La Cour de révision rejette la demande d’Omar Raddad

21 novembre 2002 - 16h21 - France - Ecrit par :

Omar Raddad est bien le meurtrier de Ghislaine Marchal, a jugé mercredi la Cour de révision, en rejetant la requête déposée par la défense du jardinier marocain, condamné à 18 ans de réclusion pour le meurtre de sa patronne, crime pour lequel il a toujours clamé son innocence.

"Je vais combattre jusqu’à la fin de ma vie", a réagi Omar Raddad en apprenant la décision dans le bureau de son avocat aixois, Me Jean-Louis Keita. "Pour moi, en France, a-t-il dit, il n’y a pas de justice, il y a une injustice".

Cette décision ne remet cependant pas en cause la grâce partielle et la libération conditionnelle dont a bénéficié Omar Raddad en 1998.

"La vérité se fera pour un petit jardinier contre des gens de la haute société, protégés par des gens extrêmement influents", a indiqué de son côté Me Jacques Vergès, l’autre avocat d’Omar Raddad.

La défense devrait engager une procédure devant la Cour européenne des droits de l’Homme.

Conformément aux conclusions développées par l’avocat général Laurent Davenas lors de l’audience du 17 octobre, la Cour a estimé qu’aucun des cinq arguments avancés par la défense d’Omar Raddad ne pouvait être considéré comme "un élement nouveau de nature à faire naître un doute sur la culpabilité", comme l’exige la loi.

La Cour de révision a jugé que la victime était "bien l’auteur des inscriptions" ("Omar m’a tuer") en s’appuyant sur le dernier rapport d’expertise qui "n’exclut pas que Ghislaine Marchal soit l’auteur des inscriptions incriminées mais estime qu’il est impossible de l’affirmer ou de l’infirmer".

La Cour relève aussi que la découverte, lors d’un examen à la lumière rasante, de la "présence de caractères évanouis" sous les inscriptions visibles est "loin d’accréditer la thèse d’un scripteur autre que la victime (et est) propre à établir que celle-ci était bien l’auteur des inscriptions".

Concernant les trâces d’ADN, n’appartenant pas à Omar Raddad, trouvées sur les portes sur lesquelles se trouvaient les inscriptions, la Cour de révision a jugé qu’il s’agissait d’un élément nouveau, mais, a ajouté qu’il ne faisait pas naître de doute puisqu’il était "impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomittant, ou postérieur au meurtre ces traces ont été laissées".

Dans sa décision, la Cour a également méticuleusement rejeté les autres arguments soulevés par Jacques Vergès, comme la contestation de l’heure de la mort, la mise en cause de la femme de ménage et du fils de la victime, Christian Veilleux, et la possibilité de barricader de l’extérieur la porte de la cave où le corps de la victime a été découvert.

De son côté, l’écrivain et académicien Jean-Marie Rouart, qui fait depuis plusieurs années campagne en faveur de l’innocence d’Omar Raddad, a estimé que "l’opinion avait instinctivement le sentiment qu’il y avait une erreur judiciaire" et qu’il "fallait refaire le procès".

L’avocat de Christian Veilleux, Me Georges Kiejman, a souligné "la clarté de la décision", et s’est déclaré "content que le dernier mot -car j’espère que ce sera le dernier mot- revienne à des juges après plusieurs années où beaucoup a été fait pour manipuler les médias".

Me Kiejman a également estimé qu’avec cette décision "toutes les prétentions et les affabulations qui ont été accumulées par les défenseurs, qu’ils soient avocats, écrivains, journalistes, voire académicien, seront définitivement oubliées".

Enfin, Christian Veilleux a seulement indiqué que "cette décision, c’est avant tout la reconnaissance du courage qu’a eu ma mère dans ses derniers instants".

AFP

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