Artistes Maghrébins : De la nostalgie à l’intégration

14 février 2005 - 14h04 - Culture - Ecrit par :

Si la culture pied-noir est en perte de vitesse, l’émancipation culturelle du Maghreb et son ancrage dans les cultures occidentales, sont de plus en plus l’œuvre de toute une génération de créateurs issus de l’immigration.

Son teint est aussi basané que n’importe lequel de ses amis d’enfance dans cette Algérie mythique et fantasmée. Sa parole chaleureuse. Cette personne n’est autre que le chanteur Enrico Macias. Sa présence à la conférence de presse du mercredi 26 janvier, n’a pas été sans nous renvoyer le reflet de ces générations passées et présentes qui ont le Maghreb dans l’âme. Si la nostalgie évoquée par des artistes de la trempe d’Enrico Macias n’est plus de mise, la présence du Maghreb dans l’art et la culture française n’en est pas moins remarquable. Toujours. Sauf qu’elle n’est plus simplement le fait de ceux que l’on nomme, de manière abusive peut-être, voire péjorative, « pieds noirs ». Elle a tout simplement changée de main. La relève de cette culture se concrétise à travers d’autres modes et par d’autres militants de la culture d’origine. De jeunes artistes, issus de l’immigration, véhiculent de plus en plus l’image d’un Maghreb qui rompt radicalement avec la nostalgie chantée encore par les héritiers des colons. Un Maghreb libéré et diversifié que l’on chante, que l’on filme et que l’on écrit. Leur succès s’en va grandissant et les fans se multiplient. Eux, ce sont les artistes beurs, nés au Maghreb, mais qui ont grandi en France ou ailleurs. Qui des jeunes de la génération actuelle ne connaît pas des chanteurs comme Cheb Khaled, Mami, Faudel ou des humoristes tels que Gad El Maleh, Smaïn ou encore Jamel Debbouze ? Difficile de ne pas les connaître puisque grâce à leur succès, ils ont été très médiatisé et leurs œuvres ont sillonné le monde.
En quittant très jeunes leurs pays, ils ont immigré pour la plupart en France où ils sont allés à la recherche d’une terre clémente et propice à leur créativité. Ceci, bien évidemment loin de la censure et des préjugés. Ils se sont pour la grande majorité, éloignés de leur pays, non pas par haine, mais plutôt par amour pour leur patrie. Cela peut sembler contradictoire, mais c’est pour cette raison majeure, pour mieux créer et produire une culture de qualité, qu’ils se sont déplacés vers d’autres terres.
Dans un pays où pèsent la violence et la censure, l’artiste n’a pas de choix. Il doit s’exiler ailleurs pour donner libre-cours à son imagination et à sa créativité. Une créativité qui ne peut guère s’épanouir et émouvoir dans un climat de tension. Doit-il refouler ses sentiments et sa création et s’effacer, ou choisir un climat plus favorable ? Plusieurs artistes magrébins ont opté pour la deuxième proposition. Ils ont dû pour cela se sacrifier pour mettre en valeur leurs œuvres que ce soit musicales, théâtrales, littéraires ou autres.
Ils ont par là même choisi de s’exiler. Ici on donne l’exemple de Cheb Mami et des autres musiciens algériens de son calibre. Des noms comme, Rachid Taha, Faudel ou encore Jamal Debbouze et Gad El Maleh viennent à l’esprit.
Du côté de la musique, Cheb Khaled avec son Raï qui a dépassé les frontières de l’Algérie et qui s’est quelque peu occidentalisé a su atteindre les cœurs des milliers d’auditeurs. Nommée « le blues des déracinés », la musique Raï chante la souffrance mais aussi la femme et l’amour. Toutes ces choses qui font oublier la tristesse des jours malheureux et effacent toutes les traces de rancune et de haine. C’est pour des thèmes comme celui de l’amour, que des chanteurs comme Chab Khaled et Chab Mami ont été persécutés dans leur pays d’origine, l’Algérie. L’amour est naturel, mais il est toutefois censuré. La société maghrébine semble réprimer toutes sortes de sentiments qui conduisent à être heureux et à prôner la paix et la justice. Ces artistes messagers de l’amour et de toutes les bonnes valeurs ont pu libérer leurs paroles dans des terres d’accueil. Ils ne sont pas censurés et ils sont libres de laisser s’exprimer leurs sentiments, les plus profonds.
Mais cela n’a pas empêché ces jeunes artistes fraîchement installés de chanter pour leurs pays. Toutefois, on remarque qu’il existe deux catégories d’artistes. Ceux dont la culture d’origine est présente incessamment dans leurs paroles et leurs créations et aussi ceux dont la culture a été occidentalisée. Ces derniers ont voulu atteindre à la fois le public maghrébin et occidental. Il a fallu à ces jeunes fraîchement installés de s’adapter pour être aimés à la fois de leur pays d’origine et celui d’accueil.
Totalement intégrés, les artistes maghrébins de France sont les étendards de la modernité sur le plan culturel. Ils chantent l’hymne de la liberté contre les tabous et la censure. Mais ce n’est pas tout. Des artistes comme Gad El Maleh et Jamal Debbouze prennent parole dans leurs sketchs pour dénoncer certaines situations déroutantes qui se passent en France et aussi au Maroc. Dans son sketch « La vie normale » Gad El Maleh évoque des problèmes propres à la France. Mais finalement en y réfléchissant profondément, on remarque que ces situations sont universelles, elles font référence à des problèmes de société. Des problèmes qui sont parfois identiques dans tous les pays. Tous ces artistes cités ont réussi, à relever le défi d’être universels. Il ne s’agit nullement pour eux d’oublier leur pays, mais de refléter l’image d’un artiste engagé à la parole libérée.

Qods Chabâa - Aujourd’hui le Maroc

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