Hassan Badreddine, le magicien de la photo

17 juin 2008 - 11h10 - Monde - Ecrit par : L.A

Casablanca connaît une présence étrange ces jours-ci. Ses murs, ses immeubles et ses monuments sont appréhendés par un homme qui vient d’ailleurs. Avec son appareil photo, il capture à chaque instant un endroit historique, un visage symbolique, un regard magique…

C’est le photographe marocain Hassan Badreddine qui, après de longues années d’absence en Italie, revient à son pays natal. Il est là pour réaliser une collection de photographies sur sa ville d’antan, et ce, pour une revue italienne spécialisée en voyages, « Gente Viaggi » (gens de voyages). L’artiste profite de son passage pour venir nous voir. « Je suis célèbre en Italie mais pas chez moi. J’aimerais bien être reconnu au Maroc et avoir une place parmi les artistes nationaux. Je rêve d’exposer mes œuvres dans une des galeries marocaines. » nous confie avec beaucoup d’émotions Hassan Badreddine.

Au look décontracté où les accessoires tiennent une grande place, un large sourire aux lèvres, il nous parle avec passion de son parcours. D’un simple amateur de l’art photographique, Hassan Badreddine est devenu un grand pro. « C’est un génie de la photographie » ou encore « un poète de la photographie » a titré le magazine Photo Italia, considéré comme la bible des photographes en Italie mais aussi en Europe. L’aventure de notre artiste a commencé il y a exactement une vingtaine d’années. « En fait, ce n’est pas moi qui ai choisi la photo mais c’est elle qui m’a choisi. » raconte avec un air nostalgique Hassan avant de nous raconter sa première anecdote avec la photo. « J’étais encore petit quand un jour, mon cousin, photographe, m’a pris ma première photo.

J’étais pieds nus mais il m’a promis de résoudre le problème en chambre noire. Quand j’ai vu la photo, j’ai découvert qu’il m’a enfilé des sandales. C’est là que j’ai découvert la magie de la photographie. Depuis, j’ai rêvé d’en faire un jour. » Quelques années plus tard, à Ancône dans les Marches italiennes, Hassan Badreddine visite une exposition de Mario Giacomelli où il fut touché par la photo d’une vieille dame tenant une horloge dont les aiguilles sont cassées.

Le spectateur intègre alors une école de photographie et inscrit petit à petit son nom sur la scène des grands. Il commence d’abord à exposer dans les petites salles d’exposition de sa ville avant d’être sollicité par d’autres galeristes à travers la botte d’Europe. Il présente alors ses œuvres à Venise, à Rome, à Milan, à Senigallia… avant de devenir membre d’Art Partner, une grande agence locale de photographie. « J’ai commencé à dévoiler mes travaux sur le Maroc. C’était une façon de ma part de déclarer que je suis un Marocain, de ne pas oublier mes origines mais aussi d’atténuer la nostalgie pour mon pays d’origine et de le faire connaître à l’étranger. » raconte Hassan. Son objectif capte les moments insaisissables de la vie.

Outre les paysages, Hassan Badreddine aime immortaliser les émotions de l’autre. Parmi ses travaux récents, l’exposition itinérante « Blessure de lumière » que l’artiste a réalisée sur des enfants atteins de cancer. Sur les images d’un impact extraordinairement émotif, on peut percevoir des regards tristes entourés d’oiseaux, de calligraphies qui reflètent l’optimisme de la vie. « La photographie t’affronte parfois à des situations difficiles. Je me sers souvent de la réalité et la transforme en une autre. J’ajoute certains et en supprime d’autres pour donner naissance à une ?uvre que je n’ai pas choisie mais qui s’est imposée à travers mes sentiments et mes faiblesses.

Le résultat final est acquis après une concentration, une méditation et une vibration intérieure. » philosophe l’artiste. Spécialiste de la technique de la chambre noire, Hassan Badreddine rend hommage à travers chaque photo prise à son maître Giacomelli. « J’organiserai bientôt une grande exposition à Senigallia pour honorer le plus grand photographe d’Italie, Giacomelli. » déclare Hassan. Ce n’est pas tout car Hassan Badreddine rêve également d’exposer à la Moma, musée d’art moderne de New York. Mais ces grandes ambitions n’égalent en rien son désir d’être connu au Maroc. « Mon succès dans le monde entier n’aura aucun goût si je n’arrive pas à avoir un public au Maroc. » conclut notre photographe.

Source : Le Matin - Khadija Smiri

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