C’est lui qui avait instruit, de manière discutable, l’affaire Marshal et envoyé Omar Raddad en prison. Ce vendredi 29 octobre, c’était à son tour de comparaître devant les juges : ses pairs du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) l’ont mis à la retraite d’office, à 54 ans. Jusqu’à l’âge légal de la retraite, il ne percevra aucun traitement. Il a décidé de faire appel tandis que la chancellerie aurait souhaité une sanction supplémentaire, voire la révocation pure et simple.
Les conclusions du CSM, elles, sont sans appel. Le juge Renard a « perdu les repères éthiques indispensables à l’exercice des fonctions de magistrat en même temps que tout crédit à l’égard des justiciables ».
Le juge Renard, qui a été doyen des juges d’instruction de Nice de 1992 à 2002, période au cours de laquelle il a envoyé Omar Raddad en prison, a été accusé de « manquements graves et répétés à ses devoirs de magistrat », de « perte complète des repères déontologiques », à la faveur de ses liens supposés avec des personnes soupçonnées d’être liées au crime organisé. Plusieurs indices laissent croire qu’il est intervenu en leur faveur ou qu’il a tenté de le faire. Omar Raddad, reconnu coupable à l’issue d’une instruction discutable, avait été curieusement condamné à 18 ans de réclusion, comme si les juges gardaient un doute sur sa culpabilité. Il a été libéré en 1998, après une grâce partielle accordée par Jacques Chirac. Jusqu’à présent, sa culpabilité est l’objet de doutes sérieux. La « perte de repères éthiques » de la part du juge d’instruction de l’affaire pourra-t-elle relancer les demandes en révision du procès Raddad ?
La Vie Economique
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