Conférence de lancement du projet Aladin pour un dialogue interculturel

28 mars 2009 - 11h14 - 2009 - Ecrit par : L.A

"Excellences,
Mesdames et messieurs,

Quel choix et quelle responsabilité d’avoir fait appel au mythe d’Aladin pour nous inviter collectivement à réfléchir autrement à l’un des stigmates les plus tragiques et les plus indicibles de l’histoire contemporaine.

Responsabilité en effet et choix singulier s’il en est, car aucun d’entre nous, Mesdames et Messieurs, ne peut prétendre à une lecture de l’holocauste qui ne soit pas totale, irréfragable et sans concession ou compromission.

Concession ou compromission qui seraient dictées par les conjectures de l’instant ou les fragilités d’une mémoire coupable parce que délibérément sélective.

Ma lecture de l’holocauste et celle de Mon Peuple ne sont pas celle de l’amnésie.

Notre lecture est celle d’une blessure mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux, dans le Panthéon du Patrimoine universel.

D’autres que Moi sauront à juste titre vous dire à cet égard que s’agissant du Royaume du Maroc, ce propos n’est pas nouveau et il ne sera jamais un propos de circonstance.

Si J’en esquisse aujourd’hui le rappel, c’est justement pour qu’Aladin, votre groupe de Réflexion se fixe l’objectif prioritaire de dire enfin au reste du Monde, ce qu’a été la résistance au nazisme des Pays qui, comme le Mien, à partir de l’espace arabo-musulman, ont su dire non à la barbarie nazie et aux lois scélérates du gouvernement de Vichy.

La communauté des Nations s’est trop longtemps accommodée d’une lecture sélective de l’histoire de cette période sombre et régressive. Une lecture par défaut qui a permis à tous les fantasmes de s’épanouir.

Dans quels manuels d’histoire et d’éducation civique apprend-on en effet aujourd’hui en Occident, que le Maroc dès les années 30, avait ouvert ses portes aux Communautés Juives Européennes qui avaient vu à temps, le danger pointer à l’horizon.

Dans quels instituts ou carrefours intellectuels en Europe ou aux Etats-Unis discute-t-on de l’attitude exemplaire et historique de Feu Mon Grand-Père, Sa Majesté le Roi Mohammed V que Dieu le garde en Sa Sainte Miséricorde. Lui qui malgré un pouvoir bridé par les réalités implacables du protectorat français, avait su s’opposer à l’application des lois racistes de Vichy aux citoyens Marocains de confession juive.

Chacun comprendra ici qu’en vous appelant à une lecture exhaustive et fidèle de l’histoire de cette période, Je ne rends pas seulement justice aux faits.

Nous sommes en effet dans un temps qui n’est pas neutre. Un temps où l’imaginaire collectif de toutes nos sociétés est aussi nourri par la perspective de l’exclusion et de l’échec quand se profilent les promesses du dialogue de nos civilisations, de Nos cultures et de Nos religions.

Nous devons donc ensemble partir à la reconquête de la raison et des valeurs qui fondent la légitimité d’un espace de convivialité où les mots de dignité, de justice et de liberté auront à s’exprimer de la même façon et à se conjuguer avec les mêmes exigences, quelles que soient nos origines, nos cultures ou nos spiritualités.

C’est notre lecture au Maroc du devoir de mémoire que nous dicte la Shoah.

Un devoir de mémoire qui dans sa profondeur et dans sa tragique singularité, nous impose avec force les contours éthiques, moraux et politiques qui seront demain les vrais garants de cette paix faite de Justice et de Dignité également partagées et à laquelle aspire la majorité des Palestiniens et des Israéliens".

27/03/2009

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