mouvement Unicité et Réforme (MUR), proche des ministres du gouvernement, a porté de graves accusations à l’encontre des dirigeants du Parti de la Justice...

À Casablanca, une action du PJD fait l’objet de vives critiques

À l’heure où les cas de contamination au Covid-19 augmentent à Casablanca, le conseil de la ville avec à sa tête le maire PJDiste, Abdelaziz El Omari a investi une importante...

Le PJD s’empare des mosquées, la société civile le dénonce auprès du roi Mohammed VI

Dans la perspective des élections de 2021, le parti de la Justice et du développement (PJD) déploie des stratégies pour capter l’électorat des responsables des mosquées. La...

Ces articles devraient vous intéresser :

Réforme du Code de la famille au Maroc : Abdelilah Benkirane menace

Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, relance le débat sur la réforme de la Moudawana et du Code pénal, en promettant des actions fortes si le ministre de la Justice y introduit des amendements qui portent atteinte à la cellule familiale.

Le Maroc, un chantier à ciel ouvert

Au Maroc, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et celui des matériaux de construction devraient tirer profit de l’organisation la coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025, la co-organisation de la coupe du monde 2030 ainsi que d’autres...

Jamaa Mouatassim démissionne du PJD, crise au sein de la formation islamiste

Le secrétaire général du Parti de la Justice et du développement (PJD), Jamaa Mouatassim, a démissionné vendredi du bureau du parti, après les rumeurs affirmant qu’il serait le conseiller politique d’Aziz Akhannouch, le chef du gouvernement.

L’architecture traditionnelle face au béton : Quel avenir pour le Maroc post-séisme ?

Le tremblement de terre du 8 septembre qui a endeuillé le Maroc a fait environ 3 000 morts et 5 600 blessés et endommagé quelque 60 000 habitations dans près de 3 000 villages dans le Haut-Atlas et ses environs. Un mois après, comment reconstruire les...

Abdelilah Benkirane met en garde contre le capitalisme occidental

Le secrétaire général du Parti Justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a dénoncé le capitalisme occidental qui, à terme, nuira au peuple et à l’économie marocaine.

CAN 2025 et Mondial 2030 : les critères de qualification des stades marocains

Le ministère de l’Équipement et de l’eau a donné des précisions sur les critères de qualifications et les travaux de construction des stades qui accueilleront les matchs de la coupe d’Afrique des nations 2025 et de la coupe du monde 2030.

Abdelkader Amara claque la porte du PJD, voici pourquoi

Abdelkader Amara n’est plus membre du parti de la justice et du développement (PJD). Lundi, l’ancien ministre de l’Équipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau a annoncé sa démission du parti islamiste après une réflexion sur ce que...

Code de la famille : les féministes marocaines face à l’opposition de Benkirane

Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD), Abdelilah Benkirane, a vivement critiqué le mouvement féministe qui milite pour l’égalité des sexes dans le cadre de la réforme du Code de la famille, estimant que son combat vise à...

La mise en garde d’Abdelilah Benkirane à Aziz Akhannouch

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti de la justice et du développement (PJD) a poussé un coup de gueule contre le gouvernement d’Aziz Akhannouch. Il l’a par ailleurs mis en garde contre l’éventualité d’un déclenchement des manifestations...

Maroc : Abdelali Hamieddine, ancien parlementaire, condamné pour meurtre

La Cour d’appel de Fès a rendu son verdict dans l’affaire de l’ex-parlementaire Abdelali Hamieddine, qui vient d’être condamné à une peine de 3 ans de prison ferme.