Au Maroc le prix affiché est rarement le prix à payer

7 septembre 2007 - 00h47 - Economie - Ecrit par : L.A

Si vous comptez manger dehors, prenez avec vous un peu plus d’argent que nécessaire, ou bien votre carte de crédit. Car les prix indiqués sur la carte ne sont pas forcément ceux que l’on vous réclamera à la fin du repas. À moins que vous ne préfériez faire la vaisselle… !

Sur le menu d’un restaurant asiatique à Casablanca, on propose une brochette de poulet caramélisé à 25 DH. Au moment de passer à la caisse, surprise ! C’est plutôt 49 DH que le client devra débourser pour ce plat. « Les prix ont changé », obtiendra-t-il pour toute réponse. Un peu plus loin, une chaîne libanaise affiche sur son menu que le prix d’un sandwich, accompagné de frites, est de 27 DH. Une note au bas du menu spécifie même que « tous les plats sont servis avec des frites ».

Malgré cela, c’est « tout nu » que vous sera servi votre sandwich à la kefta. Où sont les frites ? « Désolé, il faut payer un supplément », vous répondra le serveur. Tant pis ! La prochaine fois, vous rentrerez manger à la maison. Le lendemain, fort de votre résolution, vous partez faire vos courses au supermarché. Vous achetez une boîte de céréales, soldée à 30 DH (elle en coûte habituellement 45). À la caisse, on vous facture le prix régulier. Vous protestez et, à bout de nerfs, exigez de voir le patron. Gentiment, il vous expliquera qu’un employé avait tout simplement oublié d’enlever l’étiquette de solde sur le rayon. C’est donc 45 DH ou rien.

Ce genre de situation est malheureusement assez fréquent au Maroc. On le sait : la loi sur la protection du consommateur tarde à être adoptée. Mais en attendant, quels sont les recours qui existent ? À l’évidence, les prix affichés doivent être ceux appliqués, car le menu tient lieu, dans le cas de la restauration, de contrat. Si ce n’est pas le cas, « cela s’apparente à de la publicité mensongère et à une imperfection de la vente pouvant ouvrir un recours », explique Me Mehdi Diouri, du cabinet éponyme. Le client qui s’estime lésé doit faire constater la différence entre le prix affiché et celui pratiqué par un huissier de justice. « Cela permet ensuite d’intenter une action en justice ».

Le problème, c’est que personne, ou presque, n’est prêt à se présenter devant la Cour pour une portion de frites. « Certains clients décident d’aller jusqu’au bout par principe, mais c’est très rare », concède Me Diouri. Dans la situation actuelle, et sans loi pour protéger le consommateur, les recours sont donc très limités. Le projet de loi, une fois adopté, devrait accroître le pouvoir des associations de consommateurs. Dans de nombreux pays occidentaux, celles-ci peuvent carrément faire de la représentation en justice, et sont à l’origine de nombreux recours collectifs.

Mais attention ! Il ne faut pas croire que le Maroc est le seul à traîner la patte, lance l’avocat. « Même en France, les recours collectifs des consommateurs viennent à peine d’être acceptés par les juridictions compétentes ».

L’Economiste - Marie-Hélène Giguère

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