Discours du trône du 3 mars 1997

28 décembre 2008 - 12h06 - 1997 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la bénédiction et la paix soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Cher peuple,

Il est de tradition, cher peuple que nous célébrons chaque année, toi et moi. la Fête du Trône avec tout l’éclat et toutes les marques de réjouissance qu’elle mérite, et que nous commémorons cet anniversaire comme l’une de tes fastes et glorieuses journées et l’une de tes grandioses épopées. Il s’agit en effet pour toi d’une occasion de réaffirmer un pacte indéfectible toujours renouvelé, de réitérer ton engage ment de fidélité et ton attachement à l’institution constitutionnelle que tu as choisie pour ton régime politique tout au long de ton histoire séculaire. C’est également pour Nous une opportunité de renouveler, pour toi cher peuple, les marques d’affection et de sollicitude qui nous ont toujours liés et de rappeler les responsabilités qui découlent de la Beïa dont Nous sommes dépositaire.

Ainsi, Nous nous réjouissons de cette fête qui ravive dans notre esprit et le tien, les valeurs et les idéaux qui nous incitent tous ensemble à œuvrer constamment pour que ce Trône demeure le symbole de l’unité de cette Nation, son recours dans les crises et l’adversité, l’espoir qui emplit les cœurs pour entreprendre de grandes œuvres et atteindre de nobles objectifs. C’est une fête nationale qui Nous incite à nous remémorer ton histoire récente et lointaine, frappée du sceau de la communion entre les générations, de la succession de leurs victoires et péripéties, une histoire qui paraît tel un arbre bien enraciné, vibrant au vent et aux lumières. Pas une année ne passe sans que de nouvelles branches ne viennent revigorer sa structure, ses fruits, valoriser davantage son rende ment, et une nouvelle sève revigorer son tronc et ses racines.

Ainsi, cher peuple, nous célébrons ensemble l’anniversaire de la glorieuse Fête du Trône, en ayant le sentiment toujours, renouvelé que nous avons acquis plus de force et d’assurance dans notre marche, franchi des étapes successives sur la voie du développement, que nous nous sommes débarrassés des séquelles qui nous handicapaient et des habits devenus étriqués pour revêtir de nouveaux plus convenables et plus conformes à nos aspirations. et que nous évoluons au rythme du progrès de l’humanité, qui est le trait marquant de notre époque et la règle qui a prévalu pour nos prédécesseurs tout au long de l’Histoire. Nous tirons ainsi fierté des réalisations accomplies dans notre marche aux objectifs et aux horizons multiples, apprécions à leur juste valeur les acquis obtenus et avançons résolument pour concrétiser tes nobles desseins et tes grandes ambitions.

Si nous nous remémorons l’histoire de ce glorieux trône qui est en même temps celle du Maroc, nous nous rendons compte que ses réalisations, pour toi, cher peuple, ont à chacune de ses étapes tels les fruits de l’arbre béni cité en exemple par Dieu dans le Saint Coran et qui, par la bénédiction divine, fructifié à tout instant. En effet, à chacune des grandioses réalisations historiques accomplies par le Maroc pour défendre son unité, préserver son intégrité, repousser l’agression d’un assaillant. ou pour barrer le chemin à un pervers ou à un instigateur du désordre, ou encore pour étendre les bienfaits de la quiétude et de la stabilité et réaliser le progrès, et la prospérité, le Trône marocain était là pour concrétiser la volonté de la nation et unifier ses rangs sur cette voie. Il affûte ainsi la résolution de ses membres et mobilise leurs énergies, permettant au travers de cette symbiose entre le Trône et le Peuple, la réalisation, comme par le passé, de nobles objectifs et aspirations.

En nous remémorant tous ensemble notre histoire contemporaine, Nous constatons que ta révolution, cher peuple, a été en fait une Révolution du Roi et du Peuple que ta libération l’a été sous la conduite d’un Roi et grâce à la mobilisation d’un peuple qui a répondu à son appel, et que la renaissance a été le fruit d’une interaction ininterrompue entre moi et toi, approfondissant ainsi ces liens historiques que nous avons enrichis par les mécanismes de notre époque pour resserrer davantage nos liens et consolider notre communion.

C’est cette symbiose entre le Trône et le Peuple qui constitue l’une des caractéristiques de ton histoire et représente ce qui fonde et préserve ta personnalité. Et tu est en droit, cher peuple, de t’enorgueillir de cette spécificité qui reflète le degré de ta maturité, l’étendue de ta sagesse et la confiance que tu as en tes propres valeurs. Et s’il est un secret à ce don, il est à déceler dans les riches traditions qui, depuis plus de douze siècles, forment la trame de ta personnalité, si bien que, dans un monde où toute vocation nationale tend à disparaître, tu restes parmi les Nations qui peuvent encore exhiber leur authenticité en guise de médaillon frappé à l’effigie de leur peuple.

Et il n’est qu’à considérer avec quelle unanimité tu as répondu . au projet de révision constitutionnelle que Nous t’avions proposé pour saisir à quel point est positif le réflexe collectif de la société qui est la tienne. A tous les niveaux, et dans tous les milieux, la finalité de notre projet a été clairement perçue et ses implications comprises sans peine. Le débat qui eut lieu à cette occasion n’opposa pas des à des , mais fut surtout celui des cœurs battant à l’unisson pour bénir une œuvre qui complète et conforte notre processus de démocratisation, normalise notre vie politique, modernise nos institutions, et qui. pour tout dire, matérialise cette nouvelle avancée que nous accomplissons ensemble sur le chemin de notre accès au XXlème siècle. C’est une avancée importante, décisive, et autant s’inscrivant en droite ligne des traditions patriotiques qui ont fait la grandeur du Maroc que concrétisant la promesse que nous t’avions faite de faire de l’année 1996 une année de réformes.

La deuxième Chambre, qui constitue l’un des volets essentiels de ces réformes, loin de représenter un contrepoids à une institution ou à un organe quelconque, comme pourraient le laisser croire certaines lectures superficielles ou simplistes, vise plutôt à élargir les assises de notre démocratie, à les stimuler et à les équilibrer. Il n’aurait servi à rien, en effet, de mettre un soin d’orfèvre à favoriser l’émergence de nouvelles intermédiations locales. sociales, économiques..., ou d’encourager les initiatives de proximité à travers l’action de la société civile si, au niveau de l’action législative, ces intermédiations et les composantes de cette société civile devaient rester absentes ou sous représentées Notre souci principal, comme tu le sais, cher peuple, a toujours été d’élargir le champ de la participation démocratique horizontalement à travers les collectivités locales, verticalement grâce au suffrage universel et transversalement par le biais des Chambres professionnelles et les syndicats. Dès le début, en effet, nous avons voulu pour le Maroc une démocratie qui ne soit ni chimérique, ni utopique, ni encore moins un champ ouvert où triompherait sans garde-fous le laisser-aller, laissez-passer. Notre préférence allait plutôt vers un projet qui soit le fidèle reflet de nos propres valeurs et fondé sur une construction patiente, fiable et réaliste. En un mot, Nous avons voulu une démocratie d’avenir, porteuse de progrès et propre à édifier une société libre, active et homogène.

De là, la décision que, très tôt, Nous avions prise de faire des collectivités locales la première école d’initiation démocratique, convaincu que nous sommes que c’est en se frottant aux réalités vécues à la base que le conseiller communal pourra se préparer à devenir demain un responsable à l’échelon national. Cette expérience a porté ses fruits, nonobstant certaines difficultés inhérentes à toute gestion de cette nature, puisqu’elle nous a permis, d’une part, d’élargir le champ de la démocratie locale en doublant le nombre des communes et, d’autre part, de renforcer davantage le processus de la décentralisation auquel nous tenons particulièrement.

A cette fin précisément, et après des études approfondies, Nous avons institué la Région, tant pour parachever ce processus que pour dynamiser corrélativement les diverses composantes économiques, sociales et culturelles de notre organisation territoriale. Ensuite, pour conférer toute la solennité qu’elle mérite à cette nouvelle entité administrative, Nous l’avons érigée en collectivité locale par la Constitution révisée en 1992. Soumise à consultation, sa configuration a fait depuis l’objet du consensus souhaité. Ses instances, ses attributions et ses moyens ont été, eux aussi, définis, et elle est à présent prête à prendre rang activement parmi nos institutions dès que les conseils régionaux auront été mis en place. Structure clé dans l’édifice de notre organisation administrative, la Région est destinée à ce titre à devenir un levier essentiel de gestion et de planification à l’échelon régional à condition toutefois qu’elle soit soutenue par une politique de déconcentration. Elle aura aussi un rôle important au niveau national par le biais de ses représentants à la Chambre des conseillers qui seront bientôt appelés à prendre part à la définition des grandes orientations de la stratégie nationale. A cet effet, il est d’ailleurs attendu que sur le front de la bataille pour la croissance, les représentants des collectivités locales ceux des chambres professionnelles et ceux des salariés ne vont pas manquer de se trouver côte à côte solidairement placés en première ligne.

Cher peuple,

En donnant aujourd’hui à toutes les forces actives et productives davantage de voix au chapitre, nous avons voulu marquer très clairement notre option pour la dimension de la démocratie, conscient que Nous sommes que c’est désormais à l’aune de la performance économique que se mesure le bien-être d’un pays et ses chances de pouvoir préserver sa position dans un monde soumis à la dure et inexorable loi de la compétition. Aussi, est ce pour mieux rationaliser l’emploi et la gestion de nos ressources que Nous avons pris la décision d’ériger la Cour des comptes en institution constitutionnelle. Elle aura désormais pour mission d’assurer le contrôle supérieur de l’exécution des lois de finances, de vérifier la régularité des opérations de recettes et de dépenses de certains organismes, d’assister le parlement et le gouvernement dans le domaine relevant de sa compétence et de Nous rendre compte de l’ensemble de ses activités. Son action à l’échelon central sera également prolongée à l’échelon local par celle des Cours régionales des comptes chargées du contrôle de la gestion des collectivités locales et de leurs groupements.

C’est aussi dans ce registre de préoccupation que s’inscrit le principe de la liberté d’entreprendre que Nous avons pris soin de consacrer dans la dernière révision constitutionnelle, afin qu’il serve de base de référence à la réorganisation de l’environnement juridique de l’entreprise, réorganisation destinée à révolutionner le droit des affaires, et qui n’a pas tardé du reste à trouver l’aboutissement souhaité au plan législatif. Il s’agit en fait d’un principe qu’au Maroc Nous avons toujours appliqué dans la pratique, mais dont Nous avons tenu néanmoins à confirmer constitutionnellement et solennellement la primauté pour lever toute équivoque et abolir toute incertitude quant au sens de notre option dans ce domaine. Ainsi donc, de la deuxième Chambre à la Région. Et de celle-ci aux Cours des comptes, au principe de la liberté d’entreprendre et à la réactivation du plan, avons-nous mis en place les institutions et les mécanismes à même de répondre aux vraies préoccupations de nos fidèles sujets Il faut savoir à ce propos que le Maroc nouveau, celui qui est à l’orée du XXlème siècle, n’est plus de ceux qui s’interrogent encore sur le genre de projet de société à édifier qui puisse lui garantir la liberté et les droits de l’homme. C’est là un chapitre qui est pour Nous définitivement clos, ne suscitant plus aucune remise en question.

Par contre, les interrogations qui font actuellement débat dans tous les milieux ont plutôt trait à la mise à niveau de l’entreprise, aux activités créatrices d’emplois et à l’impérieuse urgence de résorber le déficit social ou encore à comment désenclaver le monde rural ou optimiser les ressources humaines. Ce sont là des questions pertinentes qui sont à mille lieux des joutes oratoires et démagogiques de jadis. Pour notre part, comme tu le sais, cher peuple, Nous n’avons cessé méthodiquement, progressivement, patiemment, de poursuivre notre œuvre de pédagogie jusqu’à amener finalement au dialogue les principaux intervenants sur la scène nationale. Et grâce à Dieu, dès que le débat fut engagé, ce qui semblait au départ relever d’une simple approche, ne tarda pas à se transformer sous nos yeux en culture, tant et si bien qu’aujourd’hui et sont devenus des termes courants dans le lexique politique national. C’est là un trait de vertu qui ne doit rien au hasard, mais qui procède de cette qualité foncière qu’ont toujours eue les Marocains de savoir gérer les tournants décisifs de leur destin. Tout au long de l’année écoulée, l’entente nationale sur les questions essentielles a pu ainsi se vérifier.

Ce fut d’abord à la Chambre de Représentants où la loi relative à la révision des listes électorales est adoptée à l’unanimité sur la base d’un consensus entre le gouvernement et les divers groupes parlementaires. L’entente ainsi réalisée autour d’un texte de nature généralement controversée est significative. Elle révèle que la confiance s’installe entre les représentants des différentes familles politiques et le gouvernement et que les uns et les autres sont décidés à emprunter le plus souvent cette nouvelle voie. Ce fut ensuite le gentleman’s agreement signé entre le gouvernement et le bureau de la Confédération générale des entreprises du Maroc qui pose les règles d’éthique auxquelles le monde des affaires se doit de se soumettre pour éviter toute compromission frauduleuse. Il serait en effet regrettable qu’au moment où le Maroc s’ouvre sur la mondialisation et où l’entreprise nationale doit affronter la compétition internationale, certaines pratiques illégales viennent compromettre l’effort fourni par l’Etat et par l’entreprise pour faire conséquemment face aux défis qui s’annoncent. Il est inadmissible que l’un ou l’autre puisse subir un préjudice moral ou matériel par le fait de la contrebande ou de pratiques illicites. Ce furent en troisième lieu les accords conclus le 1er août dernier entre le gouvernement les syndicats et l’organisation patronale pour servir de plate-forme et de cadre aux problèmes qui peuvent surgir dans leurs relations mutuelles.

Il s’agit là d’une expérience des plus rares dans le monde, pleine de sagesse et porteuse de promesse, parce qu’elle a réduit l’écart qui sépare le capital du monde du travail en lui substituant une pratique fondée sur la solidarité entre toutes les forces de production. Grâce à cela, ces forces vont pouvoir non seulement affronter et gagner le pari de la compétitivité mais instaurer aussi entre elles des mécanismes distributifs du fruit de la croissance.

Ce fut aussi l’élaboration concertée du projet de code électoral en tant qu’instrument de codification, de modernisation et d’unification de la législation électorale marocaine, suivi bien à propos, de l’adoption d’une déclaration de principe qui constitue une véritable charte politique régissant la déontologie des élections.

Ainsi, pas à pas s’est concrétisé le consensus des forces politiques du pays autour de règles de jeu claires et précises, et dont la définition comme la mise en œuvre, sont le fruit d’une concertation organisée qui a désormais trouvé son point d’équilibre. Déterminé que Nous sommes à procéder avec l’aide de Dieu, à l’ouverture de la première session du nouveau Parlement au mois d’octobre prochain, il est prévu que la première opération électorale, qui sera lancée à l’échelon national, ait lieu avant fin mai de l’année en cours. A cette fin, nous attendons de la Chambre des Représentants, du gouvernement et de toutes les formations politiques de redoubler d’effort pour respecter les échéances qui nous séparent de ce nouveau rendez-vous.

Ainsi notre satisfaction sera encore plus grande et plus large pour l’exceptionnelle qualité du travail accompli par les députés, toutes tendances confondues, eux qui ont mérité la confiance de leurs concitoyens pour avoir ouvert la voie à un nouveau style de coopération entre leurs différents groupes, et entre ceux-ci et le gouvernement, coopération qui a d’ailleurs été positivement confirmée lors des deux dernières sessions de la Chambre des Représentants puisque, sur 48 projets de loi approuvés, 40 l’ont été à l’unanimité.

Cher peuple,

Le Maroc se trouve engagé, depuis un an, dans un cycle de réformes multiples touchant aussi bien le domaine institutionnel que celui des activités économiques et sociales. Certes, dans une telle entreprise, toutes les réformes souhaitées ne peuvent être engagées en même temps, ni celles mises en œuvre transformer les choses en un jour. Toutefois, l’élan est pris pour de bon, et Nous prendrons bien soin pour qu’il soit maintenu dans le sens de la trajectoire que nous lui avons imprimée. Et pour peu que l’aile de la clémence divine veuille bien continuer de nous envelopper de son ombre généreuse, la cadence de notre progression vers la prospérité n’en sera dès lors que bien mieux accélérée. D’ores et déjà, Dieu merci, notre optimisme se trouve conforté par les résultats enregistrés au titre de l’exercice passé, qu’il s agisse d’un taux de croissance élevé, de la nette amélioration du PIB, de la reprise du tourisme ou de la réduction du déficit commercial, ou qu’il s agisse encore de la baisse du taux de l’inflation, ou de celui du chômage urbain. Mais le résultat qui a le plus comblé nos espoirs fut celui de la récolte céréalière, record réalisé l’année dernière, récolte coïncidant, par ailleurs, avec une série de mesures administratives qui font actuellement l’objet d’études approfondies, compte tenu de l’effet heureux qu’elles pourraient avoir sur le secteur agricole.

C’est que, comme tu le sais, cher peuple, le Maroc a toujours été, et continue d’être, un pays agricole. Nous avons tous hérité de nos illustres aïeux l’amour de la terre et du paysan. Et Nous ne cesserons jamais, pour notre part, d’entourer ce paysan de notre sollicitude et ne le laisserons point devenir la victime de la mondialisation ou des conventions qui ont été exécutées de manière peut-être hâtive. D’autre part, il est d’autres facteurs qui, quel que soit le progrès enregistré, ne laisseront pas pour autant de Nous préoccuper parce que leur amélioration de façon satisfaisante ne peut s’inscrire positivement que dans la durée. Il en est ainsi, par exemple, du développement des ressources humaines ou de la réduction des disparités sociales dont les solutions, non seulement dépendent de l’essor économique, mais le conditionnement également.

C’est d’ailleurs cette catégorie de contraintes qui nous a conduit à recourir à la planification pour hiérarchiser les priorités et synchroniser les actions afin de mieux gérer le temps. Il ne faut pas oublier, en effet, que les quatre ou cinq prochaines années seront décisives pour l’avenir du Maroc s’il veut gagner le pari de l’émergence économique et sociale de façon définitive et irréversible. Il y a cinquante ans, un pays pouvait se développer et se moderniser en une ou deux décennies. Aujourd’hui le progrès est fulgurant et la compétition si sévère que, non seulement chaque année compte, mais aussi chaque instant. Il n’y a donc pas d’autre alternative pour un pays qui veut réaliser ses ambitions légitimes que le réalisme, la mobilisation constante et la persévérance dans le labeur. C’est l’enjeu de la phase actuelle que par bonheur, toutes les forces vives de ce pays ont compris et pour lequel elles ont décidé de combattre. Nous n’en voulons pour preuve que le consensus qui s’est fait spontanément à ce sujet à la Chambre des Représentants, puisque sur les quarante projets de loi adoptés à l’unanimité, trente cinq ont un caractère économique social.

Corrélativement, le secteur privé se doit de son côté d’affirmer sa détermination et son volontarisme dès lors qu’il a compris que les filières du développement exigent plus que jamais, combativité, ténacité et mobilisation continue des énergies. S’il s’organise en conséquence dans tous les domaines d’activité, rénove ses techniques d’exploitation et poursuit son entente avec le monde du travail, il pourra envisager l’avenir avec confiance. C’est à ces conditions que l’entreprise citoyenne pourra devenir le fer de lance dans la bataille pour la croissance économique, le développement de l’emploi et la réduction des disparités sociales et régionales. C’est à ces conditions aussi qu’elle pourra répondre aux espoirs de l’économie marocaine, d’intégrer le marché mondial et d’être prête, le moment venu, à assumer efficacement l’instauration de la zone de libre-échange avec l’union européenne.

Pour sa part, l’Etat n’eut de cesse, durant l’année écoulée, de tout mettre en œuvre pour créer un climat propice à l’impulsion économique et d’engager un certain nombre d’actions visant à l’amélioration des finances publiques, à la promotion de l’investissement, à la modernisation et au développement du secteur financier, à la réforme des entreprises publiques. C’est ainsi que grâce à une politique de rigueur budgétaire, il a pu consolider les équilibres financiers, maintenir un niveau d’investissement significatif et lancer dès lors le premier programme de priorités sociales dont l’objectif est de mettre à niveau le monde rural en matière d’enseignement, de santé et d’équipements collectifs.

Pour promouvoir l’essor économique, plusieurs lois visant à l’amélioration du contexte général des affaires ont été adoptées, dont notamment le code de commerce, le code des sociétés et la loi sur les tribunaux de commerce. Ces lois viennent conforter la mise en application de la loi-cadre formant Charte de l’investissement et elles seront prochainement renforcées par celles relatives à la concurrence, à la protection du consommateur et aux groupements d’intérêt économique.

Parallèlement il est prévu d’aménager des zones industrielles évoluées par l’implication du secteur privé dans la réalisation de ces infrastructures tant au niveau des travaux d’aménagement qu’au niveau de la promotion de la commercialisation et de la gestion des sites. Par ailleurs l’action commune pouvoirs publics-secteur privé a été récemment élargie par l’institution d’un comité national chargé de la mise à niveau du tissu économique. Ce comité aura notamment à veiller au développement de l’infrastructure technologique, au lancement des études diagnostics des entreprises, à la promotion de partenariat avec les entreprises européennes, au développement de la certification-accréditation et normalisation-qualité et à la mise en place d’un mécanisme de financement de la restructuration des entreprises industrielles. Sur un autre plan, et en vue de soutenir une croissance économique élevée et de renforcer le niveau des investissements, la réforme du secteur financier a été accélérée avec les mesures visant à libérer des ressources supplémentaires au profit des entreprises. Les actions menées dans ce cadre ont porté sur la mise en place d’un marché de change, la restructuration du secteur des assurances, l’élaboration d’un programme d’action en vue de développer l’épargne institutionnelle. Par ailleurs la réforme de la bourse des valeurs de Casablanca a été parachevée par l’amélioration de la transparence de la sécurité et de la liquidité du marché des capitaux. Grand est notre espoir pour qu’à l’avenir le ministère des Finances et le groupement des banques révisent à la baisse le taux d’intérêt appliqué aux crédits, particulièrement en faveur des petites et moyennes entreprises.

Cher peuple Toutes ces réformes ne sauraient, elles seules, accélérer le processus du développement s’il n’est pas tenu compte aussi de l’importance de la formation des ressources humaines et du rôle vital que joue pour l’économie nationale la qualité des infrastructures de communication. S’agissant de la formation des hommes, tu sais à quel point Nous sommes préoccupé par l’état de notre système d’enseignement qui, faute d’adaptation urgente aux besoins de notre époque, risquerait de constituer notre principal handicap dans la compétition internationale.

Évalués en regard de ce que nous en attendions, ses résultats actuels sont loin de justifier l’effort qui est fourni pour l’assurer. A titre d’exemple, les trois niveaux de cet enseignement, dont les effectifs cumulés approchent les cinq millions d’inscrits, absorbent quelque 25% du budget général de l’Etat. Par ailleurs, pour les besoins d’accueil de l’enseignement fondamental et secondaire, il a fallu l’année dernière ouvrir 5.100 classes , soit la construction de près de quatorze salles par jour. Quant à l’enseignement supérieur, il suffit de rappeler que près de 65% des étudiants sont boursiers. En contrepartie de cet effort , la majorité de ceux qui terminent leurs études ne se retrouvent pas pour autant préparés à se lancer dans la vie active et productive.

Face à ce constat, on est amené à se demander dans quelle mesure les filières de cet enseignement, son encadrement et ses moyens de recherche sont encore adaptés aux besoins du développement national ? Une telle situation , dont les dangers sont évidents, risque de transformer le Maroc, dans quelques années, en pays sous-développé. Aussi , avons -Nous pris la décision de constituer, sous Notre égide , et dès le lendemain des élections générales, une commission nationale restreinte formée de députés, de ministres et d’un groupe de professeurs et de formateurs pédagogues, avec mission de se pencher sérieusement, je dis bien sérieusement, sur l’état de l’enseignement et de la formation professionnelle et de procéder à son diagnostic dans le détail.

S’agissant par ailleurs de la mise à niveau de nos infrastructures de communication - les questions d’ordre matériel étant des plus simples -, il est à noter qu’une première tranche du programme de 1000 km d’autoroutes a été réalisée par l’inauguration du tronçon Rabat-Larache en juin dernier. Cette tranche sera poursuivie vers Tanger et devra être terminée dans les deux années à venir. Pour ce qui est des autres projets, le tronçon Rabat-Fès de l’autoroute de l’Est sera achevé l’année prochaine, tandis que dès cette année, sera lancée l’autoroute du Sud, à la fois par Settat et par El Jadida. Quant à l’infrastructure portuaire, elle est en cours d’extension par la réalisation à Dakhla du plus grand port de pêche du Royaume et par la concession du port de Tanger-Atlantique à une société privée. Dans le domaine de l’énergie, le programme mis en oeuvre pour le redressement de l’ONE permet d’ores et déjà d’assurer la satisfaction des besoins nationaux et d’éviter toute nouvelle crise de délestage électrique . Bientôt, une station thermique sera mise en production à Jorf Lasfar, et il en sera de même d’un parc éolien à Al-Koudia Al-Baida, dans la région de Tétouan. Par ailleurs, la forte pluviosité que le Maroc connait depuis deux ans, fait que la production hydroélectrique a atteint sa pleine capacité, illustrant la pertinence de la politique des barrages que nous avons mise en œuvres, et dont les effets sont également heureux pour l’agriculture, tant en période de sècheresse qu’en saison pluvieuse .

Dans le domaine des télécommunications, une réforme du cadre institutionnel régissant ce secteur s’avère incontournable, en raison des exigences de la libéralisation accrue de l’économie mondiale d’une part, et de l’évolution rapide des technologies d’autre part. En effet , pour pouvoir s’intégrer à cette économie, il est nécessaire de recourir à des réseaux performants qui requièrent des investissements au-delà des possibilités de l’Etat. D’ou l’impérieux besoin de faire appel aux initiatives privées pour relayer l’effort du secteur public, tout en veillant évidemment à soumettre au pouvoir régulateur d’une autorité gouvernementale des activités des opérateurs privés qui auront été agréés.

Cher peuple, Quel que puisse être notre désir ardent de voir le Maroc s’intégrer avantageusement dans l’économie de marché, nous ne dérogerons jamais à notre credo intangible que l’homme est la finalité du développement. Notre hâte à domestiquer le progrès n’a pas pour but le profit, mais la prospérité, c’est-à-dire un bien vivre assuré à tous les habitants de ce pays béni. Certes, il y a bien un déficit social frustrant dû, entre autres facteurs, au décalage entre le rythme de la progression démographique et celui de la croissance économique. Mais maintenant que l’édifice politique est en place, et que les mesures de mise à niveau de l’économie ont été prises, le social passe tout naturellement en première priorité.

Déjà, grâce à la politique de concertation entre et avec les différents partenaires sociaux, il a été possible de convenir d’un programme d’action portant sur les libertés syndicales, la protection sociale, la couverture sanitaire, et la mise en fonds commun des moyens de l’administration, des employeurs et des salariés pour la construction de logements sociaux.

Ce programme porte aussi sur la révision des salaires et la lutte contre le chômage, cette plaie des temps modernes. Dans cet esprit aussi des consultations sont actuellement en cours avec les organisations professionnelles, les employeurs et les salariés au sujet du code de travail.

Dans le même ordre de préoccupations, des mesures ont été prises pour faciliter l’accès à l’emploi et ce, tant par l’élargissement de la formation professionnelle que par sa décentralisation. A cet effet il a été procédé à la révision des programmes de technologies à l’implantation de nouvelles structures dans les zones rurales et à l’implication de l’entreprise dans le projet de formation professionnelle alternée. L’expérience mise sur pied pour transférer progressivement des établissements de formation supérieure à des associations professionnelles s’avérant prometteuse, il convient de l’encourager. De même est-il important que les entreprises s’impliquent davantage dans la formation continue d’autant que l’Etat a pris soin de leur assurer une aide financière à ce titre. D’autre part, attentif au sort de nos campagnes et à ceux nombreux de nos fidèles sujets qui y vivent nous avons engagé une politique de promotion multisectorielle du monde rural. Notre objectif est d’arrimer la campagne au train du progrès et de parer ainsi à toute menace de voir l’écart se creuser entre elle et la ville. C’est dans ce cadre qu’ont été lancés entre autres, les projets d’électrification et d’alimentation en eau potable, les villages de pêcheurs, les routes rurales, ainsi que le recensement général de l’agriculture.

D’autre part, avec l’irrigation de 93.000 hectares programmée au titre de l’exercice 1996-1997, l’objectif d’un million d’hectares que nous nous sommes fixé au moment du lancement de la politique des barrages, sera atteint. Enfin dans ce même cadre de promotion s’inscrivent aussi les grands programmes de revalorisation intégrée, que ce soit en faveur de nos provinces sahariennes, de nos provinces du Nord ou des treize provinces qui méritent le plus notre sollicitude et qui sont à ce titre concernées par le premier programme de priorités sociales.

Cher peuple, Les accords signés l’année dernière avec l’union européenne ouvrent devant nos producteurs et nos hommes d’affaires des perspectives qui peuvent se révéler déterminantes pour la reconversion et la modernisation de notre potentiel économique. Mais pour en tirer le meilleur parti, il faut régulièrement les soumette au test de l’évaluation pour s’assurer de la réciprocité réelle des avantages qui en sont tirés par chacune des parties contractantes. Il faut surtout ne pas oublier qu’ils ne constituent qu’une phase transitoire avant l’épreuve de l’incorporation du Maroc dans une zone de libre-échange, aux côtés de plusieurs partenaires à la puissance économique autrement plus grande que la sienne. Il convient donc de tout mettre en œuvre dès à présent pour pouvoir affronter cette échéance avec les meilleurs atouts.

Mais quelle que puisse être la part de nos échanges réalisée avec l’union européenne nous ne devons pas perdre de vue qu’il y a d’autres zones qui deviennent accessibles aux produits marocains. Déjà avec l’Amérique du Nord notamment les Etats Unis les perspectives s’annoncent prometteuses grâce à une meilleure focalisation de nos rapports avec ce pays sur le domaine économique. La même tendance est également perceptible chez plusieurs pays latino-américains, ce qui implique pour nos opérateurs et nos représentations d’être plus actifs qu’ils ne l’ont été jusqu’à présent. Le même effort devra également être accompli en direction de la zone sud-est asiatique dont les hommes d’affaires et les investisseurs ont déjà pris pied au Maroc, ou l’ont à tout le moins, inscrit sur leur agenda de prospection.

Il y a aussi la possibilité d’avoir avec la zone de l’AELE et les PECO une coopération institutionnalisée et il convient d’exploiter cette possibilité de façon déterminée. Les démarches entreprises actuellement dans ce but doivent donc être menées rapidement à bonne fin. S’agissant du marché arabe qui s’inscrit tout naturellement dans notre espace physique et historique, on doit admettre qu’il est insuffisamment prospecté par nos opérateurs économiques. Or, outre sa surface commerciale importante, il est également fournisseur de capitaux à la recherche de projets réalisables qu’il convient de savoir attirer à cette fin, les missions qui ont été dépêchées dans les pays du Golfe n’ont pas manqué de susciter l’intérêt des milieux d’affaires et les résultats qu’elles ont obtenus s’annoncent très prometteurs.

Dans le cadre des grandes commissions maroco-tunisienne et maroco-libyenne au niveau des Premiers ministres, un nouvel élan a été donné à la coopération bilatérale. A ce propos, est-il besoin de rappeler qu’il n’est d’autre alternative pour les pays maghrébins que de coopérer, faute de quoi ils se trouveraient bientôt en marge d’un contexte international dominé essentiellement par les unions économiques et les réseaux scientifiques ? 11 est donc impérieux pour nos pays, en plus de l’intensification des échanges proprement dit, de rattraper au plus vite leur retard économique et technologique en constituant en fonds commun leurs possibilités de savoir-faire et de ressources. En effet, vu la faiblesse des moyens de chaque pays considéré séparément, ce n’est que par le parti qu’ils sauront tirer de leur complémentarité qu’ils pourront de concert accompagner le progrès et participer à l’innovation.

Cher peuple, Le Maroc a été, tout au long de l’année écoulée, un pôle d’attraction pour d’éminents visiteurs et une plaque tournante pour de fructueuses consultations diplomatiques. C’est là un privilège qui te fait honneur et dont tu peux légitimement tirer fierté. En effet, ni craint pour sa puissance, ni convoité pour sa richesse, ton pays n’a mérité le rang distingué qu’il occupe que grâce aux valeurs dont il se réclame, et qu’il n’a jamais cessé de défendre sans la moindre compromission. C’est son attachement constant aux principes du droit international, son action inlassable en faveur de la paix et sa loyauté envers ses partenaires qui lui valent aujourd’hui d’être la voix écoutée partout et par tous. Fidèle donc à nos principes, Nous nous sommes attaché en 1996 à ce que le Maroc soit présent à tous les forums où se dessine l’avenir de l’humanité et se consolide la coopération internationale, par ailleurs, en Notre qualité de Président en exercice de l’Organisation de la Conférence Islamique, Notre préoccupation constante et prioritaire à continuer d’être la coordination de l’action des institutions islamiques visant à donner une meilleure image de l’lslam pour rassurer ses amis et confondre ses contempteurs. Nous avons également encouragé les initiatives tendant à favoriser la coopération économique et culturelle entre les Etats membres. Poursuivant la politique de la main tendue qui est la nôtre, Nous avons eu la joie de recevoir l’an dernier bon nombre de nos frères les chefs d’Etats africains avec lesquels nous nous sommes concertés sur les questions d’intérêt commun, dans un esprit constructif et empreint du sens de la solidarité. Nous n’avons pas manqué, de notre côté, de dépêcher plusieurs missions auprès d’autres dirigeants du continent pour élargir et varier la coopération de notre Royaume avec leurs capitales respectives.

Par ailleurs, la visite officielle que nous a rendue le Président de la République d’Argentine, S.E. Carlos Saul Menem, a constitué un moment fort dans les relations politiques très actives que le Maroc a développées l’année dernière avec les pays d’Amérique Latine. Nous veillerons à ce que l’élan ainsi pris soit soutenu avec cette région qui partage avec le Maroc de multiples similitudes et nourrit les mêmes espoirs que lui en le développement de la coopération Sud-Sud. Dans le même contexte, Nous avons eu le plaisir de recevoir S.E. M. Helmut Kohl, le deuxième chancelier de la République fédérale d’Allemagne à visiter officiellement le Maroc. Nous avons reçu aussi le Président du gouvernement espagnol S.E. M. José Maria Aznar, venu à Rabat pour une visite de travail. Nous avons pu ainsi relancer la dynamique de la coopération et de dialogue dont nous avons fait une politique constante entre notre Royaume et le Royaume ami d’Espagne. Le voisinage entre les deux pays leur impose, en effet, d’élever leurs relations au niveau d’excellence auquel aspire chacun des deux Royaumes. Répondant à l’invitation de notre grand ami S.E. le Président de la République française, Monsieur Jacques Chirac, Nous avons effectué une visite d’Etat en France où il Nous a été donné d’apprécier la chaleur des sentiments et la solidité des liens exceptionnels qui unissent nos deux Nations. Nous avons pu, à cette occasion, constater combien sont identiques les points de vue du Maroc et de la France au sujet des grandes questions de l’heure.

S’agissant du processus de paix au Moyen-Orient, nous partageons les mêmes préoccupations avec tous nos amis les chefs d’Etat avec lesquels Nous avons eu l’occasion d’aborder cette question. Au premier rang de ceux-ci, notre grand ami S.E. le Président Bill Clinton qui, abordant son nouveau mandat, fort de l’adhésion du peuple américain à sa politique, se trouve être l’un des mieux à même d’agir pour remettre ce processus dans le sens qui lui a été défini par les accords conclus à Madrid, Oslo et Washington.

Cher peuple, Nous avons, de tout temps, été de ceux qui prônent la paix. Depuis plus d’une vingtaine d’années, nous n’avons cessé de mobiliser tous nos efforts pour faire assoir cette paix dans la région, exprimant à chaque occasion notre conviction avec toute la franchise et le courage nécessaires. Notre action en faveur de la paix n’est motivée, ni par une parcelle de territoire à libérer, ni par une rectification de frontière avec Israël, ni encore moins par le partage d’un cours d’eau. Notre appel a toujours été un appel vertueux et désintéressé en faveur de la paix, l’appel de celui qui croît que, de par les ressources humaines et naturelles dont Dieu a pourvu cette région, et de par aussi son patrimoine religieux, culturel et civilisationnel, elle est la plus fondée au monde à vivre en sécurité dans le cadre d’une paix que nimbe l’esprit des trois religions célestes.

L’accord sur Al-Khalil a représenté pour nous une lueur d’espoir pour sortir du tunnel où la situation est demeurée bloquée durant plusieurs mois. Mais nous n’avons pas tardé à être surpris par la reprise de la politique de colonisation, reprise menée de manière à irriter les esprits et les sentiments et, partant, non propice à l’instauration de la confiance et de la sérénité qui doivent présider aux rapports entre les parties en négociation. Or, il est évident que la paix ne se construit pas là où persistent les sentiments de la frustration, de la haine et de la peur.

Cher peuple, Quand Dieu nous a confié la mission sacrée de veiller sur tes intérêts, nous nous sommes engagé à garantir ce que tu as de capital : l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Pour les défendre, nous avons toujours choisi la voie de la persuasion. En ce qui concerne notre intégrité territoriale, nous avons toujours recouru aux règles du droit international, et ce, de préférence à tout autre mode de règlement des contentieux. C’est également cette voie que nous avons proposée à l’Espagne pour le retour à la mère patrie des villes de Sebta et Mélillia. Nous sommes persuadé que la sagesse finira par prévaloir car, quand bien même on tenterait de falsifier l’histoire, on ne pourra jamais modifier la géographie, ni prendre le cours du temps à rebours pour aller vers l’anachronisme des époques révolues.

Par ailleurs, durant l’année écoulée, nous n’avons pas manqué de te tenir régulièrement informé de nos efforts tendant à faciliter l’application du plan des Nations Unies relatif à l’organisation d’un référendum dans nos provinces sahariennes. Ces efforts n’ont négligé aucune possibilité qui eut pu accélérer les opérations d’identification et la mise en œuvre rapide de ce plan. Malheureusement, aux initiatives manifestant la bonne volonté du Maroc, l’autre partie a surtout opposé tergiversations, atermoiements et une implacable obstination à faire échec à toute évolution vers le règlement définitif de ce problème artificiel. En tout état de cause, et comme nous l’avons fait savoir à plusieurs reprises, le Maroc continuera à maintenir la porte ouverte. Il adhère sans réserve au plan arrêté par le Conseil de sécurité, et se tient prêt à coopérer dans ce cadre loyalement et activement. Rien ne saurait le détourner de son objectif qui est de faire échouer toutes les tentatives visant à entamer sa sérénité. A l’écoute de tous ses enfants, il sait que l’essentiel de leurs préoccupations, qu’ils soient au Nord ou au Sud, est de continuer à construire leur avenir, fiers de la nation qui les enveloppe en son sein, et qui sait à l’occasion se montrer clémente et miséricordieuse.

Cher peuple, En t’exposant tout ce qui a retenu notre attention ou ce qui a constitué le fruit de nos efforts constants, nous rendons grâce à Dieu d’avoir doté le Maroc, à chacune des étapes de sa riche Histoire et à chacun des tournants de cette glorieuse Histoire, de grands hommes et de fils fidèles et dévoués à cette patrie qui ont répondu aux exigences de ces étapes, à travers leur conduite et leur action militante, en consentant généreusement de grands sacrifices et en livrant des combats héroïques. Des hommes qui ont été au rendez-vous avec l’histoire nationale, pour œuvrer à la pérennité de ta personnalité et de ton identité, à la défense de ton unité, sous la conduite des grands souverains, dirigeants éclairés, bâtisseurs des épopées et défenseurs de la patrie qui se sont succédés sur ce glorieux Trône.

Notre regretté père, feu Sa Majesté Mohammed V, que Dieu ait son âme, père de la Nation et héros de sa libération, était au premier rang de ces hommes qui étaient au rendez-vous avec l’Histoire contemporaine du Maroc, pour opérer ce changement profond, à travers leur combat pour la libération et leur mobilisation pour une nouvelle œuvre d’édification. C’est ainsi que son mémorable souvenir continue de nous accompagner à chaque instant de notre vie. De son combat et de sa foi, nous nous inspirons pour réaliser toutes les œuvres auxquelles il aspirait. Nous implorons le Très Haut de l’entourer de Sa Miséricorde et de l’accueillir parmi les Saints, aux côtés des Prophètes et des Vertueux.

Nous nous remémorons, à cette même occasion, le souvenir des martyrs qui ont consenti tous les sacrifices pour ta libération, et ont fait don de leur vie pour ton indépendance et ta souveraineté. Puisse Dieu leur accorder sa clémence et sa miséricorde. Nous rendons également un vibrant hommage et exprimons notre considération à nos Forces Armées Royales, aux forces de la Gendarmerie, de la Sûreté nationale et aux Forces auxiliaires, qui veillent sur ta quiétude et ton invulnérabilité, défendent nos provinces du Sud contre toute agression et protègent chaque pouce de notre territoire national. Nous leur exprimons toute notre bienveillance et louons leur sens de la discipline et le noble esprit qui les anime. En ces moments pleins d’enseignements symbolisant la foi et la fidélité, nous implorons le Tout Puissant de perpétuer entre nous les liens d’affection, d’entente et de symbiose, de guider nos pas, de couronner de succès nos actions pour la réalisation de tes aspirations, cher peuple, à des lendemains meilleurs et à une vie digne et paisible, et de nous assister dans la défense de ton unité, de ta souveraineté et de ton invulnérabilité.

Puisse Dieu faire de notre attachement à notre religion un gage contre toute déviation et un rempart nous préservant de toute division et de toute divergence. Puisse-t-il purifier nos âmes pour que les idéaux suprêmes prévalent, par la grâce de Dieu sur les intérêts étroits (Coran)."

03/03/1997

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