Colloque national sur la forêt

1er octobre 2008 - 14h09 - 1996 - Ecrit par : L.A

Il y a plus d’une année, Nous avions donné nos directives à notre gouvernement, pour la tenue d’un Colloque national sur la préservation et le développement de notre patrimoine forestier. Nous avions tenu particulière ment à ce que cette manifestation d’importance, fasse l’objet d’une préparation approfondie, associant les hommes de science et de l’art, les élus, le monde économique et les différentes institutions étatiques.

Notre initiative s’inscrit dans le contexte de la pré occupation permanente qui est la nôtre de préserver l’une des richesses les plus importantes dont Dieu a doté notre pays. A l’échelon du Bassin méditerranéen, Nous savons que notre patrimoine floristique est l’un des plus riches et en dépit des menaces réelles qui pèsent sur lui, il figure parmi les richesses écologiques les moins endommagées.

Ce patrimoine a été l’objet d’une attention particulière de la part des autorités compétentes. Avec la création du Fonds national forestier, la multiplication des institutions de formation des cadres et techniciens, la promotion d’un programme ambitieux de recherche, l’accélération du processus de délimitation foncière, nombreuses auront été les actions entreprises par l’Etat au service d’un développement durable de la forêt.

Tous ces efforts que l’on peut mesurer à travers des réalisations concrètes en matière de repeuplement artificiel et bien d’autres aspects, s’avèrent être in suffisants pour faire face à l’ampleur de la mission de gestion d’un espace qui dépasse les neuf millions d’hectares d’une part et à la pression qui s’exerce sur la forêt du fait de la démographie d’autre part.

Si à la pression pastorale, il fallait ajouter l’impact des aléas climatiques, des incendies et d’autres agressions, on mesurerait l’ampleur des dangers qui guettent notre patrimoine sylvicole.

Le monde entier affronte les mêmes contraintes et doit faire face à des dé fis écologiques similaires. Les pluies acides dans les pays industrialisés, la sur exploitation des res sources forestières dans les pays en développe ment appellent le même degré de mobilisation et nécessitent la mise en œuvre d’une approche qui se fonde sur les vertus de la solidarité et de la responsabilité collective. Le constat et les orientations retenus dans l’agenda 21 des Nations Unies sont éloquents à cet égard.

C’est pour ces raisons que Nous avons tenu à associer aux travaux de ce Colloque, l’ensemble des responsables de la forêt dans les pays riverains de la Méditerranée ainsi que les institutions multilatérales concernés. En effet, la dimension des projets identifiés pour assurer la sauvegarde de notre patrimoine forestier et son utilisation comme facteur de lutte contre la désertification ou la protection des bassins versants, nécessitent un partage à la fois des connaissances acquises et de l’effort de recherche à réaliser. L’effet de synergie que nous devons viser, est essentiel à cette course contre le temps que nous menons tous pour affronter les dé fis qui pèsent sur la forêt à l’échelon mondial. La pression légitime des différents courants écologistes en vue de freiner l’exploitation actuelle des ressources forestières, la prise en compte du facteur de l’environnement dans l’organisation et la régulation des échanges inter nationaux, sont autant de signaux que nous devons tous saisir en faveur d’une révision drastique de nos stratégies sectorielles de développement de la forêt.

C’est dans ce contexte que nos directives sont données à notre gouvernement pour veiller avec l’urgence voulue et la mobilisation des ressources humaines et matérielles adéquates, à la réalisation de trois objectifs fonda mentaux :

1) Le parachèvement de l’opération de délimitation du patrimoine forestier avant l’an 2000 et la mise au point de nouvelles règles de jeu qui puissent garantir l’usage pérenne de nos ressources forestières.

2) La réévaluation de la mission des Collectivités locales et de leur responsabilité dans le développement durable de la forêt. L’accès aux ressources que procure la commercialisation des produits forestiers doit être désormais condition né par la participation aux actions d’entretien et de surveillance du domaine forestier dont les communes tirent profit.

3) La mise au point d’un cadre approprié pour la promotion de l’investisse ment privé dans les ressources forestières. Nous savons en effet que la forêt a toujours été un investissement apprécié par les investisseurs institutionnels qui recherchent des résultats à très long terme.

La mise au point de règles simples qui permettent de contribuer à accélérer nos programmes de reboisement en partenariat avec le privé, ne peut qu’être bénéfique. Les besoins énergétiques du pays qui continuent de dépendre de la forêt à concurrence du tiers, les besoins en bois d’œuvre et en matières premières d’origine sylvicole nous imposent de rechercher des stratégies alternatives pour soulager la pression qui s’exerce sur nos massifs forestiers. Les conditions objectives d’un partenariat fécond sont réunies, il convient d’en tirer avantage. La réalisation de ces trois objectifs demeurera tributaire de la réhabilitation du métier de forestier.

Ce métier qui a toujours attiré des vocations passionnelles, doit continuer à attirer notre jeunesse. Les perspectives d’emplois dans ce secteur, à travers toutes ses filières, sont prometteuses. Elles demandent que plus d’attention soit accordée au statut du forestier et à sa promotion sociale. Faisons en sorte que dès l’école primaire, nous puissions entamer la sensibilisation de nos enfants au respect de la nature et de l’arbre en particulier. Puisons dans les préceptes de l’Islam, dans le Livre Saint comme dans la Sunna, les enseignements et les valeurs qui ont sacralisé l’arbre et l’amour de ce que le Créateur nous a confié.

Pourquoi ne pourrions-nous pas, à l’occasion de la Journée mondiale de l’arbre, réaliser chaque année une opération de plantation, minutieusement préparée et mûrement réfléchie ? Cette opération qui pourrait mobiliser les effectifs scolaires, aurait, outre ses vertus pédagogiques, le mérite de réhabiliter l’arbre dans notre conscient collectif. Des associations de bénévoles et des mécènes pourraient assurer le soutien nécessaire à cette opération qui pourrait être encadrée par les administrations compétentes.

Grâce à ce type d’initiatives, il sera possible de maintenir le patrimoine forestier dans son niveau actuel et d’arrêter la lente érosion des espaces qui lui étaient consacrés. Cette action de sensibilisation et cette mobilisation que l’on peut réaliser seraient vaines si un plan volontariste d’aménagement du territoire contigu aux forêts n’était pas mis en œuvre. Nous demandons donc à notre gouvernement de prévoir dans le plan de développement du monde rural, priorité centrale de notre action économique et sociale, des mécanismes et des projets qui permettent de réduire l’acuité avec laquelle la question du pastoralisme se pose. Des activités diversifiées, une alimentation de substitution aux parcours forestiers sont à imaginer.

Il n’est pas question ici de remettre en cause les droits d’usage ancestraux. Il s’agit davantage d’une adaptation des efforts aux possibilités de notre patrimoine à la sauvegarde duquel nous avons l’obligation de veiller. Telles sont quelques ré flexions que Nous inspire votre Colloque. Nous serons à l’écoute attentive de vos débats et Nous savons par avance que vous serez à la hauteur de nos espérances. Nos vœux de réussite vous accompagnent et Nos souhaits de bienvenue à Nos invités qui sont venus quelque fois de très loin pour partager leurs expériences avec nous. Qu’ils soient remerciés pour l’amitié qu’ils nous font d’être des nôtres."

21/03/1996

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